L'actu vue par...
Jérôme Bouvier, organisateur des Assises du journalisme, commente pour Stratégies l'actualité de la semaine.

Les Assises du journalisme ont fêté leurs dix ans à Tours avec un record de 4 000 participants.

Nous avons demandé à douze personnalités leur regard à l'horizon de 2027 (voir journalisme.com). Jules Verne, en 1889, avait imaginé pour dans mille ans le « phonotéléphote » où 1 500 journalistes distribuent à chaque lecteur une machine qui permet d'avoir une information individualisée. Il avait neuf siècles de retard dans sa prédiction... Plus sérieusement, l'impression qui ressort de ces dix ans, c'est que la querelle des anciens et des modernes est terminée. Les objets connectés, la réalité augmentée et les bots sont vus comme des opportunités à saisir et il y a une énergie pour s'emparer de tout ce qui se profile. On constate aussi une réaffirmation du journalisme de qualité qui permettra aux marques de s'en sortir. Une priorité absolue est aussi de faire de l'éducation à l'information face aux fake news et aux contre-vérités.

 

François Fillon met en cause sur France 2 un cabinet noir de l'Élysée à partir d'un livre de journalistes du Canard enchaîné.

Il suffit de lire la presse étrangère pour voir qu'il abîme gravement cette campagne. Tout le monde est piégé par son jusqu'au-boutisme : la droite par son incapacité à commenter son programme, la gauche qui en est réduite à se positionner sur un mauvais calendrier et les journalistes qui se retrouvent enfermés dans le rôle de policiers à propos de costumes, de montres ou de mariages... Je l'imagine au lendemain du deuxième tour disant : « J'ai manqué de discernement. » La séquence de Christine Angot à l'Émission politique est terrifiante quand elle dit qu'elle est là pour dire ce que le service public ne peut pas dire. On peut d'ailleurs s'interroger sur la valeur ajoutée de ces minutes buzz à mauvais compte.

 

Le débat à cinq candidats de TF1.

C'est un pragmatisme démocratique bienvenu. Le prochain président sera bien parmi ces cinq. Les principaux candidats qui versent des larmes de crocodile ne voulaient pas de ces faux débats à onze, où 500 parrainages débouchent sur un quart d'heure warholien de célébrité.

 

Google tente de donner des gages après le retrait d'annonceurs associés à des contenus indésirables sur Youtube.

C'est bien le moins que l'on puisse faire vis-à-vis de ceux qui se sont retrouvés dans des environnements éditoriaux condamnables. Reste à déterminer qui va définir les contenus qui prêtent à controverses. Toute la difficulté avec ces monstres internationaux est de savoir qui les régule. Suivant les législations des pays, il y a ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas..

 

TF1 crée une offre d'information pour les réseaux sociaux.

Un choix judicieux après l'achat de Minutebuzz. TF1 ne pouvait pas laisser Franceinfo ou Brut seuls sur ce marché. Une approche pour les jeunes publics est donc la bienvenue. Mais il faut voir quel en sera le modèle économique, si c'est au prix d'une sophistication du brand content et de l'infoproduit...  Et quelle sera la qualité éditoriale de cette offre ? Est-ce que ce sera la rigueur de l'information ou le chaton et l'ironie à bon compte qui l'emporteront ? Si cette production passe à la même moulinette que d'autres le mariage du ricanement et des joyeusetés félines, il y a mieux à faire. Il y a une sorte de doxa à penser que c'est le seul moyen d'intéresser les jeunes. 

 

Altice met la main sur la place de marché vidéo Teads.

Un bel achat cohérent et pertinent. À partir du moment où Altice est dans les médias et qu'il fait le pari de la convergence, cet apport comble un des maillons manquants. BFM Paris, avec sa publicité ciblée pour chaque public et l'espoir de monétiser les données de SFR dans les box, montre aussi que ce pari de grande ampleur est intéressant par ce qu'il explore. Si cela peut rendre un peu moins déséquilibré le match avec les Gafa, pourquoi pas ! Je revendique le pragmatisme, comme avec SFR Presse qui peut permettre d'améliorer la diffusion des contenus. Si c'est destructeur de valeur, il sera toujours temps de faire machine arrière.

 

Un nouveau festival des séries annoncé à Lille.

Fleur Pellerin avait tenté de le mettre en œuvre avec le Festival de Cannes parallèlement à Séries Mania, qui en est à sa huitième édition à Paris. Il est dommage que l'État et le CNC n'aient pas trouvé de réponse commune entre Lille et Paris. Mais il est désuet de penser qu'il ne faut qu'un seul événement sur un tel sujet.

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