A l'avant-garde de l'innovation, Google s'intéresse aussi bien à l’intelligence artificielle qu'aux projets santé ou spatiaux. Mais avec une stratégie claire: pousser le «search» et engranger des datas.

«Don't be Evil» («Ne soyez pas malveillant») est le slogan de Google depuis sa création en septembre 1998 à Menlo Park (Californie). «Evil» peut-être pas, mais «Big Brother», le géant d'Internet l'est de plus en plus… L'un des plus importants groupes high-tech mondiaux (60 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 8 milliards de budget en recherche et développement en 2013), n'en finit pas en effet de tisser sa toile.

 

«Nous voulons améliorer la vie des gens grâce à Internet. Mais aussi pousser le “search” [le moteur de recherche], l'accès à l'information», développe une porte-parole de Google France. Nous y voilà: la continuité dans l'ADN de Google – la recherche et la publicité en ligne – passe par son système d'exploitation Android qui équipe les smartphones, l'installation de câbles en fibre de verre, la production de smartphones, tablettes et logiciels.

 

>> Lire le dossier : Google, Apple, Facebook et Amazon : quand les GAFA se gavent de datas

 

Lancé en juin 2013, le projet Loon, un réseau de ballons qui doit relier à Internet les zones les plus reculées de la planète, va dans ce sens. «C'est un projet sur le long terme, mais qui permet de couvrir des zones où il est trop coûteux d'installer des antennes radio ou de tirer des câbles», explique Leslie Griffe de Malval, analyste chez Fourpoints IM. En procurant un accès à Internet, Google déploie mécaniquement son offre search. «La clé, c'est l'usage. Google va chercher les prochaines personnes qui se connecteront à Internet», poursuit-il. A l'autre extrémité du spectre des usagers, le groupe déploie parallèlement la fibre dans plusieurs villes américaines (Austin, Kansas City, Provo…).

 

Capteur de comportement et support de publicité

 

En début d'année, Google a acquis les start-up anglaises Deep Mind Technologies (intelligence artificielle) et Rangespan (big data), et israélienne Slock Login (authentification sonore). «Plus je fais de recherches sur Google, plus je visionne des vidéos sur You Tube, plus ils auront de datas… Il faut de l'intelligence artificielle pour savoir les exploiter», estime Leslie Griffe de Malval. L'objectif final est donc bien de récolter de la data et de l'exploiter. Ce qui fait tout à fait sens d'un point de vue publicitaire: «Toutes ces start-up que Google acquiert lui permettent d'avoir de plus en plus de datas sur les comportements humains, et donc d'adresser le bon message à la bonne personne. On va ainsi pouvoir pousser les messages pertinents à chaque individu», souligne Pierre Calmart, CEO d'Iprospect France (Aegis Media).

 

Le vif intérêt de Google pour les objets connectés, notamment dans la santé, s'inscrit aussi dans cette logique. En janvier, le groupe acquérait Nest, qui conçoit des thermostats connectés, pour 3,2 milliards de dollars. Un «capteur» des comportements des consommateurs, mais aussi… un support publicitaire. «Par exemple, d'ici quelques années, nous et d'autres entreprises pourrions fournir des publicités et d'autres contenus sur des réfrigérateurs, tableaux de bord de voitures, thermostats, lunettes et montres, pour ne citer que quelques possibilités», prédisait Google dans un document transmis fin 2013 à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme financier américain.

 

Assistants intelligents et services prédictifs

 

Récemment,le 25 juin, lors de sa conférence de développeurs I/O, Google dévoilait Android Wear, la déclinaison de son système d'exploitation pour objets connectés. Elle repose sur un système de «push» de notifications contextuelles, qui délivreront la bonne information au bon moment via une montre connectée ou un smartphone.

 

Dans la lignée de l'assistant vocal Siri d'Apple, «Google va développer des services prédictifs, des assistants intelligents qui agrégeront des datas pour vous faciliter la vie. Par exemple, vous conseiller de prendre votre parapluiele matin, une suggestion possiblement sponsorisée par une marque», imagine Pierre-Emmanuel Cros, directeur général de Performics France (Vivaki - Publicis).

 

Chiffres clés : 

60 milliards de dollars. Chiffre d’affaires 2013.

13 milliards de dollars. Bénéfice net.
8 milliards de dollars. Budget de recherche et développement.
49 829 salariés, au 31 mars 2014.

59,2% des smartphones et 55% des tablettes en France sont dotés du système d’exploitation Android.

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