Inauguré fin 2015, le Shopping Innovation Lab de Lille aide les commerçants à développer de nouveaux produits et services en partant des besoins des utilisateurs. Visite guidée.

 

C’est un espace de 800m2 sur plusieurs étages, inauguré fin 2015 sur le site d’Euratechnologies à Lille, pour accélérer l’innovation dans le commerce. Marques et distributeurs piochent ici des idées pour tester et développer de nouveaux produits et services, réinventer des parcours clients ou améliorer la performance de leurs magasins, qu’il s’agisse d’encaissement rapide, de gestion des stocks et des prix ou d’outils conçus pour les vendeurs. Son nom : Shopping Innovation Lab (Silab). « Toute nouvelle technologie susceptible de s’appliquer aux métiers du commerce a vocation à intégrer ce laboratoire », explique Jean-Michel Flamant, directeur de développement du Silab. L’équipement le plus spectaculaire est le Cave, une salle de réalité virtuelle en immersion susceptible de recréer un rayon de supermarché. Enseignes de distribution et marques l’utilisent pour valider une PLV ou concevoir et évaluer des concepts de merchandising dans les rues des centres-villes ou les aéroports. La solution retenue (Perfect Shelf, de Dassault Systèmes) est un logiciel simple à utiliser. Les équipes peuvent ainsi travailler directement sur leur projet, sans avoir à recourir à un expert.

Muni de casques 3D, les professionnels se mettent à la place du consommateur. C’est aussi tout l’intérêt du «laboratoire d’usages», un espace où les projets sont conçus et leurs dispositifs testés, notamment au moyen de capteurs qui suivent le regard des utilisateurs mesurent et analysent leurs réactions avec des spécialistes en science cognitive. «Nous sommes à la recherche de protocoles pertinents pour intégrer une dimension émotionnelle», glisse Jean-Michel Flamant. Une fois le projet validé, des plateaux d’expérimentation invitent à prototyper l’expérience.

Parmi les projets déjà réalisés figure Choose, des chaussures connectées conçues par Éram, qui changent de couleur pour s’adapter à la tenue du jour. Elles devraient être bientôt commercialisées. Un autre prototype développé par Leroy Merlin permet de concevoir une salle de bains. Le client utilise des briques, sortes de Playmobil représentant la baignoire, la douche, les toilettes. Il les positionne sur un plan. Une application reconnaît alors le mobilier et le reproduit en 3D, en fonction de la couleur choisie, sur l’écran d’une tablette. De quoi visualiser immédiatement le rendu et modifier la configuration à loisir en bougeant les briques. Le projet doit arriver prochainement en magasin et aider à l’aménagement des cuisines et des abris de jardin.

 

 

Le shopping Innovation Lab dispose également d’un espace magasin équipé de technologies dernier cri : étiquettes électroniques, «Li-fi» (transmission de données numériques par la lumière), reconnaissance faciale, lunettes à réalité augmentée, projecteur holographique, caméra 3D pour observer le comportement d’un chaland devant une vitrine, géolocalisation, etc.

Enfin, le laboratoire consacre un espace à la maison. Reconstituant un appartement, il simule la vie domestique à l’heure des objets connectés. C’est l’espace le moins abouti même si certaines innovations retiennent l’attention.

WL Connected Kitchen, un outil imaginé par Wordline permet ainsi de préparer ses courses soit en scannant le code-barre du produit qu’on vient de finir soit via une solution dictée. Des suggestions sont également faites, un pack d’eau plutôt qu’une bouteille, par exemple. Le projet est en test chez Carrefour Belgique ; en France, Intermarché et Metro se sont montrés intéressés. Une solution qu’Amazon propose déjà aux États-Unis. «D’autres outils vont être intégrés, promet Jean-Michel Flamant, car les commerçants sont appelés à devenir des fournisseurs de services et de solutions.» Solutions consistant à imaginer de nouvelles manières d’écouler leurs produits, via des réfrigérateurs ou des placards connectés qui se remplissent automatiquement, par exemple.

 

«D’autres outils vont être intégrés, promet Jean-Michel Flamant, car les commerçants sont appelés à devenir des fournisseurs de services, de solutions.» Solutions consistant à imaginer de nouvelles manières d’écouler leurs produits, via par exemple des réfrigérateurs ou des placards connectés qui se remplissent automatiquement. «Demain, les distributeurs seront des majordomes de la vie quotidienne, renchérit Patrick Brunier. Le Silab les accompagne dans cette évolution qui suppose de développer de nouvelles chaînes de valeur. L’innovation, c’est la convergence de nouvelles solutions technologiques et des mutations socio-économiques du consommateur. Notre rôle est d’appliquer ce filtre aux innovations purement technologiques pour s’assurer qu’elles ont une vraie valeur d’usage.»

 

Cécile Moraux, directrice des systèmes d’information de Leroy Merlin (groupe Auchan, également au capital du Silab) dit apprécier disposer d’un espace qui «met en scène les applications du digital pour les métiers du commerce» et pointe une démarche complémentaire à celle du département R&D d’Auchan: «Le parcours client est de plus en plus complexe, l’approche par les usages permet de se projeter dans le futur. Nous sommes très intéressés par les expérimentations faites dans des secteurs d’activités différents du nôtre car on ne consomme pas du bricolage comme de l’alimentaire ou du textile. La proximité historique des enseignes dans le Nord favorise ce type d’initiative.» Collaboratif, le Silab ? Oui et non. «C’est un laboratoire que l’on utilise comme on veut, seul ou avec des partenaires, précise Jean-Luc Souflet. Mais les moyens sont mutualisés.» Jean-Michel Flamant insiste aussi sur le fait que le centre de ressources est ouvert à tous les acteurs du commerce. Il fonctionne comme un consultant qui facture des prestations à la carte, en fonction des besoins de chaque entreprise. Deux structures œuvrent en coulisses. D’un côté, le Pôle de compétitivité des industries du commerce (Picom), en partenariat avec des groupes de grande distribution, des entreprises de technologie, des laboratoires de recherche et des institutionnels, détecte les signaux faibles, fait émerger des projets et aide à leur montage. De l’autre, le Silab mutualise des moyens pour leur mise en œuvre. De la première idée jusqu’au prototype opérationnel, il propose des compétences en design d’expériences et équipements technologiques de pointe pour expérimenter de nouveaux parcours clients. Une usine 3.0, société de droit privé (SAS), qui vise la rentabilité en 2018 et qui doit aider tout un secteur à faire face aux mutations profondes du commerce liées au numérique et aux changements d’usages.

 

 

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