Numérique
Après avoir dirigé Dailymotion pendant dix ans, Giuseppe de Martino se lance un nouveau défi : créer un nouveau média vidéo, Looper, loin de la rigidité des grands groupes.

« J’essaie de ne jamais avoir de doutes ; je n’ai pas le temps pour ça. » À tout juste 50 ans, Giuseppe de Martino sait ce qu’il veut, et surtout ce qu’il ne veut pas. Après avoir vécu le basculement de Dailymotion dans l’ère Vivendi, celui qui en a été le directeur général délégué pendant dix ans fait de l’indépendance et de l’agilité les maîtres-mots du nouveau projet dans lequel il se lance, Looper (voir p.20 du Stratégies n°1920), comme la boucle qui décrit la circulation de l’info sur les réseaux sociaux.

À ses côtés, Arnaud Maillard, ex-patron du digital chez Eurosport, et Johan Hufnagel, directeur des rédactions de Libération (à ce stade actionnaire du projet), soutenus par le banquier d’affaires Bernard Mourad, ancien patron d’Altice Media. « Nous sommes tous des grandes gueules », admet Giuseppe de Martino, Napolitain d’origine, convaincu que Looper, ce projet de média d’information vidéo serait « inimaginable » au sein d'une structure existante.

L'image, clé de l'info et du partage

Chez Dailymotion, son ancien acolyte à la direction générale, Martin Rogard, parle de lui comme de quelqu’un qui « n’hésite pas à bousculer ses interlocuteurs, une franchise qui explique son réseau aujourd’hui ». « Giuseppe de Martino n’a pas peur de s’attaquer à des citadelles. Il n’aime pas le statu quo », ajoute Arnaud Maillard.

Lui se souvient de son arrivée à Dailymotion en 2007, à une époque où la société est assignée devant la justice par le groupe TF1, qui lui réclame 80 millions d’euros pour contrefaçon, parasitisme et concurrence déloyale. « J’étais convaincu que nous arriverions à aller au-delà des obstacles car j’avais (et j’ai encore) la conviction que l’image est la clé de l’information et du partage », se rappelle Giuseppe de Martino.

Chez Dailymotion, et auparavant chez AOL où il a passé huit ans comme vice-président France, il a appris à quel point le pragmatisme est essentiel dans un monde numérique toujours plus rapide. « Pour Looper, nous n’avons pas travaillé sur un business plan trop précis car nous savons, de par nos expériences passées, qu’il est difficile de prévoir de quoi l’avenir sera fait », note le président de la société qui vient d’être créée pour l’occasion, JAG.

Looper et les thumbennials

Pragmatisme, franc-parler, mais aussi enthousiasme et curiosité : Giuseppe de Martino dit s’amuser à longueur de temps. Sa passion ? Son smartphone, sur lequel il passe ses journées, au grand désespoir de son entourage. C’est d’ailleurs à ceux qui s’informent sur leur mobile avec leur pouce, les « thumbennials », que Looper entend s’adresser. « L’image est un format qui permet d’apprendre plus vite. Je suis moi-même pressé d’apprendre », conclut-il avant de filer.

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