Photographe, designer, « atmosphériste », Sandrine Alouf multiplie les casquettes. En novembre 2021, elle crée « C’est pas demain la vieille », un projet qui vise à mieux représenter les femmes de plus de 55 ans.
Sandrine Alouf croit aux signes, aux rencontres. C’est ce qui guide une partie de sa vie. Née dans une famille d’artistes, elle est très vite « tombée dans la marmite ». Elle grandit à Bruxelles avec les arts, les sorties aux musées, et la présence de sa grand-mère d’origine libanaise, un véritable pilier pour elle. Elle comprend rapidement une chose : elle déteste être dans des cases. Après ses études d’histoire de l’art, elle part pour Paris dans le but de trouver de nouvelles opportunités, encouragée par sa grand-mère. Lorsque son aïeule, son modèle, décède, elle lui laisse un mot : « Je serai toujours entre ciel et terre. » Cette phrase va retentir en elle et l’inspirer à faire des créations autour des nuages. En 2006, elle propose à la RATP d’habiller la station Luxembourg avec ces masses constituées de gouttelettes d’eau. « À la suite de ce projet, un architecte m’a appelée pour imaginer une chambre d’hôtel sur ce même thème, alors que je n’avais jamais fait cela jusqu’à maintenant », confie-t-elle.
Comptant plusieurs cordes à son arc – photographe, designer, décoratrice d’intérieur –, elle se qualifie d’« atmosphériste » : « En France, on adore mettre les gens dans une case, alors il fallait que j’en invente une. C’est un mot qui ne veut rien dire, je suis la seule atmosphériste au monde ! » Cet intitulé de poste a tellement interpellé que des personnes se sont intéressées à son travail. Au total, elle crée 25 hôtels à thème de A à Z, « à chaque fois, je raconte une histoire issue de ma réflexion. Lorsque je crée un décor, il faut que j’embarque les gens. Je me suis occupée d’hôtels comme le Secret Paris, l’Excelsior à Nice, ou encore l’Ours Blanc à l'Alpe d’Huez », raconte-t-elle.
Résistance
En 2019, elle ouvre L’Œil bleu, un lieu de « résistance artistique pour aider les artistes à se faire des contacts dans un milieu relativement difficile », où elle organise des expositions par thématiques. Avec l’arrivée du covid, tout s’arrête brusquement. À la sortie du confinement, elle se rend à une soirée d’une amie et fait la rencontre d’un publicitaire d’une certaine agence de pub. Pendant leur échange, il lui confie qu’une femme passée la cinquantaine n’intéresse plus. En réponse, elle crée le projet « C’est pas demain la vieille » en novembre 2021. « Au départ, j’avais fait des parodies en reprenant des images de pub en mettant des femmes de plus de 55 ans et je les ai postées sur Instagram. De nombreuses femmes m’ont ensuite écrit pour me demander de les faire participer au projet, alors que ça n’en était pas un ! Mon mari m’a soufflé l’idée du nom et m’a encouragé à le poursuivre. C’est un vrai sujet de société, il faut arrêter de cloisonner les gens dans leur âge. Les 40 ans d’hier sont les 60 ans d’aujourd’hui, et il faut donc mieux représenter les femmes. » Grâce à « C’est pas demain la vieille », Sandrine Alouf a rencontré de nombreuses consœurs, et a même créé un calendrier 2023 mettant en scène des femmes passées la cinquantaine dans des positions de pin-up. « Ça leur donne confiance, elles s’éclatent ! » Pour cette rentrée, Sandrine arrive avec Âg(e)itez-vous ! afin de mettre fin aux injonctions liées à l’âge. Mot de la fin de l’atmosphériste : « L’âge c’est dans la tête, c’est un privilège de vieillir en bonne santé. »