On ne parlait au début que de ChatGPT, Dall-E ou Midjourney. C’était sans compter sur une seconde génération d’outils plus spécialisés et capables de servir, par tâche ou par métier, les intérêts du marketing et de la publicité. Revue choisie pour se faciliter le quotidien.

- Sora, pour créer des films

L’essor des solutions vidéo n’en finit plus. Après les premières créations générées en 2023 par Stable Diffusion, Dall-E et surtout Runway, 2024 sera l’année de Google Lumière, mais surtout de Sora, le prochain bébé d’OpenAI. En générant des vidéos jusqu’à 60 secondes, Sora affirme se distinguer par un réalisme et une fluidité hors normes, en gommant les barrières techniques et financières. Alors que la démo a cumulé en quelques heures des millions de vues, Sora reste pour l’instant en phase expérimentale sur un groupe de bêtatesteurs triés sur le volet. Une démarche qui souligne peut-être l’importance que l’entreprise accorde maintenant à l’éthique.

- Pencil, pour imaginer et décliner des campagnes digitales

Cette plateforme de création, production et diffusion de contenus, qui a déjà conçu plus d’1 million de publicités depuis 2018, représente la dernière acquisition de Brandtech Group. Sa promesse ? Automatiser, dans un environnement protégé, le déploiement d’un concept marketing ou publicitaire sur toute la chaîne, de l’idéation jusqu’à la distribution, en passant par la stratégie. Le contenu est ensuite mis en page dans les formats spécifiques de chaque plateforme. Une nouvelle manière de faire, testée récemment par le groupe Danone, pour sa marque Activia, avec un outil qui a su proposer des exemples de petit-déjeuner culturellement adaptés à chaque marché. « Le gain d’efficacité en temps et en performance est considérable. Cependant, Pencil est pensé pour que l’humain garde la main, et les résultats sont étroitement liés à la qualité des prompts ainsi qu’à l’entraînement préalable de l’outil à partir des directives de la marque », rappelle Julie Hardy, partner de Brandtech Group.

- Pour automatiser son contenu et optimiser son SEO

Et si l’autrice de ces lignes pointait bientôt au chômage ? En quelques mois, les avancées de l’IA générative en matière de rédaction de contenus se révèlent exponentielles. Copy.ai, Texta.ai, Writesonic, Jasper… Les solutions foisonnent, pour proposer non seulement de la génération intelligente de textes de qualité, mais aussi l’optimisation SEO automatisée visant à améliorer leur référencement naturel. Autres atouts : la conversion automatique en dizaines de langues ou la personnalisation des contenus en fonction de la plateforme de marque et de sa tonalité. Quelques instants suffisent désormais à créer un texte long ou court, voire à identifier des idées de contenus. De quoi faire les beaux jours des professionnels du marketing.

- Synthesio, pour réaliser son social listening

Chez Ipsos aussi, la révolution est en marche. « Nos analystes et data scientists ont injecté de l’IA générative dans notre plateforme Synthesio pour permettre aux clients abonnés de générer des insights en quelques clics », résume Nicolas Baudéan, chargé du développement commercial de la solution. Celle-ci propose des cas d’usage en libre-service, sous forme de boutons interactifs et cliquables, permettant de collecter en quelques secondes toute la donnée sociale d’un sujet et fournir des insights, ce qui prenait auparavant jusqu’à 15 jours. « On peut aussi zoomer sur des pays, des langues, des périodes… L’information traitée reste consultable et transparente », précise Mathilde Guinaudeau, sa responsable France. En tout, 32 cas d’usage sont déjà disponibles. Parmi eux, l’identification d’irritants de marque ou les tendances d’un secteur. La technologie garantit évidemment la sécurisation des données.

- Brand Guardian, pour contrôler les déclinaisons de sa marque

Avec la démultiplication des formats, les marques maîtrisent mal la conformité de leurs contenus. Brand Guardian, technologie signée VML France, promet de changer les choses en automatisant le contrôle sur des milliers de productions. « Les annonceurs paramètrent les critères à surveiller avec des distinctions par marché : charte graphique, valeurs de diversité, éléments légaux, packaging et même droits d’auteur attachés aux images. L’outil peut alors contrôler et réviser automatiquement toute production. Il propose aussi un score d’inclusion et connaît les spécificités techniques des plateformes de diffusion », résume Vincent Druguet, le CEO France. Développé avec Microsoft, Brand Guardian est utilisée par 15 marques internationales, qui confient « réduire les temps de contrôle jusqu’à 92 % ».

- Heygen, pour doubler ses campagnes et ses événements

Il y a encore quelques mois, il fallait juxtaposer plusieurs logiciels pour doubler une vidéo. Heygen industrialise le processus depuis peu en sept langues, en respectant, par le clonage de la voix, toutes les intonations, et ce, avec un travail de synchronisation labiale. L’outil est devenu viral en septembre 2023, lors d’une conférence de presse où Lionel Messi parle un fluent English dont il ne maîtrise pourtant pas un mot. Les entreprises s’y essaient depuis, pour doubler leurs formations, webinaires, discours, publicités, visioconférences ou campagne d’influence. Des artistes comme Jean Dujardin s’en inquiètent : « Plus personne devant le micro. Voici ce qui pourrait arriver aux comédiens de la voix off et du doublage ainsi qu’aux acteurs si l’IA n’est pas cadrée par des lois », postait-il en mai 2023 sur Instagram. La dernière fonctionnalité proposée par la solution, Avatar in Motion, va dans ce sens, en facilitant la création d’avatars humains en mouvement criants de vérité.

- Xpln.ai, pour mesurer le nouveau KPI de l’attention

De par la fragmentation croissante des médias, un Français est exposé à 1 200 stimuli publicitaires quotidiens, avec un taux de mémorisation qui en pâtit de fait. L’ad tech Xpln.ai propose donc un nouveau métrique, celui du score d’attention. La technologie décompose ainsi les variables du format, pour évaluer la probabilité qu’une publicité soit regardée : part de visibilité, temps de présence, position du player, activation du son, encombrement publicitaire… Une nouvelle donne qui bouscule les normes de visibilité et de complétion. La plateforme TF1+ s’est déjà emparée de cette innovation pour réévaluer ses inventaires. L’analyse des premières données lui donne raison, en démontrant des scores d’attention de 15,53 secondes sur un spot d’une durée de 20 secondes, soit 50 % de plus en moyenne à format équivalent.

- Pour démasquer l’IA sans être soi-même démasqué

Si l’IA fait tant débat, c’est pour sa faculté à incarner le problème autant que la solution. D’où l’apparition de deux nouveaux incontournables dans toute direction marketing, qui doit désormais pouvoir détecter les productions générées par l’IA tout en l’utilisant elle-même sans être débusquée. Schizophrénique. Bon nombre de solutions et d’API se sont emparées du créneau. GPTinf et Undetectable, pour ne citer qu’eux, font par exemple la promesse de générer des contenus suffisamment authentiques pour tromper les moteurs de recherche qui traquent l’IA dans le but d’opérer leur référencement. Copyleaks, Grover, Originality ou Lucide AI, solution made in France, s’érigent également en pourfendeur de l’utilisation de l’intelligence artificielle en recherchant à grande échelle plagiats ou similitudes à travers le web et en démontant les fake news.

- Success.ai ou Notify.ai, pour optimiser ses dispositifs e-mailing

L’IA s’est aussi mis en tête de dépoussiérer le bon vieil email. Plusieurs propositions existent donc pour automatiser et optimiser le succès de ce moyen de communication inébranlable. Parmi elles, Success.ai et Notify. Ai, compatibles avec les plateformes CRM des annonceurs, et capables d’améliorer l’efficacité des campagnes en les personnalisant pour augmenter le taux d’ouverture moyen. Les utilisateurs peuvent créer et planifier des campagnes dynamiques, délivrées au meilleur moment défini par la machine, contrôler la pression publicitaire ou encore automatiser d’autres éléments comme les réponses et les relances. Les dispositifs peuvent être analysés avec des indicateurs d’engagement ou des critères tels que le temps de lecture ou le nombre de mots spam, et être optimisés en quelques clics.

- Pour réinventer son chatbot

Qu’il s’agisse de redonner du peps à son outil avec le savoir des IA génératives généralistes ou d’utiliser une technologie dédiée, le chatbot se réinvente bel et bien. Fini les robots rigides incapables de sortir de leurs arborescences, place à des assistants conversationnels surentraînés sur de la data et capables de converser naturellement pour faire oublier la machine. Certaines solutions tout en un, à l’image de Drift ou Crisp, permettent en effet d’engager les visiteurs d’un site web en temps réel, sans compétence technique nécessaire à leur mise en place. ManyChat propose quant à lui une spécialisation sur Facebook, Messenger, Instagram ou WhatsApp, quand Thankful, axé e-commerce, se distingue par une technologie supérieure de traitement du langage naturel pour mieux comprendre les demandes clients. Il n’y a plus qu’à choisir.