Et si les robots «de services» entraient dans notre quotidien demain ? Le ministre de l’Industrie, Arnaud Montebourg, y croit et a dévoilé, lors du salon Innorobo à Lyon, un plan pour soutenir ce secteur industriel naissant.

Grands, petits, à roulettes, noir et blanc ou multicolores, fonctionnels ou humanoïdes... Les robots étaient légion dans les travées du salon Innorobo (Salon international de la robotique), qui s'est tenu du 19 au 21 mars à Lyon. Des start-up ou des grosses entreprises, venues d'Evry, de Barcelone mais aussi de Corée du Sud ou du Japon y exposaient 300 modèles différents. Selon la Commission européenne, la robotique de service pèsera ainsi 100 milliards d'euros en 2020, contre 3,5 milliards de dollars en 2010. Bien loin des images véhiculées par la science-fiction, c'est bel et bien un secteur économique qui émerge.
Un secteur prometteur. Arnaud Montebourg, ministre du Redresssement productif, a dévoilé, lors de l'ouverture du salon, un plan baptisé «France Robot Initiative», espérant y fédérer 100 millions d'euros de fonds publics et privés. Ce qui passera par des aides à la recherche, des partenariats publics-privés, des financements de start-up... «Nous avons de formidables atouts, avec des entreprises innovantes, et des chercheurs de premier plan dans la robotique, tant pour les services à la personne que pour les robots industriels et les drones», a soutenu le ministre.
La robotique, prochaine révolution industrielle? On ne serait pas loin de la «robolution» préconisée par Bruno Bonnell dans son livre Viva la robolution, éd. JC Lattès, 2010. L'ex-patron d'Infogrames-Atari a créé en 2006 Robopolis, start-up devenue une grosse entreprise de distribution de robots. Elle affichait 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012, et est l'initiateur d'Innorobo. Bruno Bonnell devrait boucler d'ici cet été un fonds commun de placement à risques de 60 millions d'euros, dans lequel l'Etat injectera 15 millions d'euros.

Robots à tout faire

Plusieurs types de robots de services émergent: robots destinés aux personnes âgées, robots de surveillance, robots de présentation, robots-tondeuses, robots laveurs de vitres, robots-jouets pour enfants, et même des robots en guise de jouets éducatifs...
«La nouveauté sur Innorobo cette année, c'est la variété de robots et d'usages: domotique, loisirs, éducatiion... L'intelligence apportée aux objets va provoquer la même rupture technologique et sociétale que l'électricité ou Internet. Demain, on va vivre entourés de machines intelligentes, des objets quotidiens transformés par une dose d'intelligence artificielle», prophétise Bruno Bonnell. Comme le montre déjà le succès du robot-aspirateur Roomba d'Irobot, capable de passer entre les meubles: Robopolis en a commercialisé 100 000 en France l'an dernier, contre 800 en 2006. Pour Bruno Bonnell, les robots seront au service des malades, des handicapés et des personnes âgées.

Après Roomba, le géant américain Irobot, initialement spécialisé dans les robots militaires,  lance en France cette année des robots-nettoyeurs de piscine et des robots-tondeuses. Reste à convaincre le grand public. «Nous vendons des robots à fonctions pratiques, comme passer la serpillière. Ce sont là des exemples concrets de “robolution”. Pour vendre ces robots, il va falloir être pédagogue, créer une notoriété dans le réseau de distribution de Robopolis (Darty, Boulanger, etc.). On passera dans un second temps à des campagnes de pub TV», résume Marc Dinee, vice-président des ventes internationales pour les robots domestiques d'Irobot.

Robert, mon prochain

En flânant dans les couloirs d'Innorobo, on découvre aussi le robot Reem, développé par PAL Robotics. Un «robot-majordome» destiné aux universités, musées et événements. Il vous parle spontanément dans une des trente langues qu'il maîtrise. «On le vend depuis trois ans, 10 000 à 20 000 euros l'unité. Ce sont essentiellement des musées et universités qui en achètent», explique un représentant de la start-up barcelonaise.

Les robots ludo-éducatifs pourraient eux bientôt débarquer dans les foyers et les écoles. Comme avec les petits Nao, ces robots qui ressemblent à des jouets, avec leur petite bouille et leurs yeux ronds. Ils peuvent parler, chanter, raconter une histoire, danser... C'est une des grosses start-up françaises, Aldebaran Robotics, qui en est à l'origine. «Ils sont vendus de 3 600 à 12 000 euros, mais sont pour l'instant surtout destinés aux développeurs avec lesquels nous travaillons», précise Bruno Maisonnier, président d'Aldebaran, qui prévoit une commercialisation auprès du grand public dans dix huit mois. L'idée est d'en faire de véritables robots de service avec des fonctionnalités sur mesure, grâce à la boutique d'applications, un peu comme l'Appstore d'Apple, qu'Aldebaran développe avec une communauté de développeurs. On compte déjà une centaine d'applications, «dont une élaborée avec Sanofi-Aventis, autour du traitement du diabète», poursuit Bruno Maisonnier.
Très remarqué aussi au salon Innorobo, Robert, dévoilé par l'opérateur télécoms sud-coréen SK. Cet objet intelligent cumule un dock pour smartphone, un appstore dédié, une nouvelle génération de livres-jeux interactifs et un stylo intelligent... Robert devrait débarquer cette année en France pour 200 euros.

Les professionnels sont optimistes, tous ces robots aux fonctions très précises et pratiques devraient rencontrer leur public. Reste à savoir si, demain, nous accepterons des robots pouvant remplir des tâches plus complexes (voir notre making of sur la série Real Humans, p. 26), comme celles d'une nourrice ou d'une assistante aux personnes âgées.

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