Alors que selon Le Parisien, «l’entourage présidentiel rodait un slogan qu’Emmanuel Macron aurait bien inauguré autour du 14-Juillet : la “France sereine”», le 3 juillet, la cagnotte de soutien au policier de Nanterre atteignait le million d’euros, mettant encore un peu plus de feu aux poudres.

L’autre soir, je suis restée coincée au Louvre. Pas pour une nuit enchantée avec les grands maîtres de l’art. C’était le vendredi 30 juin et nous sortions de la nocturne de l’exposition consacrée aux chefs-d’œuvre du Capodimonte, musée napolitain. À 21 h 30, heure de fermeture, impossible de sortir de l’ancien palais royal. Alors que les visiteurs venaient de contempler des toiles donnant à voir de grands insurgés – la Judith décapitant Holopherne d’Artemisia Gentileschi, pour ne citer qu’elle -, à un jet de pierre, des émeutes éclataient rue de Rivoli sous les fumigènes et les lacrymos. Vertigineux. Le vertige saisit aussi lorsqu’on se souvient de ce qui avait prétention à constituer un moment historique, exactement au même endroit : l’arrivée en 2017 d’Emmanuel Macron, tout juste élu, au Louvre, à pied, seul, avec en fond sonore… L’Ode à la Joie. Ce qui devait constituer un symbole fort prend aujourd’hui l’allure d’un simple geste de communication, d’un chromo jauni. Alors que selon Le Parisien, « l’entourage présidentiel rodait un slogan qu’Emmanuel Macron aurait bien inauguré autour du 14-Juillet : la “France sereine” », le 3 juillet, la cagnotte de soutien au policier de Nanterre atteignait le million d’euros - mettant encore un peu plus de feu aux poudres. Là, on n’est plus seulement dans le symbole. Et l’on ne peut s’empêcher de repenser à la punchline incantatoire du - visionnaire - film La Haine (1995), chronique d’émeutes à la suite d’une bavure policière : jusqu’ici, tout va bien, jusqu’ici, tout va bien, jusqu'ici, tout va bien.