Vidéo
Le plus grand événement mondial consacré à la vidéo en ligne se tenait il y a quelques jours en Californie. L'occasion pour les géants du secteur de dévoiler leurs dernières innovations.

9h30, les portes de l’Anaheim Convention Center s’ouvrent. En ce jeudi 23 juin, une foule d'adolescents et de professionnels de la vidéo en ligne s'est déplacée dans cette ville de Californie pour participer à la deuxième édition du Vid Con. Bienvenue au plus grand événement mondial consacré à la vidéo en ligne. Au troisième étage, dans la salle de conférence de 3 000 places, les frères youtubeurs John et Hank Green («Vlog Brothers»), cofondateurs du Vid Con, lancent les festivités: «Le premier Vid Con avait rassemblé 1 500 personnes… Cette année, plus de 25 000 participants sont attendus», clame Hank Green sur scène. «La croissance du Vid Con reflète l’évolution de l’économie numérique en général, ajoute John Green. D'ailleurs l’événement va s'étendre à l'international.» Deux Vid Con supplémentaires verront le jour en 2017, à Amsterdam les 8 et 9 avril et à Melbourne les 9 et 10 septembre. Si de nombreux fans (adolescents) y viennent pour rencontrer leurs «créateurs» stars –comprendre youtubeurs, vineurs ou autres snapchatteurs… Il y a aussi des professionnels parmi les visiteurs car à la différence du salon Vidéo City à Paris (1), le Vid Con dévoile les dernières innovations des grands noms de cette industrie émergente: You Tube bien sûr, sponsor principal, ainsi que Facebook, Twitter, Snapchat ou Netflix. Mais des groupes de l'audiovisuel et du cinéma comme Century Fox ou Warner Bros étaient aussi présents à Anaheim. «Nous pensons la vidéo en ligne comme une industrie au même titre que la télévision», explique Benjamin Grubbs, en charge des top créateurs sur You Tube. Voilà quatre tendances à retenir de ce Vid Con 2016.



La vidéo domine le monde... du web  

La consommation de vidéos en ligne explose. Selon une récente étude de Cisco, la vidéo représentera 80% du trafic internet mondial en 2019. «Dans cinq ans, Facebook sera 100% vidéo», lançait avec provocation Nicola Mendelsohn, vice-présidente de Facebook EMEA, une semaine avant l’ouverture du Vid Con. Pour le seul mois de mai, le cabinet d'études de marché Tubular Labs compte 589 milliards de vidéos vues dans le monde, c’est-à-dire une hausse de 164% par rapport à l'année précédente. Logiquement, les plateformes de diffusion se multiplient. Pour Sarah Penna, fondatrice de Big Frame, agence marketing spécialisée dans les influenceurs, «cette prolifération est comparable à celle des réseaux sociaux en 2011».



Snapchat mène la danse

Le secteur évolue à grande vitesse, il est mouvant. Des plateformes qui émergaient à peine lors de la précédente édition du VidCon sont désormais incontournables. C’est le cas de Snapchat, devenu mastodonte. Non pas tant au niveau du nombre de vidéos vues par jour (10 milliards déclarées, soit environ autant que Facebook, probablement moins que You Tube qui ne communique pas ce chiffre), mais surtout qui est devenu le modèle à suivre, celui qui inspire les autres plateformes (lire page 25). Chaque innovation de l’application de partage de vidéos éphémères est scrutée et souvent copiée. À l’instar de Facebook qui annonce ouvrir son outil Live à la réalité augmentée via des filtres et des masques, grâce à la start-up MSQD acquise en mars dernier.

 

Les plateformes plébiscitent le «live»  

Le «live social » est devenu la priorité pour toutes les plateformes vidéo. You Tube lance (enfin) son application de live streaming, en concurrence directe avec le Periscope de Twitter et les Live Stories de Snapchat. «La particularité du live sur les réseaux sociaux, à la différence de la télévision en direct, c’est de donner le contrôle au spectateur, analyse Fidji Simo, directrice de la vidéo de Facebook. Il a le sentiment, grâce aux commentaires en temps réel, de pouvoir changer le cours de l’action. Cette notion d’engagement de l’audience est vraiment nouvelle.»



Les directs deviennent intelligents

«Couplé à la réalité virtuelle, le live pourrait dans les prochaines années être le premier pas vers… la téléportation, prédit pour sa part Antoine Gilbert, directeur de la stratégie de marque chez Twitter. Periscope permet de se “téléporter” dans le monde entier, grâce à l’outil cartographie, et d'obtenir un point de vue différent sur un événement, par exemple».

Les plateformes investissent beaucoup dans les outils d’intelligence artificielle pour gérer les flux. Twitter annonce ainsi le rachat de la start-up londonienne Magic Pony, spécialisée dans le traitement des images par une technologie fondée sur des algorithmes de machine learning. «Cette technologie va servir à nous renforcer dans le live de Periscope ainsi qu'à ouvrir de nouvelles possibilités créatives excitantes», s’est enthousiasmé Jack Dorsey, président-fondateur de Twitter, en amont du Vid Con.

Les plateformes sont engagées dans une course effrénée à l’innovation. «Et s’il ne devait en rester qu’une?», interroge Richard Greenfield, analyste médias et nouvelles technologies chez BTIG lors de la table ronde «Et maintenant? Prédictions pour demain». «Impossible, rétorque Kelly Peters, PDG du cabinet de conseil Beworks, chacune offre un mode de communication différent.» Réponse au prochain Vid Con qui devra faire mieux que l'édition 2016: en trois jours, il a rassemblé 17 000 fans, 3 000 professionnels et 5 000 créateurs.

You Tube bichonne ses créateurs

Les créateurs de vidéos en ligne sont le nerf de la guerre, pour toutes les plateformes. Le Vid Con a été l’occasion pour You Tube d’annoncer des mesures pour renforcer l’accompagnement et la protection des vidéastes. Les sept sites destinés aux youtubeurs ont été rassemblés en un seul, accessible dans vingt trois langues: le «Club Créa You Tube», entièrement repensé pour offrir un accompagnement totalement personnalisé, y compris par mail. Un système «pas à pas» qui s'adapte selon le nombre d’abonnés avec les statuts Graphite (de 0 à 1 000 abonnés), Opale (de 1 000 à 10 000), Gold, Diamant, etc. «C’est très important d’avoir de bonnes relations avec les créateurs car ils sont à l’origine de la majorité des vidéos diffusées sur la plateforme. Nous souhaitons qu’ils y trouvent une audience, qu’ils soient protégés et qu’ils puissent monétiser leur contenus dans les meilleures conditions possibles», insiste Susan Wojcicki, PDG de You Tube. De plus, avec son service payant You Tube Red lancé il y a un an, la plateforme offre désormais l’opportunité aux jeunes talents de s’essayer aux séries web avec des pros du cinéma, à l’instar de «Scare Pew Die Pie», mettant en scène le fameux youtubeur aux 45 millions d’abonnés, et réalisée par le créateur de «The Walking Dead».

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