Finances
Derrière l'OPE que s'apprête à lancer le groupe Bolloré sur Havas se profile une prise de contrôle aux finalités avant tout financières. Quelques pistes sur les motivations de Vincent Bolloré.

La confirmation, par le groupe Havas, vendredi 17 octobre, aura été laconique. Un projet d'offre publique d'échange (OPE) lui a été transmis par le groupe Bolloré, son principal actionnaire (36,2% du capital). L'offre est «amicale, vise à renforcer le développement du groupe et n'aura pas d'impact social», s'est contenté de commenter Yannick Bolloré, président de Havas et fils de «l'offeur». Le groupe ne souhaite pas faire plus de commentaires, attendant la décision du conseil d’administration, qui doit se prononcer sur l’offre mi-novembre. En attendant, quelles sont les motivations de Vincent Bolloré dans cette affaire?

 

Renforcer Havas et son président. «Actionnaire de Havas depuis plus de dix ans, le groupe Bolloré manifeste sa volonté d'appuyer le développement du groupe et de confirmer son engagement à long terme», a déclaré Yannick Bolloré. Certes. Mais, dans les faits, Bolloré exerçait déjà un contrôle total sur Havas. Quant à la volonté de conforter Yannick Bolloré à la tête du groupe publicitaire, comme certains l'avancent, qui peut bien contester l'autorité du fils du principal actionnaire du groupe?

 

Saisir une opportunité financière. «Il y a une opportunité à saisir par rapport au cours de Bolloré, qui a beaucoup augmenté ces derniers mois, note un analyste, l'OPE devant se faire par échange d'actions, l'opération lui sera, de fait, favorable. C'est une opportunité financière intéressante.» Et que, manifestement, Vincent Bolloré, en investisseur avisé, ne pouvait laisser passer. Sans compter que le cours de bourse de Havas, jugé sous-évalué par certains, pourrait offrir un beau potentiel à la hausse. 

 

Préparer une cession. Avec une OPE, Bolloré vise un contrôle de Havas à hauteur de plus de 50%. Si cela ne change rien en termes de stratégie et de management pour le groupe publicitaire, «en revanche, cela place Vincent Bolloré en position de force dans l'éventualité d'une cession du groupe», estime le même analyste. De fait, si un repreneur se présente, c'est Vincent Bolloré qui décidera du prix et non le marché. Dans le cadre d'un apport à Vivendi, dont il détient 5% des parts? Peu vraisembable. En vue d'une cession ou d'une fusion avec un acteur de la data (Criteo, Ispos..), voire du web (Google, Yahoo…), ou avec autre groupe publicitaire? L'hypothèse Dentsu Aegis, complémentaire et source évidente de synergies, est sans doute la plus crédible. Une telle possibilité est évidemmement écartée par le groupe Bolloré, qui a déclaré peu après l'annonce du projet d'OPE ne pas avoir «l’intention de céder ou de transférer le contrôle» de Havas.

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