Le billet
Le billet d'humeur de Delphine Le Goff (@DelphineLeGoff1), rédactrice en chef adjointe de Stratégies.

« J'ai choisi les mots comme seule arme, j'ai une confiance tout à fait illimitée en leur pouvoir. » On croit sans peine Michel Houellebecq, à qui l’on devra sans l’ombre d’un doute l’un des mots de ce début 2019 : « sérotonine ». Après quatre ans d’absence, l’écrivain dépressif revient le 3 janvier avec cet opus du même nom, dont le héros, Florent-Claude, ingénieur agronome, célibataire et désespéré ne ressent plus de désir que pour la Captorix, antidépresseur à base de sérotonine. À la veille des fêtes de fin d’année, le nom de l’hormone, associée à l’état de bonheur, faisait déjà frémir les recherches Google. Une fois encore, le madré Houellebecq démontre s’il en était besoin son art consommé des médias, avec un lancement orchestré de main de maître. Tribune polémique dans le magazine américain Harper’s, titrée « Donald Trump est un des meilleurs présidents américains que j'aie jamais vu », tirage initial de 320 000 exemplaires, embargo sur le livre exigé par Flammarion jusqu’au 27 décembre, fuites organisées auprès de journalistes amis comme Nelly Kaprièlian des InrocksSérotonine, rouleau compresseur de la rentrée littéraire de janvier, qui verra sortir 493 romans dont 336 français ? Houellebecq dans le texte : « Tout peut arriver dans la vie, et surtout rien ». Mais encore plus un bon gros buzz et de roboratives ventes.

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