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La suspension de l'importation de mimolette aux Etats-Unis ravive le débat sur la politique hygiéniste outre-Atlantique.

Un éditorial du Washington Times dénonçant une "peur imaginaire", des Américains distribuant de la mimolette en plein cœur de New York, une page Facebook "Save the mimolette" créée pour l'occasion, et jusqu'à notre Jamel Debbouze national lançant "Let the mimolette tranquille!" dans une vidéo sur le Web... Après le roquefort et le foie gras, c'est au tour de la mimolette d'être sur la sellette outre-Atlantique.

La Food and Drug Administration (FDA) a suspendu l'importation de ce fromage traditionnel du nord de la France le qualifiant de "disgusting, putrid and decomposing - and totally unfit as food" ("dégoûtant, putride et en décomposition, totalement impropre à la consommation"). Les inspecteurs de la FDA pointent du doigt les cirons, ces acariens qui en colonisant la croûte de la mimolette lui donnent son goût caractéristique de noisette. Des petites bêtes soi-disant allergènes. Conséquence: depuis mars, 1,5 tonne de mimolette de l'entreprise normande Isigny Sainte-Mère, principal exportateur aux États-Unis depuis plus de vingt ans, est bloqué en douane.

 

Produit de niche

Pour tenter de raisonner les Américains, Olivier Le Picard, président du cabinet de lobbying Communication & Institutions, conseille aux producteurs et exportateurs de "plaider leur cause directement auprès de la FDA. Compte tenu de l'indépendance et du sérieux de cette institution, il s'agit sans doute plus d'un excès de zèle que d'un enjeu diplomatique. Jouer la carte politique serait contreproductif. Dans ce cas, les meilleurs soutiens sont à trouver aux Etats-Unis même, auprès de conseils en public affairs mais aussi des consommateurs".

Serge Michels, vice-président de Protéines, ajoute: "S'agissant d'un produit de niche voire de luxe, il n'y a pas vraiment d'enjeu aux Etats-Unis, mais cela peut justement être un argument minorant l'impact sanitaire."

Mais la société Isigny Sainte-Mère aurait mené ce combat... sans succès: "Cela fait plusieurs semaines que nous discutons avec la FDA, mais il semble très difficile de faire bouger les lignes. Et d'ailleurs, la mimolette n'est pas la seule concernée, d'autres fromages à croûte devraient tomber sous le coup de cette nouvelle mesure", regrette Jérôme Goulard, directeur du marketing et de la communication, qui étudie toutes les solutions: retirer la croûte avant exportation ou cesser tout commerce avec les Etats-Unis, qui de toute façon ne représentent que 2% de son chiffre d'affaires. 

Quoi qu'il en soit, de ce côté-ci de l'Atlantique, "c'est l'occasion pour les producteurs, face à l'approche hygiéniste des Etats-Unis, de mettre en valeur le caractère naturel et traditionnel de leur produit", estime Florent Chapel, directeur associé de LJ Corporate. 

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