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Le secteur des pure-player locaux déplore déjà plusieurs disparitions. Quelques « têtes brûlées » continuent toutefois de croire à ce modèle, en quête d'investisseurs.

Un pure-player local fera son apparition en janvier: Rue 89 Bordeaux. En partenariat avec Rue 89 mais indépendant financièrement, ce site d'information souhaite se faire une place en misant sur l'investigation et les témoignages. Un lancement alors que le pionnier du genre, Dijonscope, a fait faillite il y a six mois, que Grand Rouen et Rue 89 Lyon ont fêté leur deux ans d'existence en perdant de l'argent et sans investisseurs pour se renflouer, et que Carré D'info, à Toulouse, est en train de déposer le bilan...

Rue89Bordeaux est-il alors voué à l'échec? «Je comprends leur enthousiasme, on est passé par là, mais le modèle n'est vraiment pas évident, répond Xavier Hulu, co-fondateur de Carré D'info, des structures comme les nôtres n'ont pas assez de visibilité à long terme et aucun investisseur ne veut prendre un tel risque.»

Certains survivent vaille que vaille. Grand Rouen, fondé il y a deux ans, est sur la brèche financièrement mais réussit, grâce à des formations et des e-publications, à survivre mois après mois. «J'avance dans la certitude de l'incertitude», sourit Sébastien Bailly. Cette «tête brulée», comme il se qualifie, a lancé son site avec ses propres deniers et des investisseurs «de la famille». Aujourd'hui, le site réunit environ 6000 visiteurs uniques par jour. Rue89Lyon s'est lui constitué en SCOP, s'apprête à lancer une application et envisage de sortir un journal papier avant les municipales.

Un modèle rentable est-il possible?

Ces sites sont nés d'un même élan, en 2011. Beaucoup voyaient alors dans les pure-players locaux une perspective de développement pour la presse. Quelques années plus tard, même le Dijonscope flanche. Le site souffre de son passage en payant et dépose le bilan en mai 2013. Ses journalistes ont lancé il y a six mois un nouveau site, associatif cette fois, Le Miroir. «Nous allons élargir notre audience à toute la Bourgogne, miser sur le data et le multimédia et compter sur le financement par la publicité», assure Jérémy Corand, rédacteur en chef du Miroir, convaincu qu'un modèle rentable est possible.

Le site d'info marseillais, Marsactu, leur donne espoir. Il vient d'être recapitalisé par le patron de Free, Xavier Niel, et cinq business angels locaux, le valorisant à 710 000 euros. Né en 2010, le pure-player embauche huit salariés, enregistre 200 000 visiteurs uniques par mois, et a vu son chiffre d'affaires multiplié par trois cette année. Il n'est pas encore rentable mais réduit ses pertes chaque année. L'intégralité de ses recettes provient de la publicité, grâce à un bandeau sur la page d'accueil ou au sponsoring de vidéos.

«Nous avons la chance d'être dans une ville très vivante, en pleine mutation et où il y a peu de diversité dans les médias. L'arrivée de Bernard Tapie à la tête de la Provence a d'ailleurs encore prouvé que la ville a besoin d'une information indépendante», assure Pierre Boucaud, qui vise l'équilibre à la fin 2014. Les projets? Des applications, une newsletter économique, de la vidéo plus abondante et l'international: «On réfléchit à développer des équivalents de Marsactu autour de la méditerranée, en Algérie et en Tunisie», avance Pierre Boucaud.

 

 

Encadré

 

Dix sites locaux pour La Tribune

 

L'information économique locale rapporte, selon La Tribune qui s'apprête à lancer 10 sites consacrés à l'information économique dans les 10 plus grandes villes de France, à commencer par Lyon dès janvier. La PQR a perdu beaucoup de terrain sur l'économie. Hors, 70% du PIB français est fait hors de Paris», analyse Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune ,« c'est dans les régions que l'on a nos lecteurs » assure-t-il. Chaque bureau sera composé d'une dizaine de personnes, dont environ quatre journalistes (salariés ou pigistes).

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