Ils n’auraient plus envie de travailler ou de s’engager. Atteints de «flemmingite aiguë», ils seraient aussi infidèles à leurs employeurs. Et si les jeunes avaient tout simplement un rapport différent au monde du travail ?
Contrairement à ce que certains voudraient croire, les jeunes générations veulent encore travailler. Néanmoins, pour eux, le télétravail est devenu une composante indissociable du travail, un acquis. Selon une étude de BCG, 37% des salariés sont prêts à démissionner si leur employeur ne leur laisse pas la possibilité de télétravailler. La tentation de faire machine arrière sur le télétravail, comme observée récemment, serait donc une erreur.
La Gen Z n'oppose pas systématiquement « bureau » et « télétravail ». Elle recherche la flexibilité, que ce soit en télétravail, dans des espaces de coworking ou en entreprise, pour répondre à ses besoins changeants et pour maximiser sa productivité. Le bien-être émotionnel est devenu essentiel, avec une culture du feedback et un management collaboratif qui valorisent chaque voix et compétence. Les jeunes cherchent à réinventer le bureau comme un lieu d'échange et de partage qui stimule la créativité, plutôt que de le déserter.
Cette redéfinition du lieu de travail s'accompagne naturellement d'une évolution des modèles de management, où le management participatif et horizontal émerge comme une réponse aux attentes des jeunes travailleurs, y compris les freelances. L'holacratie, le management agile et le management de l'échec sont des exemples de ces nouvelles approches qui favorisent l'autonomie, la flexibilité et l'innovation. Ces nouveaux modèles, contrairement à ce que l’on peut penser, reflètent finalement l’envie des plus jeunes de participer activement aux discussions et aux choix qui définissent la trajectoire de l’entreprise.
Un job qui a du sens ne garantit pas un collaborateur fidèle
Parallèlement à la reprise en main de leur temps et de leur espace, l'autre grande attente des jeunes générations s'exprime à travers la quête de sens. Pour eux, le travail n'est plus simplement une transaction financière, mais une occasion de contribuer à la société et à l'environnement.
Engagés et intransigeants, les jeunes générations vont au-delà des simples déclarations d'intention en matière de RSE. Pour elles, l'action concrète prime sur les promesses. La Gen Z est prête à changer de cap sans hésitation si son environnement professionnel ne répond pas à ses aspirations. Pour elle, la RSE se traduit par des initiatives telles que la semaine de quatre jours, l'allocation de temps pour des projets personnels, la promotion de l'inclusion et de la parité. Elle réclame des changements palpables qui se manifestent au quotidien, créant un environnement professionnel en accord avec ses valeurs.
Mais l'idée que la quête de sens garantit automatiquement la fidélité des collaborateurs est remise en question. La Gen Z privilégie les contrats courts, voire l'entrepreneuriat : 68% des moins de 30 ans expriment ce désir, à en croire une étude de l'Adie. Cette génération embrasse la pluriactivité ou le multisalariat, cumulant plusieurs jobs (les « slasheurs ») dans des domaines variés. Ces jeunes ne s’inscrivent pas dans un temps long ; ils sont nés à l'ère numérique, celle de l'instantané.
Alors, la génération Z est-elle vraiment différente ? Pas vraiment à en croire ses aspirations. À la recherche d'un équilibre et tout aussi engagée, elle reflète simplement une évolution des codes de la société, comme les générations qui l'ont précédée. Les générations Y et Z représenteront 75% des travailleurs en 2030. Les entreprises ont donc tout intérêt à prendre en compte ces attentes émergentes pour rester compétitives et éviter la pénurie de talents.