Ils vont faire 2018
Cet article est extrait du dossier « Ils vont faire 2018 » du numéro 1931 de Stratégies paru le 4 janvier 2018.

Alexandre Bompard (Carrefour), à la relance

Alexandre Bompard a laissé passer les fêtes, cruciales pour Carrefour, pour reporter l’annonce de son grand plan de transformation au 23 janvier. L’ex-PDG de la Fnac, artisan du rapprochement avec Darty, a fort à faire. Dans une note publiée en octobre, les analystes de Natixis imaginaient un « traitement de choc », « un nettoyage comptable et un vaste plan de réorganisation permettant de réduire les coûts et les prix ». Les analystes projettent jusqu’à 1 milliard d’euros d’économies sur trois ans, une restructuration du parc d’hypermarchés et des fermetures de supermarchés. Sur les 247 hypers, 50 seraient sous-performants. En tournée auprès des syndicats, le PDG a déclaré devoir « revoir l’organisation des points de vente ». Selon un délégué FO interrogé par Reuters, « il ne s‘interdit rien, ni franchise, ni fermeture de magasins déficitaires ». Une fois hors du groupe, une enseigne en location-gérance sort aussi des accords collectifs, ouvrant la voie au travail dominical. Alors que Carrefour a averti sur ses résultats 2017, il devra aussi accélérer sa mue digitale – confiée à Marie Cheval, ancienne DG de Boursorama Banque –, où il accuse du retard sur la concurrence, notamment sur le drive (laissé à Leclerc, qui capterait 60% du marché), réputé comme étant la locomotive de l’alimentaire sur internet. Sur le non-alimentaire, se pose la question de l’intégration de Rue du Commerce, racheté en 2016. En coulisses, Carrefour mène déjà un vaste chantier de refonte de son back office afin de tendre vers une vision unifiée du client. Devenir un distributeur omnicanal figure parmi les 18 travaux d’Alexandre Bombard.

 

Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce (Google), l'instinct de défense

Dans les portraits qui lui sont consacrés, elle se revendique comme «la Corse de service». Directrice de la communication et porte-parole de Google France, Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce a fait ses humanités à l'ambassade de France à Washington, puis à la communication de la Communauté Européenne, et au sein de la Commission à l'Energie Atomique. Après un passage au Ministère de l'Industrie en 2017, elle rejoint Google dont elle pilote, depuis, la communication. Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce nhésite pas à monter au créneau pour défendre sa marque. En décembre dernier, Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce était à la barre du Tribunal pour les Générations Futures d’Usbek & Rica. Courageux, dès lors où, comme le rappelait d’entrée de jeu la présidente du Tribunal, Audrey Pulvar, «c’est l’entreprise Google, le projet Google» qu’incarnait Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce. Un entraînement pour 2018, où, entre Règlement général sur la protection des données (RGPD) et débats sur les régimes fiscaux des Gafa -alors que Facebook annonce qu'il va payer plus d'impôts -, Google devrait encore une fois susciter des polémiques...

 

Pietro Beccari (Dior), un Italien à Paris

Comment succède-t-on à une personnalité qui a officié pendant vingt ans à la tête d’une maison et dont le nom est indissociable de la marque ? La question, Pietro Beccari, 50 ans, se la pose sans nul doute. Il prend la suite de Sidney Toledano, 66 ans, qui a incarné Dior pendant deux décennies et qui en est parti en novembre dernier. L’Italien n’est certes pas un perdreau de l’année. L’ex-CEO de Fendi a précédemment officié comme vice-président marketing et communication de Louis Vuitton, où il a notamment œuvré sur la campagne « Journeys » (2012), mettant en scène Diego Maradona, Angelina Jolie et Buzz Aldrin. Beccari n’est pas non plus un novice du marketing : il a débuté chez Reckitt Benckiser, Parmalat et Henkel, où il codirigeait la division « haircare ». La planète fashion aura les yeux braqués sur les débuts de ce nouvel Italien à Paris. Chez Fendi, il s'est déjà fait remarquer en faisant passer la marque des sacs bardés de logos à des produits plus premium, tout en créant des lieux de prestige, comme le Palazzo Fendi à Rome. 

 

Emmanuel Faber (Danone), à pas de géant

Son discours aux jeunes diplômés d’HEC a surpris, touché, et semble-t-il, conquis. L’allocution de neuf minutes d’Emmanuel Faber, où le nouveau PDG de Danone évoquait, avec réserve et émotion, son frère handicapé, a été vue plus de 800 000 fois sur YouTube. Depuis le 1er décembre 2017, il a succédé à Franck Riboud aux destinées du géant agro-alimentaire. « Atypique », « pas comme les autres »… Dans les nombreux portraits qui lui ont déjà été consacrés, les qualificatifs, évoquant une personnalité hors normes, hors cadre, abondent. Emmanuel Faber, ex-HEC né en 1964 à Grenoble, alpiniste chevronné, s’est illustré à 28 ans par un pamphlet dénonçant les dérives financières, Main basse sur la cité. Passé par le conseil en stratégie chez Bain, puis à la direction générale du groupe Legris Industries, Faber entre en 1997 chez Danone, à la direction stratégique et financière. L’arrivée d’Emmanuel Faber constitue une révolution pour Danone, dirigé pendant près d’un demi-siècle par les Riboud père et fils. Quelle empreinte laissera Faber ? En 2016, c’est lui qui était déjà à la manœuvre du rachat du leader du bio WhiteWave aux États-Unis, plaçant Danone sur le segment ultraporteur de l’alimentation écoresponsable.

 

Thierry Mallet (Transdev), agitateur de mobilité

On le dit discret, on parle de lui comme d’un «patron normal». En 2016, Thierry Mallet, 57 ans, X-Ponts et titulaire d’un Master en Sciences du MIT (Massachusetts Institute of Technology) prenait en 2016 la tête de Transdev, à la suite de l'énarque Jean-Marc Janaillac, parti pour prendre ses fonctions de patron d'Air France-KLM. À la tête de l’acteur mondial du transport public, à l'heure des nouvelles mobilités, les défis sont nombreux pour ce fan de bandes-dessinées [Valérian en tête], passé par la Générale des Eaux, Degrémont (Suez Groupe), et la direction de l’Innovation, de la Performance industrielle et du Marketing du groupe Suez. En 2018, Transdev va notamment conduire une expérimentation à Rouen: la circulation de véhicules autonomes en milieu ouvert. Mais, pour Transdev, contrôlée par la Caisse des Dépôts, l’enjeu principal sera évidemment l’ouverture du marché des TER à la concurrence, dont les modalités devraient être précisées par l’exécutif au printemps.

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