Pas encore commercialisées, les lunettes intelligentes de Google intéressent pourtant les marques. Une poignée ont déjà lancé leurs applications. De quoi alimenter le futur App store.

Homer Simpson qui chausse des «Oogle Goggles» offertes pour Noël par son patron, le terrible Mr Burns, aux salariés de la centrale nucléaire de Springfield. Le cadeau servira au «early adopter» Homer à s'enquérir du prix de la maison du voisin, avant que le célèbre personnage animé ne se demande où doivent être fixer les limites entre vie publique et vie privée. Les Google Glass étaient donc au centre d'un des épisodes des Simpson, diffusé le 26 janvier aux Etats-Unis. Pas encore commercialisées, ces objets font pourtant débat. Nombre de bars, casinos et autres lieux publics aux Etats-Unis interdisent d'ores et déjà leur port, et Google s'est fendu, en février, d'un guide de bonnes pratiques.

Annoncées dès 2012, les Glass sont le grand projet d'objets connectés de Google. Elles s'activent par leur interface tactile située sur la branche droite, par des mouvements de tête ou par la voix, un «OK, Glass!» décidé donnant accès à une courte liste d'interactions possibles (prendre des photos, lancer une visioconférence, trouver son chemin, etc.). Des possibilités offertes grâce à des microphones et minuscules caméras intégrés aux branches. Après plusieurs reports, Google promet de les commercialiser cette année, pour un prix de départ de 1 500 dollars.

«Les smartphones du futur»

Des agences de communication et des communautés de développeurs français planchent sur des applications lors de hackathons, ces marathons informatiques organisés entre développeurs. Une aubaine pour Google, qui laisse ainsi les développeurs travailler – pour lui – à de nouvelles idées. Il aurait ainsi vendu quelque 20 000 paires de ces Glass à des développeurs. Et a ouvert sa boutique d'applications officielle, des plates-formes officieuses étant nourris par des passionnés qui y listent les applications spécialement développées pour cet objet.

«Le marché est encore loin d'être mature, mais les Glass et autres montres sont peut-être les smartphones du futur. Des marques réfléchissent déjà à de vrais services liés et au moyen de les monétiser, pour se préparer en amont d'ici trois ans», explique Adrien Delepaire, chef de projet à l'agence Faber Novel. L'agence-conseil en digital (50 salariés) a lancé en juillet 2013 un Google Glass Lab pour réfléchir à des projets de services et à leurs scénarios. Une dizaine de marques clientes et non concurrentes y participent, dont La Poste, Carrefour, Leroy Merlin, Lagardère, SNCF et France Télévisions.

L'agence digitale Niji, elle, planche sur une vingtaine de projets de clients, et a déjà élaboré l'appli de L'Equipe. «On travaille sur l'idée initiale, la définition de la fonction, les modèles économiques, le design», précise Hugues Meili, cofondateur et PDG. Elle dispose d'une Digital Software Factory située à Rennes (Ille et Vilaine), constituée de 150 experts en systèmes d'exploitation mobiles (OS) et 70 designers.

La cruciale question de la rentabilité

Les marques s'y intéressent donc. Des géants de l'Internet, comme Facebook ou Foursquare, ont déjà conçu leur appli Google Glass. On en compte aussi plusieurs dans le domaine des médias, de la santé, du sport, de la cuisine… Même les banques lancent les leurs. Ainsi la Caisse d'épargne a dévoilé, le 11 mars, une application qui permettra de photographier avec ses Glass des documents destinés à être stockés dans son service de coffre-fort numérique. Le Crédit mutuel-Arkea propose via la sienne de consulter ses comptes, géolocaliser le distributeur de billets ou l'agence bancaire la plus proche, contacter son conseiller, etc. D'autres usages devraient apparaître: photographies situe à un sinistre, solde du compte en direct dans un magasin pour savoir si un achat est possible…

Reste à trouver les «killer applications», les services à succès, et comment les rentabiliser. D'autant que Google interdit l'affichage de publicités sur ses Glass. «Il y aura des partenariats pour monétiser des contenus. Les applications ne seront pas payantes, mais le fabricant monétisera l'objet connecté, comme un bracelet lié à l'appli Google Glass», imagine Adrien Delepelaire, de Faber Novel.

D'autres marques fourbissent leurs projets de lunettes connectées, comme Microsoft et Sony, mais aussi des start-up, telles la rennaise Optivent, l'anglaise Golden-I ou encore la japonaise Telepathy One. La guerre (mondiale) ne fait que commencer.

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