Quatre grandes signatures des médias, de droite et de gauche, étaient invités par le Press Club à débattre sur ce thème. Selon eux, les journalistes sont indéniablement majoritairement à gauche, mais pas forcément partisans.

Les médias roulent-ils pour un parti politique? A l'approche des élections municipales, de grands noms du journalisme étaient invités à débattre de cette question au Press Club de Paris.

Pour Renaud Dely (Le Nouvel Observateur), Bernard de la Villardière (M6), Dominique de Montvalon (L'Opinion) et Eric Giacometti (ex-Le Parisien), le constat est sans appel: «Les journalistes sont majoritairement de gauche.» Renaud Dely, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, avance des raisons sociologiques: selon lui le journalisme est une profession culturelle qui attire majoritairement la bourgeoisie de gauche.

Alors faut-il, comme le proposaient cet été les fondateurs de la «droite forte» Geoffroy Didier et Bruno Pelletier, instaurer des quotas de journalistes de droite dans les rédactions? «Cette proposition n'a pas de sens, ou alors on devrait instaurer des quotas chez les patrons du CAC 40, majoritairement à droite, ou chez les militaires!», répond Renaud Dély, qui rappelle que, si les journalistes sont majoritairement de gauche, leurs chefs, eux, sont plutôt à droite.

«C'est complètement stupide», confirme Bernard de la Villardière, qui assume pourtant être «économiquement de droite». Lorsqu'il était journaliste à RTL, l'actuel présentateur d'Enquête exclusive sur M6 prenait même un malin plaisir à afficher sa couleur politique face à ses collègues de gauche qui le voyaient alors comme «un salaud». Mais selon lui, le journaliste n'a qu'un seul devoir politique: «être contre le pouvoir».

«Les journalistes se ressemblent»

Les chefs à droite? Ancien directeur de la rédaction du Parisien-Aujourd'hui en France passé ensuite par France-Soir, Dominique de Montvalon en est un exemple. Ce rédacteur en chef a aujourd'hui rejoint L'Opinion, où il n'a aucune peine à se dire «libéral». Il refuse toutefois de dévoiler son vote - «certains seraient surpris», avance-t-il.

Selon, lui le principal problème est que les journalistes «se ressemblent». «Ils vivent les mêmes choses, ont les mêmes passions, vont dans les mêmes restaurants...», explique ce journaliste, qui assume par ailleurs avoir été formé au CFJ comme deux des trois autres débatteurs.

«Le fait d'assumer des opinions ne fait pas pour autant un journaliste partisan», assure Renaud Dély, qui préfère le terme de «journalisme d'opinion», adoubé par les autres débatteurs. Il rappelle pourtant l'épisode du référendum sur la Constitution européenne en 2005, où la presse «s'est trompée», en faisant majoritairement campagne pour le «oui». «Je sais que le Nouvel Obs a perdu beaucoup de lecteurs, raconte-t-il. Nous n'avons pas donné assez la parole aux partisans du "non".» 

La discussion n'a cependant pas débordé sur l'incidence d'un actionnariat engagé aux côtés de Nicolas Sarkozy (Serge Dassault au Figaro, Martin Bouygues à TF1, Bernard Arnault aux Echos, etc.) ni sur le recrutement des cadres dirigeants des rédactions.

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