Béatrice Desgranges a toujours eu une prédilection pour les événements musicaux. C’est une des raisons qui l’ont poussée à fonder le festival marseillais Marsatac, qui fête sa 25e édition ce mois-ci.
La musique se vit en live. « Ce n’est pas tant l’écouter chez moi qui m’intéresse, mais participer à une expérience », lance Béatrice Desgranges, cofondatrice en 1999 de Marsatac, un festival marseillais qui réunit des artistes hip-hop et rap et qui fête sa 25e édition du 16 au 18 juin. Son amour pour le son a commencé lorsqu’elle était adolescente : « J’avais envie de participer à tous ces événements. J’ai une vision très festive de la musique, c’est venu de mon goût pour la fréquentation des concerts et festivals. » Née dans la cité phocéenne, elle quitte sa ville pour étudier à Nice, puis déménage quelques temps en Angleterre, une période marquante dans son parcours. « J’ai rencontré là-bas les personnes avec qui j’ai créé le festival [Laurence Chansigaud et Dro Kilndjian], raconte-t-elle. Londres a été un très bon terrain d’exploration puisque dans les années 1990, les cultures électroniques étaient en pleine expansion. Je me souviens d’avoir participé à des raves dans les quartiers industriels en friche près de King’s Cross, qui ont été réhabilités depuis. » L’idée de créer un festival émerge à ce moment-là, mais il manquait la bonne opportunité. C’est à l’occasion d’un appel à projets pour fêter les 2600 ans de Marseille que Béatrice Desgranges soumet l’idée de Marsatac, qui est sélectionné pour cette première édition. « Il n’y avait pas de festival marseillais qui mettait en avant ces genres musicaux, alors on a décidé de le faire nous-mêmes. »
C’est l’association Orane, créée un an avant la première édition, qui a permis à Marsatac d’exister. « Son objet est de porter l’ensemble des actions des talents du territoire, de nourrir un engagement et davantage de responsabilité. Nous avons renforcé notre engagement artistique en 2020 en créant Marsatac Agency, qui accompagne les jeunes talents qu’on a mis en avant pendant le festival. » L’association porte la production du festival et s’engage notamment sur la prévention écologique, l'instauration d'un cadre “safe”...
Si aujourd’hui Marsatac perdure, c’est grâce à la fidélité du public. « Nous sommes nés avant les réseaux sociaux, et pourtant nous avons réussi à réunir un public physique. L’année 2002 a marqué un tournant, l'édition se déroulait sur l’île du Frioul. Les gens attendaient pour faire la traversée en bateau, mais l'événement a été interrompu par des incidents météo. C’est là qu’on s’est rendu compte de l’intérêt pour le festival. » Depuis, ce rendez-vous annuel réunit près de 45 000 spectateurs(-trices) chaque année. Les prochaines étapes pour l'organisatrice sont d’ « inclure plus de monde et travailler sur les questions d’accessibilité, en continuant de renforcer les équipes avec des nouveaux visages ». Béatrice Desgranges a également été sélectionnée comme l'une des personnalités les plus influentes du milieu de la musique en France dans le numéro de décembre 2022 du magazine Tsugi.