A l'occasion de la 3e édition des Rencontres Radio 2.0, une table ronde était organisée sur le thème «Radio augmentée et second écran». Des représentants des grandes stations et des créateurs d'outils Web étaient invités à débattre sur l'enrichissement des contenus radio «sur toutes les plates-formes, sur tous les écrans».

Mis à part RTL, qui a inauguré début une octobre une version rénovée de son site Web pour se lancer dans la «social radio», les sites Web des radios font encore peu de place à l'interactivité, à l'enrichissement en direct et au second écran. Les stations prennent peu à peu conscience de ce retard: Europe 1 renforce son dispositif numérique en lançant début 2014 une nouvelle application.

Si les sites des quotidiens nationaux comme Le Monde ou Le Figaro dépassent les 8 millions de visiteurs uniques mensuels, celui de la première radio de France, RTL.fr, en rassemble 2,5 millions. Comment expliquer ce décalage? «On peut considérer que le Web a cannibalisé la presse», répond Thomas Karolak, directeur éditorial du Web de RTL, pour qui ces chiffres s'expliquent par un «traitement du digital très différent entre presse et radio».

Joël Ronez, directeur des nouveaux médias chez Radio France, avance un autre argument: «La première grosse poussée de croissance d'Internet s'est faite par l'écrit, la presse écrite était donc en première ligne. La deuxième révolution a été la vidéo, et la radio n'en produisait pas non plus. Aujourd'hui, c'est à notre tour, et nous serons mieux positionnés pour la suite», promet-il. En somme, parfaitement adaptés à l'ère de la conversation et du partage d'informations.

La vidéo prime sur le son

Selon Marc-Antoine Durant, de Bobler, une plate-forme Web qui permet à tous ses utilisateurs de poster des sons géolocalisés, «la radio est le format le plus adapté à la mobilité» car facile à mêler à une autre activité.

La généralisation des smartphones devrait donc amener les sites et applications des radios à devenir de véritables seconds écrans, complémentaires des programmes de l'antenne. Pour preuve, Europe 1 attire aujourd'hui 770 000 mobinautes par jour.

En outre, les radios ont largement développé la vidéo. Europe 1 en propose ainsi quatorze heures par jour et RFI six. Joël Ronez de Radio France l'assure: «Lorsque l'internaute a le choix entre une vidéo et le même contenu en son, il clique sur la vidéo dans 90% des cas.»

Mais le développement de la radio filmée semble atteindre ses limites. «Tout l'enjeu et de répondre à l'ensemble des usages, tente de résumer Thomas Karolak, de RTL. Nous devons proposer par paliers de la vidéo, puis du social en intégrant les flux des réseaux sociaux et de l'interactivité en direct, et enfin des contenus plus officiels et propres au Web.»

La radio aux prémices du social Web

Selon lui, la radio n'en est qu'aux «prémices en termes de social». Jean-Noël Buisson, d'Europe 1, revendique une longueur d'avance: «Avec une émission comme Des Clics et des claques, cela fait plusieurs années que l'interactivité est un enjeu que l'on peut exploiter. Nous avons été les premiers à instaurer des hashtags officiels

Pour Joël Ronez, de Radio France, l'interactivité remonte à bien plus longtemps: «Il n'y a aucune nouveauté en soi. La radio a toujours utilisé la dernière technologie d'interaction, souvenez-vous de l'émission Le Téléphone sonne! La social radio est un pléonasme

«Il y a toutefois une différence, se permet de relever Steny Solitude, fondateur de Perfect Memory, qui agrège des contenus radio pour améliorer leur visibilité. Contrairement aux appels téléphoniques, les tweets et les commentaires des auditeurs laissent des traces. Nous pouvons donc en faire des statistiques et capitaliser.» 

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