Médiamétrie organisait ce mardi 22 octobre une table ronde réunissant de grands acteurs de la télévision et de la VOD. Ils étaient invités à discuter les résultats d'une étude réalisée en septembre 2013 sur la consommation de films par différents canaux. Si le cinéma reste roi, il apparaît que les services de VOD et de replay séduisent de plus en plus, freinés par une chronologie des médias contraignante.

A l'heure où chacun a accès depuis son salon à des milliers de films grâce à Internet, aux offres de replay, de VOD et de SVOD, l'écran de cinéma serait-il dépassé? Non, répond Médiamétrie, qui a mené une enquête sur la consommation de films de cinéma en septembre 2013.

Après la télévision, la salle de cinéma reste l'endroit privilégié des Français pour regarder un film, avec 204 millions d'entrées par an en 2012. Malgré le prix du ticket, les cinémas ont même attiré 20% de personnes de plus cette année-là qu'en 2011. C'est d'abord le confort qui attire les spectateurs: pour 63,4% d'entre eux, la qualité visuelle, sonore et physique est l'une des raisons de se déplacer dans les salles. L'envie de s'évader de la réalité, elle, motive 40% des répondants.

Près de 5 films en VOD par an

Cette bonne santé des salles de cinéma va de pair avec une consommation croissante de films à la maison, les Français se laissant aussi séduire par le confort... de leur canapé.

«Face à la multiplication des canaux possibles pour regarder un film, le public a modifié ses comportements», constate Jamila Yahia-Messaoud, directrice cinéma et comportement médias chez Médiamétrie.

Les cinéphiles ne se contentent plus d'attendre le film du dimanche soir à la télé: 120 millions de DVD ont été vendus en 2012 et 13 millions de personnes consomment des films en VOD, au rythme de 4,9 par an en moyenne.

Le canal qui connaît la plus forte progression est le replay, proposé par quasiment toutes les chaînes via la télévision connectée, et le cinéma représente 10% des programmes consommés en différé. A titre d'exemple, le film d'animation Moi, moche et méchant, diffusé en inédit sur TF1 le 24 février, a battu le record du nombre de vues en différé avec 819 000 téléspectateurs sur le replay en sept jours.

La chronologie des médias dépassée?

«La télévision de rattrapage commence sérieusement à concurrencer le payant, signale Bernard Tani, directeur TV et VOD chez Orange. Et c'est un problème car elle n'a pas de modèle économique: les opérateurs, en investissant des sommes considérables dans les box, ont créé ce marché, mais les recettes publicitaires reviennent aux chaînes

Pour contrer cette concurrence et celle du piratage, qui a augmenté de 75% au premier semestre 2013 selon Bernard Tani, les fournisseurs de VOD demandent que la chronologie des médias soit assouplie.

«Nous aimerions agir au cas par cas et pouvoir exceptionnellement faire une sortie anticipée, voire simultanée, sur le modèle de Netflix aux Etats-Unis, explique Bruno Delecour, président de Filmo TV, pour qui les délais entre la sortie en salles et la diffusion du film sur d'autres supports sont «incompréhensibles par le téléspectateur» et encouragent le téléchargement illégal.

Plusieurs expériences ont en effet montré qu'une diffusion simultanée ou anticipée à la télévision peuvent encourager les entrées au cinéma. Tel a été le cas pour Home de Yann Arthus-Bertrand ou pour La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld, qui a réuni 2 millions de téléspectateurs devant Arte avant de réaliser 150 000 entrées en salles.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.