Poursuivi pour dégradation d’un bien d’autrui, le militant de 29 ans les avait tagués avec un marqueur effaçable.

Un militant d’Extinction Rebellion poursuivi pour des dégradations lors d’actions anti-publicité sur des panneaux lumineux de l’entreprise JC Decaux pendant l’été 2023 a été relaxé vendredi par le tribunal correctionnel de Besançon. « Il n’y a pas de constatation de dégradations sur les panneaux et les inscriptions réalisées sont facilement effaçables », a relevé le tribunal, soulignant que l’action excluait « toute violence ».

Le prévenu de 29 ans était poursuivi pour dégradation d’un bien d’autrui, après la plainte du groupe spécialisé dans la publicité urbaine JC Decaux qui dénonçait la détérioration de plus de 150 panneaux, entre fin août et début septembre 2023 à Besançon, pour un préjudice estimé à 3 424 euros. Le militant avait été repéré par les enquêteurs sur les images de vidéosurveillance.

Le jeune homme, qui travaille pour une Scoop de collecte des biodéchets, a reconnu avoir ouvert une vingtaine de panneaux publicitaires lumineux, mais réfute les avoir dégradés. Il a écrit des messages anti-publicité dessus, mais avec un marqueur qui « s’efface à l’acétone », a-t-il expliqué. Les citoyens reçoivent « entre 1 000 et 1 500 stimulations publicitaires sur 24 heures dans l’espace public », a abondé son avocat, Me Bastien Poix, qui avait plaidé, et donc obtenu, la relaxe.

Dans son réquisitoire, la procureure Margaret Parietti a estimé de son côté que les panneaux avaient été dégradés, réclamant 5 000 euros d’amende avec sursis. « Les réparations de remise en fonction des serrures et la remise en marche des systèmes d’affichages impliquent un coût », a-t-elle fait valoir. « On peut avoir une idéologie, mais défendre son idéologie n’implique pas de s’en prendre au bien d’autrui », a-t-elle estimé.

Le prévenu a justifié son action devant le tribunal : « 6 % de notre consommation est induite par la publicité, ce qui entraîne des dégâts irréversibles sur la planète. Mais agir de manière légale ne fait pas bouger les choses. La désobéissance est le seul moyen d’agir, malheureusement ». En amont du procès, les associations Alternatiba, ANV-COP21 et Résistance à l’agression publicitaire ont organisé un rassemblement de soutien devant la mairie de Besançon, à deux pas du tribunal.

Le parquet envisage de faire appel de la relaxe.