La nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut développer de nouvelles ressources pour France Télévisions. Un «new biz» confié à Laëticia Recayte.

Pour Delphine Ernotte, ce sera «fromage et dessert». Autrement dit, tout est bon pour accroître les recettes de France Télévisions et sortir d'une exploitation déficitaire. Il faut à la fois une ouverture de la publicité entre 20 heures et 21 heures et une réforme «à l’allemande» de la redevance, permettant son extension à tous les supports de visionnage (tablettes, ordinateurs…) ou encore une fiscalisation de cette contribution en fonction des revenus. Si le second point doit être arbitré par l’Elysée pour intégrer à la Loi de finances 2016, le second résulte du rapport Schwartz, publié en mars dernier. «Ce n’est pas idéologique, c’est pragmatique», a précisé la présidente. Marc Schwartz, pointait en effet un risque de déclassement de la régie publicitaire et, de ce fait, une «perte d’attractivité et une marginalisation progressive de France Télévisions» après une baisse de chiffre d’affaires de 23% entre 2010 et 2015, supérieure à celle du marché. En cause: la puissance déclinante des écrans du groupe et une perte de valeur prévisible d’ici à 2020.

En cas d’élargissement à la publicité entre 20 heures-21 heures, le groupe pourrait dégager 100 millions d’euros, selon le rapport, qui envisage l’ouverture d’un à deux écrans de quatre minutes sur France 2 en contrepartie de l’arrêt de la publicité en journée d’une chaîne recentrée sur les enfants (France 4). Selon Marc Schwartz, l’impact sur le marché publicitaire serait limité. France Télévisions Publicité génère 320 millions d’euros. Sa direction, assurée par Daniel Saada, évoluera avant février 2016, date de fin de son mandat.

Ouverture tous azimuts

En attendant, Delphine Ernotte a créé une vaste direction commerciale, confiée à Laeticia Recayte (ex-Newen), regroupant la régie (FTP) et les structures de production (Multimédia France Production) et de distribution (France Télévisions Distribution), deux filiales «juste à l’équilibre» et à fort potentiel. Ainsi, les programmes produits en interne ne dépassent pas 3% quand ils pourraient être à 5%. De son côté, la direction de FTD, qui brasse une quarantaine de millions d’euros, a été confiée à Frédéric Olivennes. Objectif: favoriser les ventes internationales et l’exploitation des droits (VOD, licensing). Une logique d’ouverture tous azimuts que Delphine Ernotte appelle «le rayonnement» de France Télévisions.

«Cela passe par un accord avec les producteurs mais c’est leur intérêt, confie-t-elle. Déjà, si le groupe investit 70% dans un programme, il peut en tirer 50% des recettes.» C’est ce que prévoient les nouveaux décrets de production. La patronne veut donc une alliance avec la filière de production pour faciliter les prises de mandats de commercialisation et donner naissance à une offre de SVOD. L’enjeu est de taille: le groupe ne réalise que 3% de son chiffre d'affaires dans la diversification (76 millions en 2013) quand la BBC en est à 26% (1,5 milliard) et la RAI, à 8% (204 millions).  

 

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