Alors que les utilisateurs de Facebook se connectent désormais en moyenne 55 minutes par jour, le rôle croissant des médias sociaux influe de plus en plus sur les activités de loisirs des internautes.

Minuit, 12 mai 2010. Près de 10 000 jeunes s'enivrent allègrement place Royale, à Nantes. Raison de ce rassemblement? Un apéro géant organisé via Facebook. Ce rendez-vous festif donne, parmi tant d'autres (100 000 «événements» sont créés en France chaque mois sur le réseau social), une idée du potentiel de mobilisation et de la place privilégiée qu'ont aujourd'hui les médias sociaux dans l'organisation des loisirs au sein de la société. Une étude Opinionway réalisée en novembre 2010 pour le compte du réseau de jeux vidéo Gamersband atteste l'ampleur de cette tendance.

L'étude démontre ainsi que les individus ayant la vie sociale la plus intense sont également ceux qui ont le plus recours aux sites communautaires et aux réseaux sociaux généralistes tels que Facebook, Twitter et My Space. Une confirmation plus qu'une révélation, pour Matthieu Dallon, cofondateur du site Gamersband.

«La technologie crée du désir», lance cet expert des jeux en réseau, pour qui la véritable évolution est à chercher dans la fin progressive de l'anonymat des échanges sur le Web. «Aux premières heures du jeu en ligne, c'était fantastique de se confronter à des Japonais et des Américains, poursuit-il. Aujourd'hui, les joueurs ont plutôt envie de devenir le champion de leur quartier. Nous prévoyons ainsi d'organiser 100 tournois dans 100 villes de France courant 2011.»

Les sites communautaires et les médias sociaux fourmillent de suggestions de loisirs. Profitant du mouvement, l'agence de presse Relax News, spécialisée dans l'actualité du secteur, a lancé en mai 2010 Relax Social Media, un service qui permet aux médias, aux marques et aux institutions abonnés d'alimenter quotidiennement leurs pages Facebook et Twitter avec de l'information loisirs. Un phénomène stimulé par les 3 milliards de photos chargées chaque mois sur Facebook – nourrissant au passage une forme de jalousie, voire, chez certains, un certain complexe.

Peter Young, professeur à Berkeley (États-Unis) et spécialiste des médias sociaux, veut y voir le «verre à moitié plein». Il envisage avant tout Facebook comme une «formidable source d'inspiration» et un «outil efficace d'organisation». L'application permettant d'organiser des événements via la plate-forme sociale fondée par Mark Zuckerberg connaît un succès considérable: 3,5 millions d'événements, publics ou privés, se créent ainsi chaque mois dans le monde. En France, on répertorie plus de 100 000 événements générés par mois. À la base du processus, la taille du réseau: 500 millions de membres actifs dans le monde, plus de 18 millions en France. [source à venir].

Instantanéité

Des mécanismes de diffusion ouverts et novateurs font de Facebook une forme évoluée et démultipliée du bouche-à-oreille. S'agissant des événements publics, le système d'invitation totalement libre transforme tout invité en ambassadeur potentiel. Un atout particulièrement décisif si l'on considère l'impact de la recommandation sur le Web. Mieux, un lien vers l'événement est automatiquement publié sur le profil de chaque participant mais aussi sur le fil d'actualité Facebook lorsqu'un ou plusieurs contacts y participent.

La possibilité d'adresser un message à l'ensemble des personnes sollicitées, même si elles n'ont pas répondu favorablement à l'invitation, ouvre de nouvelles voies en matière de communication numérique. En dépit d'une interface standardisée, qui ne saurait remplacer un site propre pour mettre en valeur une identité visuelle, la plupart des producteurs d'expositions, de concerts, de soirées, de festivals ou de films ont saisi l'intérêt de cet outil. Peter Young attribue quant à lui l'audience record du film Avatar«à l'écho produit par les réseaux sociaux plutôt qu'aux effets 3D vantés par James Cameron».

Dans un registre hybride où se côtoient fans et professionnels initiés, Twitter a pour lui la force de l'instantanéité. Une donnée qui s'est à nouveau vérifiée le 10 mars 2010 lorsque 10 000 «followers» new-yorkais se sont réunis en l'espace d'une demi-heure à l'angle de Times Square et de la 42e Avenue pour assister à un très joli coup à trois bandes: à l'occasion du lancement de sa nouvelle télévision 3D, Samsung a fait appel aux Black Eyed Peas pour donner un concert gratuit en pleine rue, moment immortalisé par l'incontournable James Cameron.

Si la médiatisation des loisirs s'accélère, c'est également en raison de l'utilisation croissante des réseaux sociaux en situation de mobilité, grâce aux smartphones. Une étude publiée en décembre 2010 par l'agence de communication interactive Dagobert explique ainsi comment l'application mobile de géolocalisation Facebook Places rebat les cartes de l'échange entre point de vente, marque et consommateur. L'agence y évoque un cas d'école: celui de Starbucks, qui reverse 1 dollar pour la protection des forêts à chaque «check-in» dans l'un de ses points de vente. Contrepartie pour la marque? Les «feedbacks [commentaires] déclenchés sur le réseau». Au final, si les médias sociaux accroissent les sollicitations et donc la concurrence entre les loisirs, les clés pour émerger ne semblent pas avoir beaucoup changé: présentation, timing, originalité, etc.

 

 

Plongée dans la psychée facebookienne

Sylvain Parasie, sociologue, maître de conférences à l'université Paris Est-Marne-la-Vallée, constate que «les utilisateurs qui publient davantage de contenus et mettent plus souvent leur statut à jour sur les réseaux sociaux sont déjà ceux qui prennent le plus facilement la parole à l'oral. Cette minorité plus active, plus référencée et plus influente, a les compétences pour trouver le bon ton et la bonne énonciation en face du bon public. Car ces nouveaux espaces, compliqués à gérer, exposent leurs utilisateurs aux jugements sociaux tels que l'indifférence (pas de "j'aime"). L'expérience permet cependant de mieux maîtriser les mécanismes à l'œuvre, comme celui du don/contre-don. On y retrouve les mêmes marqueurs sociaux que dans la vie réelle, tel que le fait de témoigner de sa présence à un événement dans le but d'afficher son appartenance à une certaine catégorie d'individus.»

 

 

Facebook en chiffres

55 minutes passées chaque jour en moyenne sur Facebook.

3 milliards de photos chargées chaque mois.

5 milliards de contenus partagés chaque semaine (hyperliens, histoires, posts, notes, photos, etc.).

100 000 événements créés en France chaque mois.

3,5 millions d'événements créés dans le monde chaque mois.

18 millions de membres actifs en France.

500 millions de membres actifs dans le monde.

Source:[à venir]

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