Conjoncture
La presse en souffrance, des groupes audiovisuels malmenés, de grands noms d'internet attaqués, l'année 2015 n'aura été radieuse que pour Google, les afficheurs et quelques groupes plurimédias.

«Une année grise.» Selon Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, 2015 restera une année de grandes difficultés pour nombre de journaux, confrontés à une baisse sévère de leurs revenus publicitaires et de leurs ventes. En vingt ans, rappelle-t-il, la presse a vu son chiffre d'affaires chuter de 12 à 7 milliards d'euros, soit 40% de baisse. «C'est aussi le temps de vaches maigres pour l'audiovisuel, si on en juge par les résultats des groupes France Télévisions ou TF1», ajoute-t-il. Le groupe Canal+, numéro un du classement, peut heureusement compter sur l'international, et plus singulièrement l'Afrique, devenu sa première source de profit, pour sauver sa marge. «En 2016, on peut craindre des atterrissages meurtriers, résume l'expert. Les modèles doivent être réinventés pour le papier, le son et l'image.»

En témoigne le groupe JC Decaux, qui passe au deuxième rang dans notre classement en confortant son chiffre d'affaires de 4,2% et son résultat net de 14%. L'afficheur n'a cessé de se réinventer dans les lieux où il est implanté et dans les offres qu'il propose. Sa santé économique est à l'image du média, qui a longtemps été tenu à l'écart, en tant que pur support publicitaire, et qui profite aujourd'hui d'un regain d'intérêt en se déployant sur les supports digitaux. Cela montre le caractère non inéluctable des positions à priori inconfortables. Dans l'affichage donc, comme dans les groupes plurimédias. En effet, qui aurait pensé il y a quinze ans que les moribondes RMC et BFM deviendraient des marques fécondes en radio comme en télévision? Qui aurait cru aussi qu'elles seraient désormais adossées à un distributeur télécoms comme SFR?

Colmatages

A défaut d'être acquis à cette révolution culturelle, les médias ne font que colmater les brèches. C'est le cas dans la presse où les cures d'amaigrissement et les plans sociaux ne suffisent plus à faire repartir les titres. De grosses interrogations sont posées dans l'Est avec l'arrivée de Nicolas Théry à la tête du Crédit mutuel, qui possède le groupe de presse Ebra. Sur un chiffre d'affaires estimé à plus de 500 millions d'euros, ce sont pas moins de 50 millions de pertes qui s'accumulent dans les quotidiens du groupe. «Il y a une situation d'urgence à l'Est. Dans les couloirs de la banque, on n'est pas habitué à porter des pertes, ce n'est pas tenable par rapport à ses normes», indique Jean-Clément Texier, qui plaide pour une cession en bloc des titres. 

Enfin, les groupes français les plus en vue sur internet souffrent de plus en plus de la concurrence de Google. Solocal-Pages jaunes, qui réalise 73% de son chiffre d'affaires sur le web, progresse de 3,6% dans le numérique en 2015, mais cela ne suffit pas à maintenir à flot son chiffre d'affaires, qui baisse de 5,3%. De même, Hi-Media a été victime d'un basculement du display, qui l'a amené à afficher 40 millions d'euros de pertes. 

Des acteurs de la presse qui souffrent, des groupes audiovisuels malmenés, de grands noms de l'internet attaqués, 2015 n'aura été une année radieuse que pour Google, les afficheurs et quelques groupes plurimédias. 

 

Voir le classement des 200 permiers médias en France en 2015

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