Télécoms
Le groupe Bouygues a rejeté, mardi 23 juin au soir, une offre de 10 milliards d'euros d'Altice pour le rachat de sa filiale Bouygues Telecom. En cause notamment, les risques sociaux, aussi épinglés par Bercy.

Contre toute attente, Le groupe Bouygues a rejeté mardi soir une offre de 10 milliards d'euros d'Altice pour le rachat de sa filiale Bouygues Telecom. L'offre de la maison-mère de Numericable-SFR avait été dévoilée par Le Journal du dimanche le 21 juin, provoquant une réaction vigoureuse du ministre de l'Economie.   

Reçu par Emmanuel Macron pendant que le conseil d'administration de Bouygues se réunissait, le président d'Altice s'est vu demander une «évaluation des résultats et des conséquences du rachat de SFR» par Numericable, l'an passé, a précisé à l'AFP une source proche du ministre. Le ministre a «rappelé la priorité du gouvernement, surtout sur l'emploi, l'investissement et le niveau des prix».

Le conseil d'administration de Bouygues «a décidé à l'unanimité, après un examen approfondi, de ne pas donner suite à l'offre non sollicitée du groupe Altice», précise sans ambages le communiqué, ajoutant que «l'offre représente un risque d'exécution important qu'il ne revient pas à Bouygues d'assumer, en particulier en matière de droit à la concurrence».   

«Risques sociaux»

Dans les motifs de refus évoqués dans le communiqué, Bouygues craint que les délais nécessaires pour finaliser l'opération, en particulier pour obtenir l'avis des autorités de régulation, fassent courir un risque industriel à sa filiale des télécoms alors qu'elle «dispose d'un avantage concurrentiel» grâce à son portefeuille de fréquences et son réseau 4G, qui couvre 70% du territoire. Le conseil d'administration évoque aussi «l'attention apportée aux conséquences d'une consolidation du marché sur l'emploi ainsi qu'aux risques sociaux nécessairement liés à une telle opération».  

Bouygues Telecom avait déjà, par le passé, suscité la convoitise de ses autres concurrents. L'opérateur historique Orange et Free (Iliad) avaient lancé des offres, toutes rejetées par Martin Bouygues. Une consolidation dans le secteur était pourtant jugée bénéfique par une majorité d'analystes, dont l'Idate. L'offre d'Altice aurait conduit à un nouveau chamboulement du paysage des télécoms français. Le secteur avait été secoué en janvier 2012, en passant de trois à quatre opérateurs avec l'arrivée de Free Mobile, qui avait lancé une féroce guerre des prix.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.