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Les grands entretiens
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«Une marque sans communauté est vide»
19/10/2016 - par Propos recueillis par Gilles WyboA l’occasion du Stratégies Summit, Michel Lévy-Provençal, cofondateur de l’agence Brigthness, créateur du Ted-X Paris et de L’Echappée, nous livre son regard sur l’innovation.
La France rivalise-t-elle aujourd’hui avec les géants mondiaux en termes d’innovation?
Michel Lévy-Provençal. Il y a cinq ans, nous n’étions pas à ce niveau-là. Notre politique en matière de start-up est plutôt bonne, d’ailleurs, la place parisienne est une des plus actives pour les jeunes pousses. Et cela se retrouve dans les investissements privés massifs, à l’instar de la Halle Freyssinet transformée en incubateur géant par Xavier Niel. Aujourd’hui, il y a donc des pépites qui émergent par exemple dans les domaines de l’adtech, du «martech» [marketing technologique] ou des objets connectés. Mais ces start-up sont souvent rachetées par des groupes étrangers, comme Withings par Nokia. La France est une bonne base arrière de recherche et développement. En revanche, l’impact n'est pas encore visible à l’international pour rivaliser avec les Chinois et les Indiens. Il faudrait raisonner à l’échelle européenne et rééditer, pour le numérique, ce que l’on a fait avec l’aéronautique. Par ailleurs, dans les biotechs et l’intelligence artificielle, si l’on ne réagit pas, il faut se préparer à une hégémonie des Etats-Unis pour longtemps.
Vous faites la différence entre révolution et disruption sur le plan technologique…
M.L.-P. L’apparition de la voiture à la fin du XIXe siècle est une révolution technologique. La disruption, c’est la démocratisation d’un outil. Par exemple, la possibilité pour l’américain moyen d’acheter la Ford T dans les années 1920-1930 quand son prix a atteint l’équivalent de 3 500 dollars (d’aujourd’hui). Uber a, à ce titre, réalisé une disruption en rendant accessible à tout le monde le chauffeur particulier.
Comment les marques peuvent-elles rester dans la course?
M.L.-P. On n’a jamais été autant dans un monde de communautés: une marque aujourd’hui, c’est un drapeau avec une armée derrière. Toute marque doit avoir la capacité d’agir ou d’influencer en étant en groupe aujourd’hui. Une marque sans communauté est vide. Les entreprises doivent se préoccuper de cultiver ce sentiment d’appartenance.
Jusqu’ici, le digital n’a pas vraiment tenu ses promesses de redistribution de la richesse aux créateurs…
M.L.-P. L’économie digitale a généré des monopoles, des agrégats qui concentrent la richesse au profit de quelques-uns. Et les acteurs qui ont créé cette richesse n’en bénéficient pas. La blockchain pourrait être une solution en créant des organisations décentralisées et autonomes, en favorisant les transactions en «peer to peer». Ainsi, un syndicat de chauffeurs de VTC pourrait gérer les transactions à la place d’Uber. Et puis, l’on voit déjà émerger de nouvelles formes d’organisation du travail, comme les «hacker house» de Seedup [lire Stratégies n°1875]. Dans ces structures autonomes, la valeur produite est redistribuée à tous les collaborateurs.