Attention, sujet sensible. Les différentes évolutions technologiques qui concernent le paiement en magasin génèrent de grandes inquiétudes auprès des caissières — soit plus de 200 000 salariées en France. « Il est probable qu’à terme le métier d’hôtesse de caisse disparaîtra », peut-on lire sur anav.fr, le site de l’Association national des métiers de la vente.
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Les défis de l’automatisation des caisses sont divers. Comme l’explique Pascal Ughetto, chercheur au Laboratoire techniques, territoires et sociétés (LATTS) dans La Nouvelle Revue du travail : « L’automatisation des caisses répond à l’enjeu de la fluidité, auquel les chaînes de supers et hypermarchés sont constamment confrontées. Faire face à l’imprévisibilité des flux de clientèle, réduire les files d’attente, rentabiliser l’extension des horaires d’ouverture constitue l’essentiel des atouts économiques de ces techniques. » Ainsi, la technologie pourrait entraîner une modification du travail humain, avec « une dissolution de la frontière entre caisses et rayons. Elle favoriserait le développement d’une catégorie polyvalente d’employés, passant au gré des besoins d’un poste à l’autre. Du moins, est-ce une hypothèse défendue par les fabricants », poursuit-il.
La caisse automatique a 10 ans
Wincor Nixdorf France, société spécialisée dans les solutions de paiement, connaît bien ces problématiques. La filiale française du groupe allemand du même nom a notamment développé une caisse à grande vitesse, qui scanne les produits sur le tapis roulant, quelle que soit leur disposition, grâce à une technologie de reconnaissance des objets. Ce produit a été lancé par Auchan début 2014 dans l’un de ses hypers. Pourtant, le géant de la grande distribution rechigne à communiquer, de peur de s’attirer les foudres des hôtesses de caisse. Une réaction qui peut surprendre, car l’automatisation des caisses n’est pas nouvelle. La caisse automatique a en effet fêté ses 10 ans le 24 juin dernier ! Ce qui confirme que le sujet est épineux.
Laurent Houitte, directeur marketing de Wincor Nixdorf France explique que « l’alternative aux caisses traditionnelles existe avec le libre-service, souvent quatre caisses supervisées par une personne et réservées aux paniers de moins de dix articles, comme c’est le cas chez Auchan et Monoprix. Ou encore le self-scanning qui permet au client d’enregistrer lui-même ses achats et que l’on trouve, par exemple, chez Leclerc et Carrefour ».
Il indique aussi que le mobile pourrait bousculer le rôle des caisses à l’avenir, comme chez Apple qui utilise dans ses Apple Store un outil de paiement hyperinnovant, développé par Ingenico, société spécialisée dans les solutions de paiement. « Nous avons intégré le terminal de paiement ISMP qui lit les puces NFC, les codes-barres, les pistes magnétiques et transforme un iPhone ou iPod touch en porte-monnaie électronique sécurisé », explique Frédéric Lepeintre, head of strategic market development chez Ingenico. La société développe des solutions de « device mobile consumer ». Elle a signé cette année un partenariat avec Samsung et teste le paiement sur tablettes avec la marque américaine de prêt-à-porter et d’accessoires Nordstrom.
La caisse est-elle donc amenée à disparaître ? « Non », répond Anthony Leroy, auteur du blog La Minute Retail et responsable marketing et communication de Colisweb. « C’est seulement le rôle de la caisse qui est amené à évoluer, tout comme celui des hôtesses de caisse», ajoute-t-il. Dans son livre intitulé Travail et automatisation des services : la fin des caissières ? (Octarès éditions, 2012), Sophie Bernard explique en effet que l’automatisation des caisses engendre une évolution du métier d’hôtesse, appelée à former et encadrer les consommateurs. Une autre révolution en cours.
