Philippe Fournier, président de l'Association des agences de communication événementielle (Anaé) et directeur général de l'agence MCI France, fait preuve d'un optimisme mesuré quant à l'activité du secteur dans les prochains mois.

L'année 2010 a-t-elle été bonne pour le tourisme d'affaires?

Philippe Fournier. Après une année 2009 très difficile, nous avons constaté une légère reprise (entre +3 et +5%). Néanmoins, l'activité n'a pas retrouvé son niveau du début des années 2000.

 

Comment les différents segments se sont-ils comportés?

P.F.Les congrès n'ont pas trop souffert, car ils fonctionnent sur des cycles longs. Mais l'impact de la crise s'est quand même fait sentir à retardement, avec un tassement du budget par participant. Côté séminaires, on assiste à une reprise certaine, malgré un recentrage sur la France et les pays proches. Le voyage d'affaires et l'incentive ont été les segments les plus touchés. Les voyages sont plus courts et moins lointains.

 

Quelles tendances créatives se sont révélées en 2010?

P.F.Il y a eu davantage d'opérations participatives, en particulier grâce aux nouvelles technologies (Ipad, smartphones, etc.). Par exemple des séminaires coorganisés d'une région du globe à l'autre. Ces outils permettent d'être plus créatif et proactif en matière de séminaires et de congrès.

 

En 2009, les entreprises ont évité les dépenses somptuaires. Et en 2010?

P.F. Cette attitude prudente a continué. Elles sont restées dans le pratique, le fonctionnel et l'utile, au détriment du tape-à-l'œil. C'est également le résultat de la prise en mains de ces opérations par les directions des achats des grands comptes. Le Forum des achats du salon Bedouk réunira les prestataires, les membres de l'Union des annonceurs (UDA) et les associations d'acheteurs. Ce sera l'occasion d'améliorer les relations entre prestataires et annonceurs. Acheter ne veut pas dire pressuriser le fournisseur, mais acquérir à sa juste valeur le produit dont on a besoin.

 

Quelles ont été les destinations à la mode l'an dernier?

P.F. Principalement l'Europe: Grèce, Irlande, Espagne ou Turquie. Sans oublier le Maghreb et les pays du Golfe. Côté longs-courriers, le Vietnam, le Cambodge et le Brésil ont été prisés.

 

Les relations entre prestataires et annonceurs s'améliorent-elles?

P.F. L'Anaé a sorti en novembre dernier, en collaboration avec l'UDA et l'Association des agences-conseils en communication (AACC), un guide des bonnes pratiques qui, nous l'espérons, sera suivi. Cela n'a pas empêché certains annonceurs de lancer des appels d'offres avec 80 agences différentes… ou de tout annuler au dernier moment. Nous appelons à respecter les agences et demandons qu'au-delà d'un certain nombre d'heures de travail sur le brief, elles soient rémunérées. Néanmoins, la relation entre agences et annonceurs s'est considérablement améliorée ces dernières années.

 

Comment voyez-vous 2011?

P.F.Je pense que ce sera une bonne année pour le tourisme d'affaires, tout en restant circonspect. Les demandes sont de plus en plus nombreuses. On sent un besoin, une envie. Mais tout ne se concrétisera pas, car l'économie continue d'être sous tension, comme on l'a vu en Grèce, en Irlande, et peut-être demain au Portugal ou en Espagne.

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