Commerce
A 40 ans, Stéphane Bohbot enchaîne les créations d’entreprises. Dernière en date: Lick, un réseau de boutiques d’objets connectés. Il a pris l’habitude de travailler avec sa garde rapprochée.

Au siège social de son entreprise, à quelques pas des Champs-Elysées, pas de salle d’accueil ni de décoration. Son bureau est tout aussi strictement utilitaire. «De toute façon je n’ai pas le temps de me poser», lâche-t-il. Stéphane Bohbot aime que les choses aillent vite, comme le reflète son parcours de «serial entrepreneur», déjà dense à quarante ans. Avec une certaine faculté à saisir la bonne idée. Dernière en date: Lick, un réseau de boutiques d'objets connectés. Pour ce faire, il rachète début 2014 les 17 plus grands magasins de Phone House, un distributeur en téléphonie alors en cessation d’activité en France. Et dispose du coup de points de vente en centre-ville un peu partout en France.

Lorsqu’il lance Lick, il reprend 80 salariés issus de chez The Phone House. «Il fallait les reformer. Mais je voulais aussi leur faire passer ma passion du produit.» Pour lui, c’est certain, avec les objets connectés, «on parle d’une évolution de société, la technologie devient un style de vie», résume-t-il. Pour que ses «coachs» (les vendeurs, en langage maison) soient incollables, Stéphane Bohbot a monté un programme de formation continue sur les produits, la Lick Academy. «Pour les impliquer, on les incite à tourner des vidéos sur chaque nouvel objet connecté en boutique», précise-t-il. Chaque «coach» arbore un QR code sur sa manche, qui doit permettre au client de le contacter sur son compte Twitter ou Facebook. Une fois par an, il délivre sa vision stratégique à l’ensemble de ses salariés, présentation Powerpoint à l'appui – qu’il ne peut s’empêcher de nous montrer. Avec cette citation de Mark Twain qu’il a fait sienne: «Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait».

Echange permanent

Entrepreneur autodidacte, ce fils d’une chef comptable et d’un artisan dans le cuir a enchaîné les succès entrepreneuriaux: création à 22 ans de Digiplug, un logiciel de téléchargement de sonneries pour téléphones mobiles, revendu au groupe japonais Faith, puis de Modelabs en 2003, société spécialisée dans les accessoires et les téléphones personnalisés, introduite en Bourse puis revendue en partie; reprise en 2012 à Bouygues Telecom de sa filiale Extenso, repositionnée en distribution de produits télécoms. En 2012, il regroupe ses activités dans la holding Innov 8 (200 salariés, 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014). «Je suis un entrepreneur bien plus qu’un manager», lâche Stéphane Bohbot. Il est «en échange permanent avec une équipe rapprochée de cinq personnes» qui le suivent depuis dix ans, précise-t-il. A eux de faire redescendre sa vision stratégique.

«Il sait manager un type de profil, les gens qui lui sont très fidèles. Mais comment entre une personne nouvelle dans son cercle?», s'interroge Thibault Viort, un de ses amis entrepreneurs. «Il sait entraîner une équipe sur des projets impossibles, il a une grande force de persuasion. Une fois la confiance acquise, il sait donner de l’autonomie», confirme Serge Simon, directeur général du groupe Innov 8. Même s’il veille au grain: «Je passe en boutiques pour vérifier le merchandising», assure-t-il. Il garde aussi un œil à distance. «J’ai équipé chaque boutique d’un robot Beam, qui me permet de me connecter en direct avec un vendeur et de passer en revue une boutique.» L'avenir?

Parcours

 

- 1975. Naissance à Lyon.

- 1998. Fonde Digiplug

- 2004. Lance Modelabs.

- 2012. Lance le groupe Innov8.

- 2013. Reprend 17 boutiques The Phone House, lance le réseau Lick.

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