Dossier
Les médias spécialisés dans l'économie subissent encore les contrecoups d'une crise… qu'ils n'ont pas prévue. Pour en sortir, ils doivent retrouver une expertise journalistique, réviser leur offre et multiplier les canaux de diffusion en s'appuyant sur le capital de leur marque.

Comment desserrer l'étau pour mieux rebondir? C'est la formule sur laquelle planchent la quasi-totalité des médias économiques. Des médias qui, à l'instar d'autres supports thématiques, sont confrontés depuis une décennie à une révolution numérique qui les a secoués à double titre. D'une part, car une grande partie de l'actualité économique ou financière est désormais accessible gratuitement sur la Toile. D'autre part, car ils s'adressent à une cible, plutôt technophile, qui cherche à s'informer en temps réel n'importe où et sur des supports mobiles qui l'accompagnent dans ses déplacements.

En outre, malgré un rebond publicitaire en 2010, ces bouleversements coïncident avec une  période de fragilisation conjoncturelle. Qui a fait quelques dégâts, notamment dès le printemps 2009 avec le retrait de Bloomberg TV du marché français, puis la mise en veille des ambitions du quotidien gratuit 20 Minutes six mois après le lancement de son site thématique E24. Actuellement en procédure de sauvegarde, La Tribune, délaissée par Alain Weill dix-huit mois mois après sa reprise, cherche toujours à boucler une recapitalisation, tandis que le quotidien phare du secteur, Les Echos, enchaîne les exercices déficitaires, même s'il parvient à les compenser sur l'ensemble du groupe. Son directeur de la rédaction, Henri Gibier, qui se refuse à commenter les pertes du journal, souligne que «depuis dix ans, des piliers de notre modèle économique se sont effondrés, avec d'abord la chute des annonces d'offres d'emploi, puis la baisse structurelle de la publicité financière, et enfin le recul, avec la crise, de la publicité B to B».

«Mauvaise presse»

Pour ne rien arranger, de nombreux médias se sont vus reprocher, depuis 2008, leur acceptation sans recul – à de rares exceptions, comme le magazine Alternatives économiques – des dogmes du système libéral. «Notre presse est une des familles qui a le plus souffert de la crise car elle a eu particulièrement mauvaise presse», reconnaît François Genthial, le rédacteur en chef de Capital.

Dans ce contexte, les opérateurs se penchent, pour renouer avec la croissance, sur une révision de leur offre, tant dans le contenu que dans ses modes de diffusion. Cet exercice obligé passe par la mise en avant de l'expertise journalistique et la mise en place de services spécifiques, spécialisés et personnalisés à destination des professionnels. Autrement dit, par une justification permanente de l'acte de paiement. Et il implique aussi la multiplication des canaux de diffusion en s'appuyant sur le capital de la marque.

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