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L'opérateur britannique, qui a mis la main sur trois nouvelles saisons de la Ligue des champions, fait le pari de la convergence et inspire le groupe Altice en France. Il doit cependant faire face à la montée en puissance des Gafa dans les droits sportifs.

Altice-SFR, qui a acquis les droits de Premier League et de la Champions League ou de la Ligue Europa, fonde une bonne part de son modèle sur l'exemple de l'opérateur BT, ex-British Telecom. En achetant une partie des droits de la Premier league, puis ceux des championnats allemand, italien, français, portugais, américain ou brésilien, et enfin l'intégralité de la Champions League et de l'Europa League, le britannique a été une source d'inspiration pour tous les groupes de télécoms ou de médias en quête de convergence. 

 

BT, champion des droits de diffusion.

Le modèle BT Sport, qui fait bouger les lignes outre-Manche, est-il pour autant soutenable sur le long terme ? La question se pose depuis que le groupe a remporté en mars, pour la deuxième fois d’affilée et pour trois saisons supplémentaires (de 2018-2019 à 2020-2021), les droits la prestigieuse Ligue des champions. Diffuseur exclusif de cette compétition depuis 2015-2016, pour un prix de 394 millions de livres sterling par an, BT a fait un bond de 32 % par rapport au prix payé lors du précédent accord avec l’UEFA. En six ans, les prix des droits de cette Ligue des champions auraient triplé au Royaume-Uni.

« Pour le moment, BT est clairement déficitaire, estime Julian Aquilina, d'Enders Analysis. Et il est difficile de voir comment il pourrait devenir rentable sur la durée. La fourniture d'accès à la téléphonie et à internet est encore le cœur de métier de BT. »

Les pertes imputables aux activités purement TV se situeraient entre 400 et 500 millions de livres sterling (460 à 575 millions d'euros) chaque année, c'est-à-dire un peu moins que la somme globale dépensée pour l'ensemble des droits sportifs (autour de 650 à 700 millions de livres par an). Toutefois, les investissements sont compensés par le gain d'abonnés aux services couplés internet-TV-mobile. Au final, chaque année, l'ensemble de ces activités a dégagé au moins 800 millions de livres de bénéfices. La logique est donc beaucoup plus rationnelle que celle d'un pure player comme Bein Sports, qui investit à perte dans les droits du football.

Effet collatéral, BT Sport a quasiment privé le groupe ITV de ballon rond et a ébranlé Sky, bien que leur équilibre financier et leur survie ne semblent pas remis en question. Sky, qui présente un profil similaire à celui de Canal+, a connu des difficultés ces dernières années, mais celles-ci sont plus liées à l'évolution des modes de consommation de films et de séries qu'à la perte d'une partie des droits du football.

Pour BT comme pour Sky, le péril pourrait venir de Facebook et Amazon, qui étudient sérieusement la possibilité d'acheter des droits du football anglais. L'un et l'autre diffusent depuis quelques mois des compétitions sportives majeures aux États-Unis (NFL sur Amazon, Major League Soccer sur Facebook). Amazon vient de remporter les droits exclusifs de l'ATP world tour au Royaume-Uni au détriment de Sky, et Facebook n'a pas hésité à proposer (en vain) 610 millions de dollars sur le cricket indien. L'irruption des géants de la Silicon Valley dans le football pourrait bien avoir les effets d'une lame de fond.

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