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Un SMS de l'actionnaire Claude Perdriel contribue à renforcer la thèse de la défense d'Aude Lancelin, la directrice-adjointe du magazine limogée : un licenciement de nature politique pour rupture avec la ligne éditoriale du journal.

Réunis lundi en assemblée générale, les salariés de l'Obs ont décidé d'adresser à leurs actionnaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse, Pierre Bergé et Claude Perdriel une lettre ouverte qui met en cause leur direction, après le limogeage d'Aude Lancelin, la directrice-adjointe de la rédaction du magazine. «Messieurs, L'Obs vit un moment inédit et grave de son histoire. Malgré la mobilisation de l'ensemble des salariés, Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction, a été licenciée. Nous refusons ces méthodes de management brutales et contraires aux valeurs de L'Obs. Cette décision injustifiée déstabilise profondément le journal, qui depuis de longs mois connaît des problèmes de gouvernance patents", est-il écrit.

 

Le 12 mai, une motion de défiance avait été votée à 80 % contre Mathieu Croissandeau, le directeur de la rédaction et coprésident du directoire du titre. Le texte constate une "rupture de dialogue" avec la direction qu'il accuse de se montrer "incapable de justifier ses choix et de rétablir le contact avec sa rédaction". Il conclut en affirmant "nous nous trouvons aujourd'hui dans l'impasse".

 

Un SMS de Claude Perdriel étayant la thèse politique

 

Selon la direction, la journaliste qui animait les pages débats de l'Obs, et faisait intervenir des intellectuels de la gauche de la gauche, est licenciée pour des raisons strictement managériales. Ses avocats ont néanmoins saisi les Prud'hommes et dénoncent la brutalité d'un licenciement de "nature strictement politique". Un SMS envoyé à la journaliste est avancé par la défense d'Aude Lancelin pour étayer cette thése. Il date du 14 mai: «Je respecte vos opinions mais je pense qu'elles ont influencé votre travail», écrivait Claude Perdriel, cofondateur et actionnaire à 34% du magazine.

 

Dans Libération, Matthieu Pigasse avait de son côté fait entendre sa dissonance par rapport à la ligne éditoriale social-démocrate défendue par les autres actionnaires en déclarant : «Je n’ai aucun problème avec la ligne d’Aude Lancelin puisque c’est aussi la mienne

 

Jean Daniel, l'autre cofondateur et éditorialiste, a lui aussi contribué à attester d'une reprise en mains politique en déclarant à la rédaction, selon Libération : «Ce n’est pas parce que je proteste avec vous et comme vous contre l’humiliation qu’elle a subit (sic) que je peux oublier que mon amie Aude Lancelin ne s’est pas toujours souciée de la façon dont j’avais fondé ce journal.» Une forme de rappel des fondations idéologiques du journal.

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