Télévision
La social TV a été au cœur de tous les débats lors du Mipcom à Cannes. Les producteurs et les diffuseurs intègrent désormais les conversations des internautes des la conception de leurs programmes.

Encerclée par un rempart d’écrans, la candidate s'égosille sur un tube de Mariah Carey ou Céline Dion - ce genre de chanteuse à voix. Pendant qu’elle monte dans les octaves, autour d’elle, les images de téléspectateurs qui ont voté pour elle s’affichent, tandis qu’un curseur montre, en temps réel, la progression des suffrages, du rouge au vert, comme dans les jeux vidéo.

M6 vient de casser sa tirelire pour ce télé-crochet 2.0: Rising Star, show distribué par Keshet Broadcasting qui casse la baraque en Israël avec 49% de part d’audience. «Le format a tant de potentiel qu’il pourrait bien devenir le futur The Voice», estime Amandine Cassi, directrice des études d’Eurodata TV (Médiamétrie).

Il représente surtout la mise en programme de ce qui constitue l’un des enjeux majeurs du Mipcom 2013 (qui se tient du 7 au 10 octobre à Cannes): l’avènement de la social TV. «Le second écran est intégré dans l’essence même du format, avec ce vote en direct, via une application  gratuite sur tablette ou mobile, qui ajoute une tension au storytelling», souligne Amandine Cassi.

Facebook ouvre ses données aux chaînes partenaires

La social TV s'est également imposée dès la première matinée du Mipcom, le 7 octobre. Déclaration de guerre à Twitter: Facebook a annoncé son partenariat avec TF1 et Canal+, chaînes avec lesquelles il partagera désormais ses données, leur fournissant de précieux outils d’analyse de leurs programmes.

«La social TV est désormais un acquis», a déclaré Dan Rose, vice-président des partenariats de Facebook, lors d’une conférence le 7 octobre. Laurent Solly, directeur général de Facebook France, précisait de son côté, pendant une rencontre avec les journalistes: «On pourra savoir si un programme est davantage regardé par les hommes, les femmes, dans quelle région, etc.» Facebook, à l’instar de Twitter, proposera prochainement des «trending topics», dans lesquels, assure Laurent Solly, «les émissions de TV figureront certainement en bonne place».

Evénementialisation des programmes

«Grâce à la social TV, nos téléspectateurs deviennent nos marketeurs!», s’enthousiasmait quant à elle Frances Berwick, présidente de Bravo et Oxygen Media, lors d’une «keynote» le 7 octobre. Une aubaine, à l’heure de la crise des médias et de la fragmentation des audiences. Dès lors, comment river les téléspectateurs à leur second écran?

«On constate une événementialisation des formats», remarque Caroline Servy, directrice opérationnelle de The Wit. Quitte à aller jusqu’à flatter les plus bas instincts… Ainsi, en Grande-Bretagne, Sex Box, diffusée sur Channel 4, enferme des couples dans une boîte afin qu’ils puissent, comme le nom de l’émission l’indique, donner libre cours à leurs pulsions. A la sortie de la boîte, ils livrent une évaluation de ce doux moment… Classe.

«De la pure provocation, qui entraîne, de fait, les commentaires sur les réseaux sociaux», résume Caroline Servy.

Mise en abyme

S’il était encore besoin d’une preuve que la social TV n’est plus qu'un rituel anecdotique pour ados qui s’ennuient, le programme Gogglebox (qui signifie lucarne en anglais), toujours sur Channel 4, va jusqu’à filmer, dans leur salon, des personnes devant la «téloche». «Les moments de stress liés à des "talent shows" alternent avec des réactions comiques devant des événements sportifs, ou des instants d’émotion, comme devant le mariage royal», raconte Caroline Servy. Belle mise en abyme. De là à trouver cela passionnant…

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