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De la foire d'art contemporain et de design axée sur l'Afrique AKAA, en novembre, aux nombreuses galeries africaines invitées à l'Art Paris Art Fair au printemps prochain, la scène artistique africaine est à l'honneur en France. Petit aperçu de cette foisonnante créativité.

Loin des clichés sur un art contemporain africain qui excellerait dans la récup et ne serait jamais très loin de l'artisanat, la scène artistique du continent est riche d'expressions et d'univers attachés à une certaine africanité (plurielle) mais surtout soucieux de «s'insérer dans l'art contemporain universel», comme aime à le souligner le sculpteur sénégalais Ousmane Sow.

Un foisonnement créatif que la France, contrairement à la Grande-Bretagne et aux États-Unis, semble avoir découvert bien tardivement. Avec comme actes fondateurs, l'exposition «Les magiciens de la terre» en 1989 au Centre Pompidou et à la Grande halle de la Villette, et surtout «Africa Remix» en 2005 à Beaubourg. L'an dernier, «Beauté Congo. 1926-2015» à la Fondation Cartier a apporté sa pierre à l'édifice en proposant un panorama ambitieux sur la création à Kinshasa.

Ces prochains mois, l'art contemporain en Afrique va être particulièrement à l'honneur. Du 11 au 13 novembre au Carreau du Temple à Paris, «AKAA» (Also known as Africa) organisera sa première édition. Une foire d'art contemporain et de design centrée sur l'Afrique que sa fondatrice Victoria Mann souhaite résolument internationale avec 30 galeries de 11 pays. Du 30 mars au 2 avril 2017 au Grand Palais, Art Paris Art Fair, rendez-vous de l’art moderne et contemporain à Paris, fera pour sa part de l'Afrique son invitée d'honneur au travers d'une quinzaine de galeries.

Parallélement, une véritable saison africaine aura lieu au sein des institutions parisiennes au printemps prochain avec, entre autres, Soly Cissé au Musée Dapper, Myriam Mihindou à l’Appartement, «Metropolis Afrique Capitales–100%» à La Villette, «Posing Beauty in African American Culture» au Mona Bismarck American Center ou encore l'exposition de la collection d’art africain de Jean Pigozzi à la Fondation Louis Vuitton.

En préambule à ce feu d'artifice, voici une petite sélection d'artistes présentés à AKAA et au Art Paris Art Fair, dont la variété des modes d'expression et des univers illustre la richesse du chaudron créatif africain, plus que jamais source d'inspiration.

 

Billie Zangewa (galerie Afronova, Joburg/Art Paris Art Fair)

Au Art Paris Art Fair, Billie Zangewa, artiste sud-africaine née en 1973 à Blantyre, Malawi, présentera un ensemble de six tapisseries en soie. Elle a étudié la gravure avant de s'intéresser à la tapisserie et à la broderie sur soie. Elle recycle les chutes de soies pour créer des œuvres cousues et brodées de l’ordre de la tapisserie contemporaine. Ses récits quasi-cinématographiques sont figuratifs et inspirés des domaines de la mode et du graphisme avec des fragments de textes manuscrits tissés sur ces surfaces asymétriques.

 

Gareth Nyandoro (galerie Tiwani Contemporary, Londres/Art Paris Art Fair)

Gareth Nyandoro, artiste né en 1982 au Zimbabwe, est connu pour ses grandes œuvres sur papier qui débordent hors de leur cadre et intègrent les restes et les objets trouvés sur les marchés de Harare. À l’aide de lames tranchantes, il dessine en entaillant de grandes surfaces de papier, qu’il imprègne d’encre, et dont il retire la première couche. Seule l’encre enfermée dans les incisions reste visible. 

 

Namsa Leuba (galerie Art Twenty One, Lagos/Art Paris Art Fair)

Née en 1982 en Suisse, d’un père suisse et d’une mère guinéenne, Namsa Leuba vit et travaille à Lausanne. Arpentant la Guinée Conakry et l’Afrique du Sud, elle a assisté à diverses cérémonies religieuses. Celles avec lesquelles elle s’est sentie en résonance lui ont servi de base de travail, et ont conditionné le choix de ses modèles. Fascinée par les «fétiches» et leur charge mystique, elle tend à les désacraliser «en les immortalisant dans une composition à l’occidentale».

 

Dalila Dalléas Bouzar (galerie Cécile Fakhoury, Abidjan/Art Paris Art Fair)

La série «Princesse» de Dalila Dalléas Bouzar, née en 1974 à Oran en Algérie, propose une relecture de l’histoire à partir de clichés de femmes photographiées sans leur voile dans les heures sombres de l’histoire de l’Algérie. Son travail se veut une réinvention magnifiée de ces visages de femmes algériennes d’une autre époque. Peintes sur fond noir et mat, chaque portrait surgit en éclat pour révéler ses traits voluptueux, la fragilité des regards et ses signes singuliers. 

 

Girma Berta (Prix Getty Images en collaboration avec Instagram/AKAA)

Girma Berta est un artiste photographe et designer de 26 ans d’Addis-Abeba, Éthiopie. Son travail photographique inclut des découpes de photos de rues extraites d’images prises par téléphones mobiles qui sont ensuite isolées sur des arrière-plans crées numériquement. Son processus créatif, de la capture de l’image à son édition, est produit à partir de son téléphone portable.

 

Nobukho Nqaba (galerie Art Meets Camera, Le Cap/AKAA)

Artiste photographe, né en 1992 an Afrique du Sud, Nobukho Nqaba présente un travail en lien avec la consommation, notamment autour de ces fameux grands sacs en filet de plastique fabriqués en Chine. «Umaskhenkethe» est l’un des termes en langue Xhosa pour les désigner, il signifie littéralement «voyageur». Devenu le symbole des migrations, contraintes ou choisies, cet objet est aussi, dans son œuvre, la métaphore de la recherche d'une vie meilleure. 

 

Mohamed Baala (Galerie 127, Marrakech/AKAA) 

Artiste plasticien autodidacte, né à Casablanca en 1986, Mohammed Baala vit très tôt de petits boulots dans le souk des artisans de Taroudant avant de fréquenter le bazar touristique où il découvre la relation à «l’étranger». Il produit depuis –pour survivre– des objets souvent composés de «déchets» où les représentations de la figure du père, de la mère et de lui enfant reviennent de manière obsessionnelle sur des feuilles de Al Arabi, revue culturelle koweitienne. 

 

Cheick Diallo (exposition à l'espace Design d'AKAA)

Architecte de formation, ce Malien né en 1960 s'intéresse à l'artisanat de son pays et décide de former des jeunes dans le but de décloisonner les métiers et les savoir-faire. Une pratique militante qui donne vie, dans son atelier de Bamako, à des objets du quotidien faits de toutes sortes de matériaux (acier, papier, plastique, tissus...), très contemporains et loin de tout folklore. 

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