création
Chaque mois, un directeur de création confie ses sources d’inspiration. Ce mois-ci, Bruno Delhomme, de l’agence Blue. L’interview vidéo sur strategies.fr

Culte

En 1992, je décide d'arrêter un métier utile pour me consacrer à un métier que je pense assez futile. Mais quelques grandes idées vont me convaincre du contraire. Particulièrement, «Litany», pour le journal The Independent de l'agence Lowe Howard-Spinck. Voilà une publicité qui n'en est pas une, mais plutôt un film d'art et d'essai, militant, rugueux, avec une voix off au timbre incroyable, celle d'un poète dit punk: John Cooper-Clark. Un film qui respecte le temps de cerveau disponible du spectateur, qui ne méprise pas son audience. Ce spot, soutenu par un discours négatif et liberticide, va jusqu'à la suprême provocation en matière de publicité puisqu'il nous ordonne sur la fin de ne pas acheter ce journal. Provocation superbe, qui suscite une véritable émotion et nous conduit inexorablement à désobéir. Ce n'est plus simplement un quotidien que l'on achète, c'est un combat pour la liberté d'expression que l'on mène.

 

Inspiration

Plus que tout, ce sont les gens qui m'inspirent. Ceux du bar du coin mais aussi ceux qui rêvent plus fort que les autres (sauf les despotes). John Lasseter en est un bon exemple. Un homme qui a réuni technologie et création de façon exemplaire, un perfectionniste visionnaire qui, avec ses équipes, a révolutionné non seulement la technique de l'animation mais aussi la façon de raconter une histoire. L'homme est un créatif génial qui suscite les larmes, les rires, tous âges confondus. La leçon est: susciter, ce n'est pas montrer. Beaucoup de marques font l'erreur de croire qu'il suffit de montrer le bonheur ou la joie pour toucher le public. Sinon, il y a aussi ma collection de vinyles, les pochettes de disques sont une mine en matière de graphisme, typographie... mais là, si je commence à en parler, il va me falloir toutes les pages de Stratégies...


International

Difficile de faire un choix tant il y a de choses intéressantes à l'international. Je retiendrais le film «Go Beyond The Cover». A priori, rien d'exceptionnel: une démonstration avec un mannequin vedette, une mécanique publicitaire ultra classique et un fond de teint, Dermablend, l'une des filiales de L'Oréal. Tous les ingrédients sont réunis pour faire un film beauté informatif et ennuyeux comme on en fait des centaines. Oui mais seulement voilà, le mannequin est Rick Genest, appelé aussi Zombie Boy, un garçon dont les tatouages recouvrent tout le corps et représentent un cadavre en décomposition. La démonstration est réelle et nous prouve, sans aucun artifice, l'efficacité du produit. Le pitch est simple: un jeune homme blanc plutôt séduisant entre dans le cadre et se démaquille. Sa couleur de peau est en fait du fond de teint et peu à peu le spectateur découvre ses tatouages hallucinants. La conclusion est tout aussi étonnante pour un produit de beauté puisqu'elle propose d'aller au-delà des apparences. C'est beau, spectaculaire, dérangeant mais très convaincant. Encore une fois, on est plus proche de la performance artistique, du numéro de cabaret que d'une publicité.

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