La semaine vue par
Hervé Rony, directeur général de la Société civile des auteurs multimédias (SCAM)

Le festival Sunny Side of the Doc du 19 au 22 juin à La Rochelle.

La Scam y est présente depuis dix ans. C'est important que les auteurs se frottent aux réalités économiques. Cette année, on sent une certaine reprise. Les étrangers reviennent. Le documentaire intéresse de plus en plus de monde, y compris Netflix ou Amazon. Ce mois de juin est malheureusement endeuillé par la mort de Christophe Otzenberger. J'ai été heureusement surpris de l'écho qu'a eu sa disparition. Les documentaristes sont des gens dont on connaît les films et pas forcément les noms. Beaucoup se reconnaissaient dans ce qu'il avait fait. C'était un être délicieusement humain, une boule d'humanité, une grande gueule généreuse et bienveillante qui apportait beaucoup au conseil d'administration de la Scam. Il faisait partie de ces gens qui gueulent pour espérer que le monde soit meilleur.  

Le Midem où l'on observe la plus forte hausse des revenus de l'industrie musicale (+5,9%) dans le monde depuis vingt ans, dont la moitié provient du numérique. 

On est encore loin du chiffre d'affaires de la fin du siècle dernier. Le streaming est un mécanisme un peu affolant qui ne valorise pas les albums, qui permet une exploitation un peu juke-box. Mais après avoir été secouée par la piraterie, la musique s'est fortement modernisée. Dans l'audiovisuel et le cinéma, où l'on souffre moins de la piraterie, on est encore loin des usages numériques. Sur la SVOD et la chronologie des médias, ça ne bouge pas beaucoup. On est un peu passif. Il faut dire qu'on y nage dans une grande piscine avec à portée de main tous les flotteurs que sont les mécanismes de soutien. Dans la musique, on nage en haute mer. Quand on coule, on a peu de chance de croiser un bateau. 

Cyril Hanouna privé de trois semaines de publicité dans Touche pas à mon poste.

On peut dire que le CSA manque d'humour et crier au politiquement correct qui s'insinue partout. C'est vrai qu'il faut faire attention à garantir la liberté d'expression qui a permis à un Desproges ou à un Coluche d'exister. En même temps, il y a une avalanche de vulgarités chez Hanouna qui est difficile à supporter. Je trouve dommage qu'on ne puisse pas rire ou s'amuser sans mettre la main sur une partie intime ou mettre très mal à l'aise un de vos collaborateurs. On peut faire de l'audience sans en passer par là.

Alexandre Bompard à la tête de Carrefour.

On dit qu'avec le président Macron, c'est l'un des hommes les plus brillants et les plus rapides de sa génération. Il n'a pas échoué beaucoup dans le passé, même s'il est parfois passé un peu rapidement dans certaines entreprises pour juger. Mais la diversification de la Fnac, avec Darty, a été un succès. 

Le ministère du Travail qui porte plainte contre Libération pour la publication d'un document sur la réforme du Code du travail.

Je suis un peu surpris. Les journalistes doivent accepter qu'on les critique ou qu'on conteste leurs méthodes de travail. Chaque fois qu'un organe de presse est attaqué, une levée de boucliers de la corporation ne s’impose pas nécessairement. Et en même temps, il faut laisser la liberté de l'information primer sur le reste. Muriel Pénicaud peut être agacée si ce sont là des documents de travail qui ne sont pas forcément ceux qui allaient porter le projet du gouvernement. Je peux très bien comprendre qu'elle ait envie de recadrer les choses en disant ne joue que ce qu'on montre aux syndicats. Mais de là à porter plainte... c'est un peu casse-gueule et disproportionné. 

Le dernier journal de David Pujadas après l'élection d'Emmanuel Macron.

Je n'ai pas compris ce que Delphine Ernotte reprochait à David Pujadas. Il y avait peut-être des tensions, des questions de management... Mais personne n'est propriétaire de son poste. Je ne vois pas en quoi il serait choquant de vouloir changer les têtes. Cela arrive aussi à Radio France. On n'a pas de raisons de soupçonner Delphine Ernotte de ceci ou cela, même si on a souvent tendance en France à avoir une lecture politique de l'audiovisuel. Je trouve cela malsain. À la Scam, nous soutenons l'idée que le président de France Télévisions doit être nommé par le conseil d'administration de l'entreprise. 

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