À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Snapchat et son studio de réalité augmentée AR studio rendent hommage à huit femmes qui ont marqué l’histoire en érigeant leur statue virtuelle dans huit villes françaises. Un acte militant tant pour la condition des femmes que pour la technologie.
« Huit mars, huit femmes, huit villes ». Derrière cette signature en forme d'énumération résonne de manière sous-jacente une revendication, tel un slogan porté haut et fort en manifestation, scandée par le réseau social Snapchat et son studio de réalité augmentée parisien. Niché en plein cœur de la Station F, l’AR studio a été principalement développé par sa maison-mère pour investir et sensibiliser aux avantages de la réalité augmentée en France afin d’accroître son impact dans les secteurs de la culture, du divertissement et de l’éducation. Avec une équipe dédiée uniquement à des partenariats non-commerciaux. « Nous avons un budget alloué à l’année de production et de communication sur ces projets. Avec pour objectif, si on peut, de donner naissance à un projet tous les deux mois. C’est un cercle vertueux qui permet notamment d’aider l’écosystème français dans la reconnaissance de la réalité augmentée », explique Donatien Bozon, directeur de l’AR Studio.
Assis à une table longue de quatre mètres, cinq membres de l’équipe de l’AR Studio (ils sont quatorze au total). Ils introduisent leur opération par cette observation : « Dans les espaces publics, 90 à 95% des statues sont érigées en l’honneur des hommes. Et si des femmes existent, elles sont essentiellement des allégories. Nous voulions rétablir une sorte d’équilibre, à notre échelle », avance Donatien Bozon. Bien qu’autant de femmes que d’hommes aient marqué le cours de l’histoire, la majorité de l’espace urbain en France rend hommage à des personnages masculins. Si l’égalité ne peut pas être rétablie dans la vie réelle, pourquoi ne pas imaginer un monde virtuel où les hommes et les femmes seraient logés à la même enseigne, à titre posthume du moins ? C’est en tout cas le projet auquel s’attelle depuis trois mois l’AR Studio.
Ainsi, l’équipe dédiée aux partenariats non-commerciaux a lancé ce projet « Huit mars, huit femmes » en façonnant des statues en réalité augmentée de femmes historiques, tant dans le domaine de la politique, des arts et des lettres ou encore de la résistance. Ces statues virtuelles sont installées au côté des statues physiques de leurs homologues masculins dans huit villes de France. Simone Veil se retrouve donc à Paris, Simone de Beauvoir à Lyon, Élisabeth Vigée Le Brun à Marseille, Françoise de Graffigny à Bordeaux, Manon Tardon à Nantes, Joséphine Baker à Metz, Olympe de Gouges à Strasbourg et enfin Hubertine Auclert à Lille. Au cours d’une balade dans ces grandes villes, les utilisateurs Snapchat pourront donc activer une Lens (lentille) préchargée dans le carrousel des Lens proposées par Snapchat, placer leur caméra face aux statues et voir apparaître leurs homologues féminines. « Il y a eu une grosse réflexion créative, il a fallu d’abord trouver des statues existantes dans des espaces publics qui se prêtent à la faisabilité du projet, donc centraux, avec beaucoup de passage. Une fois les statues trouvées, il fallait réfléchir à leurs pairs. Parfois il y a des associations entre les personnalités et les villes et parfois non », relate Tristan Quil, production manager.
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Une fois les huit femmes validées, vient le temps de la réalisation. D’abord par des dessins, puis par une phase de mock-up – c’est-à-dire de test sur le terrain, puis de story-board ou comment faire comprendre aux utilisateurs qu’il se passe quelque chose sous leurs yeux. « Nous souhaitions réaliser une expérience intuitive et la plus fluide possible avec le moins d’écriture. En revanche, nous nous sommes demandés ce que nous pouvions apporter de plus à l’utilisateur et nous avons choisi d’insérer une petite biographie à côté de ces femmes », continue Tristan Quil. Pour concevoir cette expérience en réalité augmentée, une artiste 3D et une ingénieure en réalité augmentée ont réalisé la conception, la sculpture des statues et le développement de l’interactivité afin de donner vie à ces expériences et proposer des représentations de ces femmes au plus proche du réel. « Tout a été fait à la main. Pour chaque statue j’ai tenté de reproduire la même matière que les modèles, en les sculptant », lance la 3D designer, Mone-Praseuth Sisoukraj. Simone Veil aura servi de cobaye dès le mois de novembre 2022 pour pouvoir enchaîner sur les autres femmes.
Ces modèles ont ensuite été chargés sur le logiciel de Snapchat, Lens Studio. « Il y avait beaucoup de contraintes à prendre en compte, notamment les modèles de téléphones avec lesquels l’utilisateur pourrait utiliser ce filtre. Nous devons rester accessibles à tous », reprend Tristan Quil. L’AR Studio a bien conscience de l’ampleur du projet, c’est pourquoi il s'est fait aider par Atomic Digital, un studio également spécialisé dans la réalité augmentée. « Nous ne pouvions pas tout faire à l’échelle de huit villes. Même si en ce moment notre testeur en qualité assurance est en plein tour de France pour s’assurer que le filtre fonctionne bien avec les différents modèles de smartphones », évoque Donatien Bozon. En plus d’afficher son militantisme en faveur de la commémoration de ces femmes historiques, l’AR Studio milite activement pour la reconnaissance et l’utilité de la réalité augmentée. Ne reste plus qu’à tester le jour J la fiabilité de cette technologie.