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Choisie par les trois actionnaires du journal après le décès d’Erik Izraelewicz, la journaliste devra recueillir 60% des voix de la Société des rédacteurs du Monde pour prendre la direction du quotidien.

La diplomatie, Natalie Nougayrède connaît. A 46 ans, elle occupe le poste de correspondante diplomatique du Monde après avoir passé cinq ans en poste en Russie, entre 2001 et 2005. Cette qualité lui sera indispensable si elle est adoubée le 1er mars prochain par la Société des rédacteurs du Monde (SRM) auprès de laquelle elle doit recueillir 60% des voix pour prendre la direction du quotidien après la disparition brutale d'Erik Izraelewicz en novembre 2012.
Désignée par Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel, la journaliste a été préférée à Alain Faujas, Franck Nouchi et Arnaud Leparmentier. Un choix par défaut, qui révélerait surtout l'incapacité des actionnaires à se mettre d'accord sur les noms de Franck Nouchi et d'Arnaud Leparmentier? Selon une source syndicale, le premier était soutenu par Pierre Bergé, le second par Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Une divergence de points de vue qui refléterait l'affrontement entre deux visions et deux générations sur la place que doit occuper Le Monde entre institution de référence et déploiement numérique.

Passer l'oral


«Ce n'est pas un choix par défaut», dément Louis Dreyfus, président du directoire du groupe, qui laisse entendre que cette rumeur viendrait de «certains candidats amers». Selon lui, Natalie Nougayrède «incarne une forme d'excellence journalistique et porte haut les valeurs du Monde. Elle a une rigueur que personne ne peut mettre en doute et de l'enthousiasme à diriger Le Monde».
De là à considérer le vote de la SRM comme une simple formalité, personne ne s'y risque. En 2007, Jean-Marie Colombani a vu sa candidature à un troisième mandat à la tête du Monde rejetée par la SRM. Reste qu'un vote négatif de la rédaction prolongerait d'autant la période de transition et donc de relatif attentisme.

Lauréate du prix Albert-Londres en 2005 pour ses reportages en Tchétchénie et sur la prise d'otages dans l'école de Beslan, Natalie Nougayrède n'est pas très connue de la rédaction du Monde, car «elle assez individualiste, comme tout journaliste», explique une source interne. Son absence d'expérience dans le management et sa faible appétence pour les nouveaux médias peuvent également jouer en sa défaveur.
Jeudi 21 mars, elle doit convaincre la rédaction, réunie pour l'occasion en assemblée générale. Au cours de ce grand oral, elle présentera son projet, son programme et l'équipe qu'elle souhaite mettre en place. L'arrivée de Vincent Giret, directeur délégué de la rédaction de Libération, semble déjà actée. Celui-ci prendrait les fonctions de directeur adjoint du Monde ou de directeur de la rédaction. Reste à définir le périmètre de chacun. Selon Louis Dreyfus, Natalie Nougayrède reprendra, si elle est confirmée par le vote de la rédaction, l'ensemble des responsabilités d'Erik Izraelewicz pour un mandat de six ans.
Après la relance du journal opérée ces deux dernières années par Erik Izraelewicz, du lancement du magazine M à la refonte de tous les suppléments du journal, le prochain directeur - une femme pour la première fois de l'histoire du Monde - aura pour premiers chantiers la refonte de la zone abonnée du site Internet et le lancement d'un supplément économique quotidien en avril.
«Aujourd'hui, l'un de nos principaux défis est d'amener les moins de 25 ans vers nos marques, soulignait Louis Dreyfus début février. La logique mêlant gratuit et payant permet cela. C'est probablement ce qui permettra de compenser les difficultés que nous rencontrons dans la distribution et dans les kiosques. Notre intérêt n'est pas d'être une marque uniquement payante, sinon nous serons une marque qui vieillit avec son public.»

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