Fondé en 2002 dans un appartement de Bordeaux par des développeurs passionnés, Asobo Studio est aujourd’hui l’un des leaders du jeu vidéo français où la concurrence est rude. Son dernier opus, A Plague Tale : Requiem, est un grand succès.

La « French touch » existe aussi dans le monde du jeu vidéo. Parmi les plus grands de l’industrie figurent Ubisoft, studio connu internationalement pour la série Assassin’s Creed, et d’autres comme Arkane ou Quantic Dream. Et aux côtés de ces trois géants, une étoile montante parvient à s’immiscer : Asobo Studio, créé en 2002 par douze développeurs qui se sont réunis pour réaliser leur rêve. L’entreprise, qui compte aujourd’hui 280 collaborateurs, est installée à Bordeaux depuis l’origine. Pour atteindre cette taille respectable, Asobo a longtemps travaillé sur des adaptations en jeux vidéo de films Disney Pixar (Ratatouille, Wall-E, Toy Story 3) pour le compte d’éditeurs comme THQ, mais aussi sur des jeux commissionnés par Microsoft Studios. « Travailler avec Disney Pixar développe la créativité, tout en apprenant à conserver une certaine humilité », expliquait le directeur des opérations Gregory Carreau dans un entretien récent au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

De nouveaux choix créatifs

Cette série de tremplins a permis de gagner assez d’expérience pour sortir en 2019 un projet original nommé « A Plague Tale : Innocence ». Un jeu d’aventure qui met le participant dans la peau d’Amicia de Rune, une adolescente accompagnée de son jeune frère Hugo qu’elle doit protéger dans une France médiévale ravagée par la peste noire. Un jeu à la direction artistique sombre, loin du catalogue coloré et familial d’Asobo : « Le côté sombre est un choix créatif qui est venu au fur et à mesure des phases de conception, raconte Gregory Carreau. C’est un jeu historique avec un ton réaliste, malgré quelques éléments fantastiques. Et en tant que studio aquitain, nous avons voulu situer le jeu dans une région qu’on affectionne. »

En 2020, Asobo développe Microsoft Flight Simulator, une simulation réaliste de pilotage d’avion. Un projet bien plus ambitieux que les jeux développés jusque-là avec le géant américain. « C’est une grosse production qui a mobilisé 120 de nos employés. Nous devions trouver le moyen de représenter notre planète d’une manière qui n’avait jamais été faite dans un jeu vidéo pour pousser le réalisme à son paroxysme. C’est là que les technologies comme Bing [moteur de recherche de Microsoft] nous ont été utiles », détaillait le cofondateur d’Asobo David Dedeine lors d’un passage chez Rubika, l’école de création numérique spécialisée dans le jeu vidéo dont il a été diplômé en 1997. Le jeu a séduit plus d’un million de joueurs, le meilleur lancement de la franchise en quarante ans. Conforté par ces succès, Asobo a sorti à la fin de l’année dernière A Plague Tale : Requiem, suite de l’opus de 2019, avec le même duo de personnages mais cette fois dans le sud de la France. Lors de la dernière cérémonie des Pégases, les César du jeu vidéo, A Plague Tale : Requiem a reçu le prix de l’excellence visuelle et narrative, ainsi que le prix du public.