Ils vont faire 2019
Cet article est extrait du dossier « Ils vont faire 2019 » du numéro 1976 de Stratégies paru le 3 janvier 2019.

Delphine Ernotte face à l'effort budgétaire

Ce sera, pour Delphine Ernotte, l’année de tous les dangers. Confrontée à un impératif d’économies de 160 millions d’euros d’ici 2022, la PDG de France Télévisions chiffre l’effort à 400 millions si l’on y ajoute 100 millions de hausses de salaires (+1,5 %) et de coûts comme les loyers et 150 millions d’euros d’investissement numérique. Elle devra donc porter le volet social d’un manque à gagner budgétaire de 26 millions d’euros en 2019, accompagner la fin de la diffusion hertzienne de France 4 et France O et défendre ses intérêts en vue de la future loi sur l’audiovisuel à la fin de l’année. Elle s’apprête à négocier un projet de rupture conventionnelle qui permettrait « sans départs contraints » de réduire et de renouveler ses effectifs. Il s’agit aussi d’amorcer le grand virage vers une offre numérique à la hauteur des attentes du gouvernement. Dans ce sens, les avancées de l’accord de SVOD autour de la plateforme Salto, avec TF1 et M6, sont clés. La présidente doit non seulement obtenir l’accord de l'Autorité de la concurrence pour ce partenariat inédit – mais aussi décrocher des contrats avec les ayants droit intégrant une exploitation numérique.

 

Le nouveau monde de Daniel Kretinsky

Avec sa filiale française, CMI France, Czech Media Invest détenu à 50 % par Daniel Kretinsky et à 40 % par son associé Patrik Tkac, va donner naissance dès le début 2019 à son groupe de presse français, avec Télé 7 Jours, Elle FranceVersion FeminaArt & Décoration ou France Dimanche. Soit un pôle de 670 salariés pour lesquels les syndicats cherchaient à obtenir une garantie d’emplois d’un an. CMI a reçu en décembre le feu vert de Bruxelles. Il a repris aussi à Lagardère des radios en Europe de l’Est. Concernant la presse, Il reste à voir quels rapprochements pourront être opérés avec Marianne, autre propriété du groupe, notamment sur le papier, la publicité et la maquette. Daniel Kretinsky a aussi pris 49% du Nouveau Monde de Matthieu Pigasse et lorgne la cogérance du groupe Le Monde.

 

Jaume Roures, l'attaquant du foot français

Après s’être invité, à la surprise générale, dans l’appel d’offres sur les droits de la Ligue 1, le patron du groupe espagnol Mediapro devra négocier en 2019 avec les opérateurs pour assurer la distribution de la chaîne qu’il lancera à l’été 2020. Car le Catalan l’a dit : il n’est pas question de revendre à la découpe les matchs qu’il s’est offert au prix fort (près de 800 millions d’euros par saison). Comme il l’a fait en Espagne avec la Liga, il veut « créer un produit de loisirs de haute qualité », avec une chaîne proposant, pour 25 euros par mois maximum, la Ligue 1, la Ligue 2 et peut-être demain la Ligue des Champions, sur laquelle Mediapro n’exclut pas de se positionner. « Nous ne sommes pas pour l’exclusivité, nous voulons être présents sur le plus de fenêtres possibles », avait indiqué Jaume Roures lors de sa première prise de parole en France en mai 2018. Pour diriger cette chaîne, le nom d'Alexandre Ruiz, présentateur phare de BeIn Sports, revient avec insistance.

 

Maxime Saada, l'alternative Netflix

Après avoir redressé la barre du groupe Canal+, grâce à l’international et au prix d’une segmentation de son offre en France, Maxime Saada ne manque pas de chantiers pour 2019. Premier d’entre eux, la fin de la plateforme de SVOD Canalplay et son remplacement par une offre centrée sur les séries, qui devrait voir le jour à la fin du premier trimestre. En ligne de mire, le succès en France du géant Netflix, qui contraint Canal+ à se repositionner comme « une plateforme digitale plutôt qu'une chaîne », indiquait le président du directoire du groupe à l'occasion du festival Médias en Seine le 22 novembre dernier. Le groupe devra également transformer l’essai après la multiplication des offres d’abonnement low cost (9,95 euros par mois pour les moins de 26 ans). Autre défi, de taille, faire grimper l’audience des chaînes gratuites, C8 en tête. Depuis la rentrée, la chaîne incarnée par Cyril Hanouna peine à atteindre les 3% de part d’audience (2,9% en septembre et octobre, 3% en novembre), loin des 3,8% de PDA de début 2017.

 

Michèle Benbunan, un secteur à redynamiser

Après une année à la tête de Presstalis, le principal distributeur de presse en France, Michèle Benbunan scelle déjà quelques victoires. À commencer par le sauvetage in extremis de l’entreprise qui tutoyait la faillite. Elle a même réussi à dégager 20 millions d’économie en 2018 grâce à des mesures drastiques. Pour 2019, elle vise les 60 millions via le Plan de sauvegarde de l’emploi et le déménagement sur deux étages au lieu de quatre, déjà effectif. Cette ancienne directrice d'Hachette Livre, spécialiste du marketing de la distribution, s’active pour redynamiser le secteur. Elle milite pour l'ouverture de points de vente en hypermarchés, librairies et enseignes spécialisées. Un marché qui pourrait concerner 1000 sites et rapporter 60 millions d'euros de chiffres d’affaire aux éditeurs. Encore faut-il que ses concurrents, les MLP (messageries de la presse lyonnaise) soutiennent cette dynamique. Et que la loi Bichet (1947) soit assouplie pour créer un appel d’air salvateur. Le dossier et le rapport Schwartz sont sur le bureau de Franck Riester.

 

Jean-Michel Baylet, l'union fait la presse

Pour lancer sa bataille contre les géants du net qui publient sur leurs sites enquêtes, photos ou vidéos produites par les médias français sans en reverser une juste contrepartie financière, la presse s'organise en une armée soudée. L'« union sacrée » est de mise sous la forme de l'Alliance de la presse d'information générale (APIG) qui regroupe 305 titres et 10 000 journalistes. Jean-Michel Baylet, homme politique et patron de presse en a pris la tête et défend les positions françaises dans le projet de directive européenne sur les droits voisins (article 13). Une lutte essentielle pour l'avenir de la presse au menu d'une réunion décisive du trilogue Commission européenne-Parlement européen-Conseil de l'Europe prévue fin janvier.

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