communication
Pour rester dans la course à l'innovation, les agences nouent, elles-aussi, des partenariats avec des start-up. Sur qui ont-elles misé en 2014 ? Pour quoi faire ? Le point avec sept d'entre elles.

Lancée en novembre 2013, la deuxième édition du Startup Project organisé par l'Association des agences conseil en communication (AACC) et Cap Digital, le pôle de compétitivité numérique de l'Île-de-France, a permis de former treize duos, constitués chacun d'une agence et d'une start up. Les objectifs de ces partenariats prévus pour durer neuf mois sont multiples : faire mûrir l'offre de start-up très orientées technologie, développer des services communs, et pourquoi pas, commercialiser ces produits auprès des clients des agences. Stratégies zoome sur sept de ces « duos ».

 

Data

 

Rapp France & Tradelab

 

Un spécialiste du real-time bidding marié à une agence marketing fan de digital : voilà un partenariat qui ne surprend pas. « On s'est choisi mutuellement avec Tradelab lors des speed-datings organisés par le Startup Project », raconte Stéphane Gazzo, le directeur général de Rapp France. Un coup de cœur mutuel autour d'une passion commune : la data sous toutes ses formes. Le métier de Tradelab, une jeune pousse née en 2010, consiste à optimiser l'affichage des bannières en fonction du surf de l'internaute - en d'autres termes, afficher la bonne bannière, au bon moment, au bon individu. Pour ce faire, la start-up utilise les données issues à la fois du surf de l'internaute - ce qu'il a fait avant sur le Web - et de la campagne annonceur. « Ce que nous souhaitons faire ensemble aujourd'hui, c'est de coupler ces données médias aux données CRM fournies par les annonceurs - montant et fréquence des achats, sexe, âge, code postal... -, afin de créer une véritable Data Management Platform qui permettra d'être plus performant dans le recrutement et la fidélisation », explique Stéphane Gazzo. Autre piste, croiser ces données du Net avec les données collectées dans les points de vente bien physiques, cette fois. Aujourd'hui, ces différentes data sont traitées séparément, en silo. Pour mener à bien ce projet, un véritable cas client sera utilisé. « On a jusqu'à juin 2014 pour finaliser cette offre commune », indique Stéphane Gazzo, qui a d'ores et déjà proposé à sa « filleule » un coup de pouce des experts de Rapp France en data visualization pour améliorer son interface de reporting.


Immersion 3D

 

Ogilvy & Catopsys

 

Sobre à l'extrême, voire vieillot, le site Web de Catopsys ne fait pas honneur à son invention : une technologie révolutionnaire d'immersion 3D dans un espace physique réel. De fait, la communication n'est pas vraiment le métier de ces scientifiques issus de l'université, qui ont développé plusieurs prototypes avant de créer leur société, en janvier 2013. Et pourtant. Ogilvy a tout de suite vu le potentiel de cette solution commercialisée auprès de l'armée et de ses fournisseurs. « L'expérience client est une de nos préoccupations, explique David Raichman, le directeur du Ogilvy Lab. Nous avions déjà un chantier ouvert avec l'Oculus Rift, ces lunettes proposant une expérience 3D en solo. Là, il s'agit de vivre une expérience 3D dans un espace physique qui pourrait très bien être un magasin, par exemple. » Comparable au mapping 3D, qui permet de projeter des images sur n'importe quelle surface, plane ou non, la technologie Catopsys ne nécessite, quant à elle, que deux projecteurs et s'installe facilement... « Une pièce du lab lui est désormais consacrée, où les ingénieurs de Catopsys et nos "creatives technologists" réfléchissent ensemble à l'amélioration du produit », raconte David Raichman, qui est également bien décidé à apporter son aide sur les aspects présentation de l'offre et communication. « On ne prétend pas arriver à des réalisations incroyables dans six mois - la date de fin du partenariat -, mais ça ne nous empêchera pas de continuer à travailler ensemble », indique le responsable, qui signale que l'un des objectifs, à terme, serait de créer une structure dédiée, facilement transportable. Une sorte de tente « magique » dans laquelle se glisserait l'utilisateur.


Shopper marketing

 

Les Gaulois & Fidzup

 

Activer les téléphones portables des consommateurs passant la porte d'un centre commercial via l'envoi d'un signal sonore inaudible pour l'oreille humaine, afin de leur envoyer message de bienvenue et promotions ? C'est ce que propose aujourd'hui Fidzup, une start up née en 2011, pour laquelle Guillaume Cartigny a dû se battre lors des rencontres organisées dans le cadre du Startup Project. « Nous étions six agences à vouloir travailler avec eux, j'ai dû me montrer persuasif », raconte le creative technologist des Gaulois. C'est que l'agence du groupe Havas, très portée sur l'expérience client, a en tête des idées bien précises quant à l'utilisation de cette technologie Fidzup : faire du retargeting publicitaire dans un lieu physique. Elle travaille d'ailleurs à une mise en place rapide de cette application pour l'un des gros clients de l'agence, sans vouloir en dire plus.

Le scénario ? Un consommateur qui entre dans un point de vente et reste plus de dix minutes devant tel ou tel produit se verra envoyer sur son portable des publicités et contenus ciblés, en lien avec sa visite. D'autres usages pourraient être imaginés, comme faire passer le signal sonore via une publicité télévisée, mais on n'en saura pas plus ! Pour Guillaume Cartigny, le partenariat est bénéfique pour les deux parties : « Nous les ouvrons sur le marché et des clients qu'ils n'auraient pas forcément pu atteindre, nous leur suggérons de nouveaux usages et eux nous permettent de rester à la pointe en matière d'innovation. » Un enjeu business, puisque ce sont des technologies qui pourront être proposées aux clients, mais aussi un enjeu d'image, selon le creative technologist.


e-reputation

 

Léo Burnett & Scan research

 

Quelle marque n'a pas rêvé de comprendre en temps réel le sens et les évolutions de la conversation des internautes sur la Toile ? C'est ce que propose Scan Research, un institut d'études d'un genre nouveau, créé en 2010 par des informaticiens et des chercheurs en sciences humaines. « L'outil est un croisement entre savoir-faire technologique et intelligence humaine », s'enthousiasme Régis Perrone, le directeur général adjoint de Leo Burnett, qui s'est lancé tambour battant dans le partenariat avec Scan Research. « Savoir comment les internautes parlent des marques, ce qu'ils disent de positif et de négatif, sur quel thème, tout ça resitué par rapport aux concurrents, nous apporte une aide précieuse lors de nos réponses aux appels d'offre -  nos prospects nous demandant souvent de donner un point de vue sur l'image de la marque. » De fait, dans le cadre du partenariat prévu pour durer jusqu'à l'été, Scan Research est déjà associée aux appels d'offre majeurs de Léo Burnett et exprime « le point de vue du consommateur » en complément de la pige médias et des études de marché plus classiques. « Nous les aidons de notre côté à affûter leur discours commercial et à marketer davantage leur offre, notamment en s'orientant vers des dispositifs au long cours, qui vont au-delà de la simple photographie à l'instant T », précise Régis Perrone, qui souhaite développer avec Scan Research une offre spécifique à Leo Burnett, avec des indicateurs permettant de mesurer l'impact des opérations menées par l'agence. Affaire à suivre.


Rich media

 

Full Six & Kpsule

 

Petite originalité… Full Booster, l'accélérateur de start-up de Fullsix, connaissait Kpsule avant le démarrage du Startup Project. Elle avait avait déjà commencé à travailler avec cette jeune entreprise spécialiste des bannières publicitaires rich media. La technologie est en effet diablement séduisante. Au lieu de la traditionnelle bannière publicitaire, la start up propose une expérience complète à l'internaute - vidéo, mais aussi quizz, questionnaires, jeux-concours... -, le tout pouvant être ajusté au jour le jour grâce à une plateforme de gestion des contenus entièrement paramétrable par l'utilisateur. « On a déjà imaginé de vraies campagnes avec Kpsule, mais le partenariat initié dans le cadre du Startup Project dépasse la relation client-fournisseur classique », raconte Fabien Rochette, le directeur général de Full Booster. Objectif : tout se dire, le plus sincèrement possible ! « Nous leur proposons des feed-back très précis sur les campagnes que nous réalisons avec leur outil et nous les aidons à positionner leur offre par rapport à celle la concurrence », explique le responsable. Avec l'aide de Fullsix, Kpsule souhaite affirmer sa position de serveur publicitaire rich media sur lequel sont stockés toutes les bannières. La collaboration comporte également un volet plus technique : l'élaboration d'indicateurs de performance détaillés qui couvriront l'ensemble du parcours utilisateur, en amont, là où l'internaute a navigué avant de cliquer sur la bannière, mais aussi aval, ce qu'il a fait une fois arrivé sur le site de l'annonceur. « Construire un écosystème d'open-innovation permet à tout le monde d'être gagnant », estime Fabien Rochette.


Analyse prédictive

 

Textuel La Mine & Wisemetrics

 

Prédire la performance d'un contenu sur les réseaux sociaux ne relève plus de la magie. Et fait forcément rêver une agence de contenus comme Textuel La Mine... Nitro, l'outil prédictif de Wisemetrics, jeune pousse créée en 2012 par des ingénieurs « pur jus », sera testé auprès de quatre clients de l'agence dans le cadre du partenariat conclu via le Startup Project. « Derrière cet outil redoutable, capable de vous dire que tel post sur Facebook sera davantage lu et partagé que tel autre, se cache un algorithme puissant qui utilise notamment les données brutes fournies par le réseau social à ses utilisateurs », s'enthousiasme Karine Sentenac, directrice générale de Textuel La Mine. Chacun a un intérêt bien compris au partenariat. Tandis que Textuel La mine espère progresser sur sa culture de la performance et des données, la start-up, qui commercialise déjà son offre auprès de quelques marques de luxe, en profitera pour finaliser le packaging de son produit. « Ils réfléchissent déjà à des déclinaisons sur Twitter », confie Karine Sentenac, pour qui ce type de collaboration n'est pas une première. L'agence a déjà hébergé trois start-up dans son accélérateur maison, le Hub 146. « Mais attention, ce n'est pas parce qu'on accueille ces start-up dans nos locaux que nous les rendons captives de l'agence, prévient la responsable. On les aide à marketer leur offre et elles nous permettent de suivre au plus près les mutations du secteur. »


Gamification


Parties prenantes & Work Bandits

 

Que diable une plate-forme de conception et de mutualisation de jeux comme Game Rocket, développée par des nerds pour des nerds, va-t-elle faire dans l'univers du marketing ? « Le dispositif de recrutement et de fidélisation des gamers que la start-up, Work Bandits, a conçu - à travers des systèmes de bonus, de progression, d'éléments publicitaires renvoyant vers d'autres jeux.... - pourrait très bien s'appliquer à autre chose que des jeux », répond Hervé Brasselet, cofondateur de l'agence corporate Parties Prenantes. C'est qu'il ne suffit plus de faire de l'éditorial, il faut s'assurer qu'il est lu... « Or, comment être sûr qu'après avoir cliqué sur la bannière d'une école d'ingénieurs, par exemple, le jeune internaute ira aussi consulter sa page Facebook ou découvrir les vidéos de présentation sur son site Web ? », s'interroge le responsable. Avec Game Rocket, Parties Prenantes est bien persuadée de détenir une partie de la réponse. « On essaie de les nourrir avec des cas concrets, et eux développent en parallèle ce nouveau dispositif plus orienté marketing, explique Hervé Brasselet, tout en précisant « ce ne sera pas un produit sur étagère, mais on pourra l'utiliser ponctuellement. On vient d'ailleurs de mettre sur pied une proposition commerciale à laquelle il a été intégré. »

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