Réseaux sociaux
Plateforme digitale de l’année et Grand Prix, la chaîne YouTube de Cyprien s’est vue dresser des lauriers par le jury du Grand Prix Stratégies Media Changers Awards 2018 grâce à l’intégration harmonieuse des marques et de leurs codes dans les réalisations du youtubeur. Une bonne affaire pour tout le monde…

Plus de 3 millions de vues en moyenne par vidéo, 11,7 millions d’abonnés, deux milliards de vues cumulées… Parmi les youtubeurs, Cyprien est un phénomène. Premier à avoir rassemblé plus de 10 millions d’abonnés, il brûle tous les chronos du haut débit. Sa chaîne, créée en 2007, est aujourd’hui la plus regardée des chaînes YouTube françaises. Et le succès ne se dément pas. « Encore 45 millions de vues en juillet », s’enthousiasme Thierry Boyer, directeur général de Talent Web, en charge de la régie publicitaire de leur chaîne. Autant de bénéfices pour les annonceurs, nouveaux compagnons des youtubeurs. Un mouvement d’intégration des marques dans les contenus qui s’est accéléré avec le rachat en septembre 2015 de Talent Web et sa maison mère Mixicom par Webedia, filiale du groupe Fimalac (qui détient entre autres Allociné, Jeuxvideo.com, Easyvoyage, Puremedias). « Talent Web, c’est plus de 4 000 chaînes YouTube, 1,2 milliard de vues par mois et 200 millions d’abonnés rien qu’en France », rappelle Thierry Boyer pour donner une idée de la force de frappe.

« Porte-parole intergénérationnel »
La société a été rachetée 25 millions d’euros (75 millions d’euros au total pour Mixicom) selon les informations de BFM. Talent Web compte dans son écurie, outre Cyprien (qui aurait touché 6,6 millions d’euros dans cette vente selon nos confrères), les youtubeurs Norman et Squeezie, Hugo Tout Seul, Natoo ou encore Jhon Rachid. « Nous sommes le Jamel Comedy Club du web », s’amuse Thierry Boyer. Sans compter une ribambelle de « talents » internationaux comme l'Espagnol El Rubius, détenteur du meilleur tweet 2016 et recordman du monde d’audience sur un live stream avec 1,1 million de vues sur le jeu vidéo Fortnite le mois dernier. « Nous avons le Top ten des influenceurs », souligne Thierry Boyer. Influenceurs ou youtubeurs ? « Youtubeurs, influenceurs, la frontière est très mince, juge-t-il. Ce sont des porte-paroles intergénérationnels. » Des stars de youtube à l’audience grandissante qui représentent un alléchant gâteau pour les marques. Celles-ci sont intégrées dans les contenus de différentes façons. En pré-roll avant les vidéos, et surtout en sponsoring et brand content, à l’occasion de sorties de films, de jeux vidéo ou de produits de grande consommation.  

Publicité acceptée
« Toutes les collaborations avec les marques se font au désidérata des talents, qui ont toujours le dernier mot », jure Thierry Boyer. Cette présence publicitaire n’a pas l’air pour l’instant de troubler les audiences. La vidéo du « plus grand cache-cache de France », par exemple, sponsorisée par les téléphones et réalisée en avril 2018 par Carlito, Maxenss, Léo et Squeezie, d’autres poulains de l’écurie Talent Web, a déjà été visionnée plus de 6 millions de fois. Mieux encore, le clip de Squeezie autour de la licence Overwatch sponsorisé par Blizzard a totalisé plus de 33 millions de vues et a été élu meilleure vidéo de l’année 2017.
Quid des placements de produits dans les vidéos? « Cela se fait de moins en moins, souligne Thierry Boyer. Les youtubeurs veulent faire du buzz, pas du bad buzz. L’association aux marques doit être d’une transparence totale. Par exemple, les contrats annuels de Cyprien se comptent sur les doigts de la main, l’année dernière il n’y avait que Fanta et Samsung et au final ces associations sont une aubaine pour tout le monde. » Une aubaine financière aussi pour les youtubeurs qui perçoivent 51% des recettes publicitaires engrangées par leurs vidéos.
Bientôt le cinéma
Pour préserver les audiences, Talent Web et Webedia veulent mettre leurs pépites dans les meilleures conditions. « Des chargés de prod, des techniciens, des marketeurs, des référenceurs… au total une centaine de personnes les entourent au quotidien », indique Thierry Boyer. Studios de tournage, caméras, équipes… Webedia leur apporte tous les moyens de production en développant une stratégie de mutualisation. Les artistes produisent notamment pour Allociné et Jeuxvideo.com et parallèlement, Fimalac et son patron Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire direct de Webedia, peut prêter des salles de spectacle pour y faire jouer les humoristes. Pour ces derniers, l’avenir promet de se dérouler aussi hors du web. En ce sens, le groupe Webedia s’est récemment allié avec Elephant, la société d’Emmanuel Chain, pour créer un label de production. Objectif : créer des programmes pour les millenials qui auront vocation à être diffusés sur les plateformes vidéo mais aussi à la télévision et au cinéma.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.