Vogue, Vanity Fair, AD, GQ… Chaque mois, dans le monde entier, ces magazines mettent en avant des milliers de produits, qu'il sera bientôt possible d’acheter d’un clic. C’est dans cette optique que Conde Nast travaille à la création de la plateforme Style.com, qui sera d’abord lancée «autour de l’été 2016» avec les versions britanniques de Vogue et GQ, avant un possible déploiement en Chine, aux Etats-Unis et en Europe à partir de 2017.
«Le groupe Conde Nast a acquis au niveau mondial une position centrale dans l’industrie du luxe, que nous exercions jusque-là dans la prescription à travers nos magazines. Le digital nous permet d’aller plus loin en faisant ce lien entre la prescription et la transaction, et ainsi de rééquilibrer nos business modèles», explique Xavier Romatet, PDG de Conde Nast France.
Piloté depuis Londres par le Français Franck Zayan, ancien patron du e-commerce chez Galeries Lafayette et cofondateur de Sarenza, le projet Style.com mobilise 150 personnes. Montant de l’investissement: plus de 100 millions d’euros. «C’est un projet stratégique pour le groupe à moyen terme», insiste Xavier Romatet, qui rappelle que Conde Nast a fait ses premiers pas dans le e-commerce en prenant des participations minoritaires dans les sites Vestiaire collective, Farfetch.com, et Rent the Runway.
Faciliter le client
Quelque 350 marques devraient être proposées sur la plateforme à son lancement. Et si Conde Nast se refuse à communiquer le nom de celles qui ont d’ores et déjà donné leur accord, selon nos informations, le groupe LVMH par exemple commencera l’expérience avec seulement certaines marques de son portefeuille. «Nous n’aurons pas toutes les marques tout de suite, notamment parce que toutes n’ont pas le même niveau de maturité sur le e-commerce», note Xavier Romatet.
Style.com mêlera contenus et commerce, et intégrera des fonctionnalités innovantes de recommandation et de personnalisation. Une quinzaine de personnes composent l'équipe éditoriale, dont les articles s'ajouteront à ceux des magazines du groupe. «Le marché du e-commerce a déjà presque 20 ans derrière lui. Pour émerger durablement, nous devons nous différencier en proposant des fonctionnalités qui faciliteront la vie du client», souligne Franck Zayan.
A chaque transaction, Conde Nast percevra un pourcentage du montant de la vente, dont les modalités resteront entre les mains des marques. A elles de fixer les produits vendus, dans quel pays, à quel prix, et d’en fixer les modalités de livraison. «L’expérience de vente doit rester aux mains des marques. C’est pourquoi Style.com s’appuiera sur les sites de e-commerce des marques même si l’internaute restera sur la plateforme», ajoute Xavier Romatet.
Lancé sur le secteur de la mode, Style.com, qui n’hébergera pas de publicité, pourrait à terme s’étendre à la beauté, à la décoration voire au high-tech en s’appuyant sur les marques magazine du groupe, comme AD et Wired. L’objectif est de réunir près de 800 marques d’ici cinq ans. «Nous sommes un canal de distribution supplémentaire pour les marques de luxe et non un concurrent», conclut Xavier Romatet.
