Making of

Pour alerter sur le désintérêt de la justice française de la part des candidats à l’élection présidentielle, l’Ordre des avocats de Paris a lancé une campagne d’affichage aux côtés de l’agence Okó. Avec un slogan fort : « La justice n’est pas un privilège ».

« La justice ne vivra pas sans idées et sans moyens », tel est le message porté par l’Ordre des avocats de Paris qui pointe du doigt l’absence de discussion autour de la justice dans cette course à l’élection. Depuis le 28 mars, 1100 affiches arborent la capitale, représentant six des douze prétendants au poste de président accoutrés comme des monarques de l’Ancien Régime. Si la campagne a bien fonctionné sur les réseaux sociaux et a été reprise par plusieurs médias, originellement, elle n’était pas censée ressembler à cela. « Nous avions déjà réservé le calage d’affiches, tout était prêt et puis à peine quelques jours avant l’envoi à l’imprimerie, le directeur de la création, Wilfrid Guerin, nous envoie une campagne qui vient de sortir avec la même idée que la nôtre », confie Hervé Francès, fondateur de l’agence Okó. C’est donc la panique à bord puisque le délai était très serré. Pourtant, Hervé Francès trouve rapidement l’idée qui va les faire rebondir : « Cela m’est venu le matin, quand j’ai écouté les passages de certains candidats à la radio. Je me suis fait la remarque que ce qu’ils disaient était vraiment “old school” ». De là, lui vient le concept de représenter les candidats habillés comme sous l’Ancien Régime. Avec Wilfrid Guerin, ils réalisent quelques recherches le restant de la matinée. Vers 12h30, ils l’envoient, et en quelques minutes le nouveau brief est validé. La machine est donc relancée.

Informer les Français

Pour cette campagne visant à mettre la lumière sur tous les types de justice, l’Ordre des avocats de Paris a lancé un appel d’offres début février à cinq agences. Au bout de huit jours de compétition, c’est Okó qui les a le plus convaincus. Adrien Croze, directeur de communication, explique qu' « ils ont pris un parti créatif qui est l’alliage parfait des enjeux qu’on voulait mettre en avant ». Une expérience qu’ils ont réitérée puisqu’en 2017, dans le même contexte de la présidentielle, l’agence et l’Ordre des avocats de Paris avaient collaboré une première fois en incarnant cette fois-ci les candidats en hommes de Cro-Magnon.

Ce sont donc Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Emmanuel Macron qui sont incrustés dans des costumes et décors de l’Ancien Régime. « Notre objectif est d’interpeller le grand public et le choix de la date n’est pas anodin, puisqu’on sait que généralement les gens s’intéressent à l’élection une dizaine de jours avant. Pour une question de logistique, on ne peut pas représenter l’intégralité des candidats, nous avons donc choisi en fonction de leur place dans les sondages », rapporte Matthieu Baccialone, directeur des affaires publiques à l’Ordre des avocats de Paris. En plus de ces portraits, un manifeste comprenant dix propositions pour obtenir une réforme de la justice a été transmis aux candidats. Bien que la campagne ait réussi son effet, aucun d’entre eux n’a pour le moment répondu à l'appel.

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