«J'ai la chance de vivre dans un pays trop petit avec des routes trop grandes. Mais j'ai la chance de pouvoir en sortir souvent. Je suis pas Einstein, ni le grand Séguéla. Je vais juste vous parler de Yoann Lemoine. Le genre de mec qui fait que je vais tenir encore six mois dans la pub. Le genre de mec pas très grand, souvent habillé bizarrement, entre le bûcheron canadien et le nain de jardin, mais quel talent ! Un parcours hors du commun, pour lesquels on peut dire : c'est bien plus qu'un artiste, c'est un génie. C'est ce que j'ai ressenti en découvrant le clip réalisé par Yoann Lemoine, artiste français de 28 ans. Oui, 28 ans, c'est un peu cela qui fait mal aussi... Il vit et travaille aujourd'hui entre Paris et New York, réalisant des publicités ou des clips musicaux quand le temps le permet. Lipton, Aides, Vogue Italie, Cadburry, Ubisoft... Pas moins de cinq Lions au compteur, et des clips pour Moby, Katy Perry ... (Je mets les plus “mainstream”, car dans la pub on n'est pas très cultivé, rayon musique). En 2011, il ajoute une nouvelle corde à son arc : la musique, mais cette fois, en tant qu'auteur-compositeur et chanteur. Sous le sobriquet de Woodkid, il réalise un premier EP (extended play, ou maxi). Sorti en mars, son single «Iron» est toujours classé dans les charts depuis sa sortie. Il est même devenu la musique du trailer du jeu «Assassin's Creed Revelations». Il a également réalisé le clip de son premier single qui est tout simplement superbe, une esthétique à l'ancienne entre Jonathan Glazer et Stanley Kubrick, ce qui lui a valu les compliments de Mark Romanek et David Lynch. Et là, à Hollywood, au «Chateau Marmont», ce jeune talent me dit qu'il peut mourir tranquille. Attends un peu, Yoann, la France a besoin de TOI. Tu pourrais être notre nouveau challenger (certes de petite taille) face aux mastodontes anglo-saxons qui font souvent fantasmer mes confrères en manque
d'imagination. Je ne désespère pas de te «vendre» un jour (c'est comme cela que l'on dit dans le métier), moi qui travaille dans l'agence «la moins pire du marché», dixit mes
amis de la profession. Tu nous envoies des codes qui sillonnent les rues et redessinent de nouveaux profils, des miroirs de reconnaissance dans la déroute. Quand on oubliera d'être vulgaire, j'espère qu'on rêvera de Yoann Lemoine. J'ai déjà la nostalgie de l'avenir.»
Fabrice Brovelli, directeur général de l'agence BETC Euro RSCG et BETC Music
