Tourisme d'affaires

Description

Un peu plus rares, un peu plus proches, un peu plus courts, mais sensiblement plus denses en termes de contenu et de participants. Les voyages professionnels traduisent le souci de rentabilité unanimement affiché par les entreprises, ce qui ne semble pas altérer l'économie générale du marché du tourisme d'affaires, bien au ­contraire. L'étude annuelle Coach Omnium-Bedouk Meetings&Events Media estime à 9,04 milliards d'euros les dépenses consenties en 2007 en matière de voyages d'affaires par les entreprises françaises et étrangères établies en France (+ 2,7 % par rapport à 2006). « Le budget des entreprises en matière de tourisme d'affaires poursuit un mouvement de croissance régulière. Seule l'année 2003 aura accusé un infléchissement dans la tendance », rappelle Benoît Rosenthal, directeur général de Bedouk Meetings&Events Media. De quoi remplir les allées du salon Bedouk MC&IT du tourisme d'affaires et de l'événementiel, qui se tiendra les 6 et 7 février à Paris Expo.
Autre éclairage sur l'évolution du marché, le baromètre annuel d'American Express voyages d'affaires constate également la bonne santé du marché français, qui progresse de 3,3 %, à 26,6 milliards d'euros, en raison notamment du déploiement à l'international des grandes entreprises. Certes, le plus gros acheteur de nuitées en France reste le CNRS, avec une dépense annuelle de 15 millions d'euros essentiellement concentrée sur de l'hébergement individuel et sur les catégories d'entrée de gamme. Mais la santé du marché est surtout portée par la croissance des investissements du côté des grands comptes. « Le budget moyen consacré par les grandes entreprises au tourisme d'affaires a augmenté de 25 % », note Ziad Minkara, directeur associé de CDS Groupe, spécialisé dans la gestion centralisée de réservation de chambres d'hôtel et de salles de séminaire.

Rationaliser les coûts

Selon American Express voyages d'affaires, ­réseau de tour-opérateurs spécialisés, le marché devrait encore progresser de 2,8 % en 2008, à 27,1 milliards d'euros. Un tiers des sociétés revendiquent une augmentation de leur budget voyages. Les entreprises ont globalement renforcé le contrôle de leur politique d'incentive et l'usage d'Internet se généralise dans le cadre des voyages d'affaires, pour concerner cette année 63 % des entreprises. Les acheteurs privilégient l'hôtellerie trois et quatre étoiles, cette dernière ayant connu en 2006 une véritable envolée. Confirmation d'une tendance à la rationalisation du marché : moins d'événements - les voyages annuels sont souvent remis en cause-, des manifestations plus courtes, mais avec davantage de participants. « Le nombre moyen d'invités pour les séminaires à l'étranger a grimpé à cent cinquante », précise Ziad Minkara. D'où l'essor d'une demande en matière de grosses structures d'accueil.
Si l'Europe représente 60 % du marché global du tourisme d'affaires de groupe, avec une demande marquée pour des villes comme Barcelone, Rome, Paris et les capitales plus orientales du continent, les professionnels constatent la concurrence accrue des marchés émergents : l'Asie, avec la Chine et l'Inde, mais aussi le Moyen-Orient, avec le Qatar ou Dubai. À noter également, l'essor de l'Amérique latine et notamment du Costa Rica. Explication : « Les entreprises sont en quête de nouveauté. Malgré, par endroits, des lacunes en termes d'infrastructures d'accueil », remarque Benoît Rosenthal. La bonne santé du marché de la motivation devrait sans doute encourager les opérateurs à formaliser et développer des dessertes et des offres susceptibles de répondre aux attentes des entreprises. Mais, globalement, le voyage d'affaires confirme une tendance au rapprochement des sites d'accueil. Un mouvement qui répond à un souci d'efficacité professionnelle. Plus question de faire perdre du temps à des collaborateurs dont on exige chaque jour davantage de productivité.
« L'émergence de directions des achats accélère la rationalisation générale du marché », commente Ziad Minkara. Selon le cabinet américain Phocus Wright, une société sur trois dans le monde a mis en place une politique de voyages globale. Les entreprises ont réorganisé leurs dépenses et lancé des appels d'offres au niveau national, voire mondial. Une tendance qui a poussé les « offreurs » français à se structurer : davantage de spécialisation, de forts investissements dans les nouvelles technologies et une recherche d'alliances au niveau mondial. Et pour cause : les touristes professionnels consomment entre 2,5 et 3 fois plus que les touristes de loisirs. En 2007, ils auront même augmenté leurs propres dépenses de 7 %.
Pour répondre à la demande, quelque 2 000hôtels de France ont développé un service affaires. En décembre, Accor annonçait l'ouverture, sous l'enseigne Pullman, de 12hôtels en France, Allemagne, Belgique, Thaïlande et Chine. Ce nouveau réseau haut de gamme non standardisé devrait compter 50 établissements en 2008 et près de 300 d'ici à 2015. La moitié du réseau sera déployé dans les pays des zones à forte croissance (Moyen-Orient et Afrique, Amérique du Sud, Asie, Europe de l'Est).
L'hébergement représente 20 % de l'activité du tourisme d'affaires et intéresse de plus en plus d'acteurs cherchant à développer des aides à l'achat pour les entreprises. American Express voyages d'affaires a ainsi lancé son propre portail de réservation d'hôtels, Amex Hotel Hub : une base de données référençant 120 000 établissements, jusqu'alors uniquement utilisée en interne. Les clients d'American Express voyages d'affaires peuvent ainsi avoir accès aux tarifs négociés et aux promotions (jusqu'à 60 % en dessous du prix du marché). Le service est personnalisable en fonction des besoins des entreprises (volume de réservation, catégorie d'hôtel, localisation, commentaires, etc.).

Aider au développement

L'Hexagone dispose de réels atouts en matière d'infrastructures. Les observateurs recensent quelque 2 000 établissements susceptibles d'accueillir des manifestations professionnelles d'au moins 200 personnes. La France est le pays européen le mieux équipé pour les congrès (et le deuxième au monde après les États-Unis) : 120 centres de congrès (dont 95 palais des congrès), représentant une capacité totale de 127 000 places, et 15entités de plus de 4 000 places. Les parcs d'exposition, eux, disposent d'une surface totale de 1,8 million de mètres carrés utiles.
À l'autre bout de la chaîne de prestations, les agences doivent plus que jamais accélérer leur mouvement de professionnalisation. « Toutes les tendances dans la demande des entreprises convergent pour nous rappeler que nous sommes plus que jamais des conseils en communication », soutient Frédéric Bedin, président de l'Association des agences de communication événementielle (Anaé) et directeur général du Public Système. Pour les agences, il faut désormais pouvoir poser les bonnes questions, faire accoucher des bonnes réponses, proposer les bonnes solutions, actionner une véritable prestation de planning stratégique.
Et tenir compte d'impératifs d'un nouveau genre. Car, comme tous les marchés, le tourisme d'affaires se fait le relais de préoccupations éthiques. En l'espace de dix ans, l'association Tourism for Development (TFD) est parvenue à sensibiliser la filière des voyages et de l'événementiel aux problématiques citoyennes, via le financement de microprojets de développement durable, clairement localisés, pour des bénéficiaires précisément identifiés. Les tour-opérateurs partenaires s'engagent à verser 0,015 % de leur chiffre d'affaires à TFD pour financer ces projets. En voyageant avec un partenaire labellisé TFD, les entreprises s'engagent à l'informer des éventuels manquements à l'éthique qu'elles pourraient constater au cours du voyage. Elles peuvent également faire un don aux ONG maîtres d'oeuvre des projets soutenus par TFD. Ces projets sont sélectionnés en fonction de critères de durabilité : ils doivent être viables sur le plan économique, équitables sur les plans éthique et social et permettre aux populations locales concernées d'atteindre le seuil vital. Ils lancent des réalisations concrètes, tangibles et mesurables sur deux, trois quatre ou cinq ans. Budget moyen consenti par microprojet : de 10 000 à 30 000 euros par an.

L'avènement du bilan carbone

Mais, demain, c'est plus spécifiquement le credo « vert » qui pourrait structurer le marché, en inspirant de nouvelles pratiques et, par voie de conséquence, de nouveaux types de prestations. « On voit émerger des offres de la part d'opérateurs jusqu'alors relativement absents du marché, notamment en matière de récupération des matériaux. Mais il ne faut pas exagérer l'impact effectif de la préoccupation environnementaliste », nuance Benoît Rosenthal. L'impératif « durable » commence à générer ses premiers effets, au demeurant concordants avec l'évolution globale du marché. Écologie et économie, même combat : « Nos clients sont d'accord pour produire du carbone, mais il faut vraiment que cela vaille le coup. De manière générale, on constate un rétrécissement du rayon des destinations », affirme Frédéric Bedin.
Car le bilan carbone a fait son entrée dans le cahier des charges des organisateurs. Dans le cadre d'une importante manifestation prévue l'été prochain, Microsoft aurait ainsi exigé du Public Système de lui garantir un événement neutre en termes d'émission de carbone. « Le bilan carbone est aujourd'hui circonscrit aux grandes entreprises », souligne Benoît Rosenthal. Il n'empêche, le mouvement pourrait bientôt devenir général. Quant aux agences, elles devront pouvoir répondre à cette nouvelle demande et développer des expertises d'autant plus pointues qu'un bilan carbone s'inscrit dans une démarche systémique et actionne un spectre très étendu de paramètres. Là encore, avantage aux agences globales et fortement ­intégrées.
www.anae.org
 www.salon.bedouk.fr
 http://corp.americanexpress.com/gcs/intl/france/businesstravel
 http://cdsgroup.com