Design
Alexandre Malval, directeur du style de Citroën (PSA), revient sur le design extérieur et intérieur des futures voitures Citroën, qui s’inspireront de la Cactus.

Est-ce que le design des voitures Citroën va évoluer avec le plan stratégique «Push To pass», qui prévoit 28 nouveaux modèles d'ici 2021 sur les trois marques du groupe PSA ?

Alexandre Malval. Non, mais ce plan va nous encourager à continuer à faire de Citroën une marque audacieuse. En termes de design, nous gardons un cap initié en 2014 avec le plan précédent «Back in the race».


En quoi consiste ce cap ?

A.M. Nous essayons d’imaginer des voitures sympathiques, modernes et impertinentes. Malgré des contraintes inhérentes au produit, liées à l’aérodynamisme et aux chocs, par exemple, nous essayons de leur donner des morphologies originales. Mais en fait, c’est dans l’ADN de la marque, depuis toujours, puisque les Tractions, 2CV et autres DS se distinguaient déjà de leurs contemporaines.


Aujourd’hui, quelle voiture incarne le mieux cet ADN ?

A.M. C’est le crossover C4 Cactus, sorti en juin 2014. C’est le début d’une histoire et la pierre fondatrice d’une stratégie qu’on construit en collaboration avec Xavier Peugeot [directeur produit Citroën]. Nous voulons dessiner des voitures qui se démarquent de la concurrence. Sans faire des clones de la Cactus, les prochains véhicules Citroën devront avoir une certaine homogénéité entre eux. Ce liant passera par le style de la voiture.


Plus précisément, par quoi cela se traduira-t-il ?

A.M. Au niveau du style extérieur, les surfaces devront être lisses et pleines, mais jamais lourdes. D’ailleurs, la carrosserie de la 2CV avait déjà cette rondeur. Mais pour en revenir à la Cactus, elle a un graphisme identifiable avec ses Airbump, ses jantes graphiques, un capot où dominent ses phares et non une calandre, une signature lumineuse fine et high-tech sur la carrosserie. Nous voulons que les lignes des voitures Citroën soient pures et simples. Cette offre alternative correspond aux automobilistes d’aujourd’hui. Ce qui nous importe, ce sont les attentes des clients et nous portons une attention particulière aux futurs automobilistes.


Selon vous, quelles sont justement leurs attentes ?

A.M. Les automobilistes d’aujourd’hui, et encore plus ceux de demain, ne recherchent pas forcément des voitures agressives et sportives. Par ailleurs, le mode de consommation de l’automobile a évolué ces dernières années, avec l’arrivée de services comme Uber, Blablacar ou Multicity [location de voitures entre particuliers]. À l’avenir, les véhicules seront de plus en plus partagés, ce qui remettra en cause certains paramètres, notamment en design intérieur. Il faudra plus de connectivité, mais aussi notamment de nouveaux matériaux autonettoyants.


En parlant de design intérieur, comment Citroën se démarque de ses concurrents ?

A.M. Je vais reprendre l’exemple de la Cactus, pour laquelle nous avons imaginé une planche de bord plus basse que ce qui se fait traditionnellement afin d’offrir plus d’espace. Au niveau des couleurs dudit tableau, nous proposons du gris clair, du violet ou du brun clair, là où les autres marques ne proposent que du noir. Dans nos voitures, les utilisateurs doivent avoir l’impression d’être chez eux plus que dans une voiture.


Quid de la technologie, promise par la signature «Creative technology» ?

A.M. C’est un dû aujourd’hui. Mais la technologie doit être mise au service de l’écologie, en produisant des voitures plus légères par exemple, et en proposant plus de services justement, avec notamment les écrans tactiles et les applications imaginées autour.


Qu’en est-il des voitures autonomes ?

A.M. Elles ne seront pas démocratisées avant 2020, voire 2025. Mais on s’interroge dès aujourd’hui sur la meilleure façon de s’approprier ces voitures autonomes, tout en leur appliquant la philosophie de confort, de modernité et d’originalité propre à notre marque.


Quel est le profil type du client de Citroën en général et de Cactus en particulier ?

A.M. Il est jeune, décontracté, ouvert d’esprit. Pour rouler en Cactus, il faut être disposé à assumer la nouveauté. Mais si la marque doit donner une certaine cohésion à ses véhicules, les curseurs doivent bouger selon les segments auxquels ils appartiennent. Ainsi, pour une voiture plus haut de gamme, il y a des fondamentaux de style à respecter, notamment au niveau des proportions. Pour une voiture plus petite, on peut se permettre de choisir des couleurs pop et flashy.


Quelle sera la prochaine voiture à incarner l’esprit Citroën ?

A.M. En amont du Mondial de l’automobile de Paris [du 1er au 16 octobre 2016], nous allons dévoiler la nouvelle C3. J’espère qu’elle sera la démonstration de cette famille qu’on construit, qu’elle sera aussi cool que la Cactus, tout en racontant une autre histoire.

Les équipes de style de Citroën

Situé à Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines, au sein de l’Automotive Design Network (ADN), le centre de design de PSA, l'équipe de style des voitures Citroën regroupe 90 personnes, dont 25 designers en extérieur, en intérieur et en couleurs et matières. Alexandre Malval, nommé directeur du style en 2012, chapeaute aussi deux équipes de moins de dix personnes chacune, l'une basée à Shanghai, en Chine, et l'autre à São Paulo, au Brésil. 


Après le «Back in the race», place au «Push to pass»

Un an tout juste après son arrivée à la présidence de PSA, Carlos Tavares a présenté, le 5 avril dernier, «Push to pass», le nouveau plan stratégique du groupe pour les cinq années à venir (2016-2021). Il remplace le plan «Back in the race», lancé en 2014. Du nom donné à ce petit bouton qui permet à certaines voitures de course de pousser leur limite pour dépasser un concurrent, ce nouveau plan doit permettre à PSA d'accroître ses bénéfices de 15 % et parvenir à 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

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