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A l’occasion du lancement de sa nouvelle formule le 1er juin, Libération augmentera son prix à 2 euros. Ces cinq dernières années, le prix moyen des quotidiens nationaux est passé de 1,22 à 1,68 euro.

Un journal vendu plus de 2 euros le numéro? Ce seuil symbolique, longtemps considéré comme surréaliste, a déjà été franchi ces derniers mois par deux quotidiens nationaux, Le Monde et Les Echos, qui seront rejoints le 1er juin prochain par Libération.

A l’occasion du lancement de sa nouvelle formule, le quotidien augmentera son prix de vente, qui passera de 1,80 euro à 2 euros, soit une progression de 11%. Début janvier déjà, le titre avait monté son prix de 10 centimes. Une tendance qui touche toute la presse quotidienne nationale: Le Monde, Le Figaro, Les Echos et Le Parisien ont également augmenté leur prix début 2015 , comme presque chaque année à la même époque depuis plus de cinq ans.

Selon nos calculs, entre 2010 et 2015, les neuf principaux quotidiens nationaux (Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, Aujourd’hui en France, L’Equipe, Les Echos, La Croix, Libération, L’Humanité) ont vu leur prix de vente progresser de 37,7% en moyenne, passant de 1,22 euro le numéro mi-2010 à 1,68 euro aujourd’hui. A titre de comparaison, l’inflation s’est élevée à +5,7% pour la période, selon l’Insee.

«L’augmentation du prix des journaux est un phénomène que nous retrouvons dans beaucoup de pays et qui est proportionnel à l’effondrement du marché publicitaire», explique Jean-Marie Charon, sociologue des médias et auteur du rapport «Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème», qui sera remis à la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, le 2 juin. «Mais cette politique de prix élevé risque d’aggraver le recul de la diffusion du support imprimé, d’où la nécessité pour les éditeurs d’élaborer une stratégie freemium sur le numérique», ajoute l’ingénieur d'études au CNRS.

Risque pour la diffusion

Ces cinq dernières années, Le Monde est le quotidien national à avoir le plus augmenté son prix, celui-ci étant passé de 1,40 euro mi-2010 à 2,20 euros actuellement, soit une progression de 57%. Le Figaro et Libération sont passés de 1,30 à 2 euros, en hausse de presque 54% en cinq ans. Le prix des Echos a grimpé de 47% (de 1,50 à 2,20 euros), celui du Parisien de 20% (de 1 à 1,20 euro), quand Aujourd’hui en France est passé de 90 centimes à 1 euro (+11%). Enfin, le prix de L’Equipe a progressé de 26% entre 2010 et 2015 (de 95 centimes à 1,20 euro), celui de La Croix de 23% (de 1,30 à 1,60 euro) et celui de L’Humanité de presque 31% (de 1,30 à 1,70 euro).

Dans le même temps, ces neuf quotidiens ont vu leurs ventes en kiosques reculer de 31,5% entre 2010 et 2014. Parmi les titres les plus touchés, Libération (-46,5%) et L'Equipe (-39,6%).

«L’imprimé risque de devenir réservé à un public ayant les moyens de l’acheter. A moyen terme, cela va donner de plus en plus d’arguments aux lecteurs pour choisir une formule d’abonnement couplée ou 100% numérique. Cela devrait aussi conduire au développement du paiement au coup par coup. Les éditeurs vont devoir s’adapter à un public qui circule de plus en plus dans l’information», conclut Jean-Marie Charon.

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