Numérique
Cinq ans après avoir créé Studio Bagel, racheté par le groupe Canal en 2014, Lorenzo Benedetti se voit comme un ambassadeur de la génération YouTube dans les médias traditionnels.

Son dernier bébé a des airs d’ovni audiovisuel. Chaque épisode d'une dizaine de minutes de la nouvelle série Calls, produite par le patron de Studio Bagel et diffusée sur Canal+ Décalé, plonge le spectateur dans un récit sonore qui laisse présager un dénouement tragique. À l’appui, un enregistrement audio diffusé brut, sans voix off ni véritables images. « Calls s’inscrit dans la stratégie du groupe Canal de repérer des talents et de les rendre visibles sur ses antennes, mais aussi de renouveler les écritures », explique Lorenzo Benedetti, créateur en 2012 du réseau de chaînes YouTube Studio Bagel, racheté par Canal+ deux ans plus tard et dont il est aujourd’hui le directeur de la création originale digitale.

Papa de youtubeurs

Cette série sonore, Lorenzo Benedetti la doit d’abord à Timothée Hochet, l’un de ses auteurs, dont il a repéré le travail sur YouTube et notamment l'expérience auditive baptisée Calls. « Je l’ai aidé à accoucher d’une collection », se souvient le patron de 37 ans, barbe de trois jours bien taillée, père de deux enfants mais qui s’amuse d’en avoir bien plus « car les talents me sollicitent en permanence ». Parmi les youtubeurs qu’il a contribué à faire émerger, Monsieur Poulpe, Kevin Razy, Paul Taylor ou encore Jordi et Martin, depuis passés, sinon sur grand écran, au moins dans la petite lucarne des chaînes du groupe Canal. « C’est une erreur de penser que ces talents-là doivent être cantonnés au web : mon travail de producteur me conduit à réfléchir à une chaîne de valeur qui dépasse largement le seul digital. C’est la première fois que l’on confond une génération avec un média », s’emporte-t-il.

Selon Guillaume Lacroix, cofondateur de Studio Bagel et aujourd’hui de Brut« Lorenzo est un accélérateur de talents. Il a une très bonne capacité à repérer quelqu’un, comprendre sa viralité, pour lui donner ensuite accès à des moyens et lui faire rencontrer les bonnes personnes ». Pur produit des grandes écoles françaises (la Sorbonne, Sciences Po), fils de chercheurs au CNRS, Lorenzo Benedetti n’a pas toujours connu l’ambiance start-up propre aux médias digitaux qu’il tente aujourd’hui d’insuffler à Canal. « J’ai fait 80 % de ma carrière dans la télé traditionnelle. Avec Studio Bagel, nous voulions appliquer les méthodes de la production traditionnelle à ce monde du digital qui ne demandait qu’à se structurer », se rappelle celui qui est passé notamment par la société de production de Nagui, Air Productions, et par Telfrance. Aujourd’hui, il entend réconcilier les deux mondes : « ça me plait d’être l’ambassadeur de cette génération dans les médias traditionnels ».

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