Au cœur du Berry, une famille d’irréductibles gourmands régale ses clients depuis plus de cent ans. À l’origine simple boulangerie familiale, la Maison Mercier est désormais une entreprise prospère, qui rend à ceux qui produisent le cacao via une association de chocolatiers engagés.

En 1912, une petite boulangerie ouvre ses portes. Créée par Marcel Mercier, elle passe de génération en génération jusqu’à Daniel, qui la dirige depuis 1987 à Bourges : « Je suis tombé dedans tout petit ! », explique-t-il. Une évidence donc, même s’il lui faudra attendre un repas avec son père pour qu’il décide de s’impliquer et de reprendre l’entreprise. « Pourquoi ? Je ne sais pas. » Comme si une force extérieure l’avait poussé. S’approprier un tel projet met un poids sur les épaules : « Le poids de la famille et de la tradition. Je n’ai pas inventé le chocolat, mais j’ai hérité du savoir-faire, du beau et du bon. »

Berrichons dans l’âme

La Maison Mercier aujourd’hui, ce sont tout d’abord des produits locaux. À l’origine boulangers, les Mercier se démarquaient par leurs biscuits et leurs spécialités régionales : croquets du Berry, crottins de Chavignol, etc. Au fil des années, ils se diversifient, et c’est en 1988, alors que le premier site de production vient d’être lancé, que chocolats, macarons et glaces sont ajoutés au catalogue. Depuis, ils se sont imposés comme chocolatiers sans pour autant oublier leurs origines. Les crottins se font désormais en chocolat, de même que le « Berrichon », un camembert chocolaté en trompe-l’œil ! D’où vient l’inspiration de Daniel ? « Aucune idée », répond-il. C’est le quotidien qui l’aide à mettre en place de nouvelles recettes, de nouvelles créations : son jeu d’échecs chocolaté est inspiré de l’échiquier de son fils ; ses différents choux trouvent leur origine dans le mécontentement de ses filles qui, elles aussi, voulaient une sucrerie en leur honneur. C’est simple : « Si je me lève en me disant que je vais créer aujourd’hui, ça ne marche jamais. »

Mais dans la Maison Mercier, il n’y a pas que la vente qui importe, il y a la manière de produire aussi. Le cacao est la quatrième cause de déforestation dans le monde. Et il y a plusieurs années, Daniel prend conscience que « les planteurs vivent une vraie misère ». Il décide de changer cela et crée en 2017, avec d’autres membres du métier, le club Chocolatiers engagés. L’objectif du programme est de mieux rémunérer les planteurs en échange d’une production plus éthique : fin du travail des enfants et arrêt de la déforestation, en échange d’une aide au développement des petites exploitations. Une première mondiale. Récemment, c’est au Cameroun qu’il a mis en place ce système.

Mais l’objectif est aussi de le faire savoir au consommateur. Aussi un film est-il en préparation. Réalisé par Laurent Sorcelle, il sera diffusé l’année prochaine. Daniel en attend beaucoup : « Je souhaite dire à nos consommateurs que derrière ce bout de chocolat, il y a des producteurs qui travaillent dur et qui ont vécu dans la pauvreté. » Depuis 2020, deux de ses enfants ont rejoint l’entreprise. Les irréductibles Mercier ont encore de bons et beaux jours devant eux.